3ème séjour

Mission au Brésil

du 5 avril 1920 au 30 Janvier 1925

(3ème  séjour – année 1924-1925)

Janvier 1924

A bord de l’Aurigny

30 Janvier 1924

Nous allons entrer dans le Tage, la distance recommence et je reprends mes lointaines causeries, ma Manon chérie. Ces premières lignes ne seront pas longues, on est mal à bord pour écrire. Ne cherche sur cette carte qu’un simple mais tendre souvenir et un bulletin de santé. Moral assez cafardeux ; physique toujours éprouvé par les gencives qui me tracassent. Pas de mal de mer, et un appétit qui renaît : il y a de l’espoir, tu le vois.

A l’heure où tu dînais chez les Meyrolles, tu as peut-être entendu notre sirène signaler, à 7 heures, que nous nous éloignions du quai ; j’ai fait alors une rapide prière pour que tu n’en ressentes pas un déchirement. Très gentiment, pour m’empêcher de penser trop triste, le commissaire m’a emmené dans sa cabine prendre un apéritif avec le docteur, puis nous avons dîné tous trois ensemble, ce qui a aussitôt intrigué les gens : « Ce monsieur est certainement une grosse légume de la Compagnie ».

Dès le lendemain, le commandant me prenait à sa table. Gentils compagnons de route, mais chez lesquels je n’ai encore rien découvert de sensationnel à te dépeindre : presque tous sont des coloniaux pour Dakar. Hier, intéressante escale à Porto où j’ai été piloté par l’ancien maire de Dakar qui voyage avec nous.

Pourvu que tu n’aies pas souffert du froid en regagnant Paris ; cette première nuit a été glaciale.

Bons baisers aux enfants et affections à tout notre entourage. A toi, Manon, tendre étreinte de Ri.