L'Assomption

L'Assomption

Alors que la culture religieuse s'amenuise année après année dans nos pays de vieille chrétienté, il devient difficile de saisir la portée des grandes fêtes liturgiques. La fête de l'Assomption est logée à la même enseigne que les autres. Qui aujourd'hui peut dire en quelques mots la portée de cette fête célébrée le 15 août ?

Parmi les fêtes mariales apparaît, dès le 5e siècle, l’Annonciation au 25 mars. La fête de la Dormition ou de l’Assomption de la Vierge remonte au 6e siècle, témoin irrécusable de la croyance de l’Église sur ce point. Enfin, la Nativité de la Vierge, au 8 septembre, universellement célébrée en Orient dès le 7e siècle, ne le fut que depuis le 11e en Occident.

La fête de l’Assomption célèbre tout à la fois la mort, la résurrection glorieuse, l’entrée au ciel et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie. On dit assomption (d’un mot latin qui signifie enlever) et non ascension (monter) pour marquer que Marie fut enlevée au ciel, en corps et en âme, en vertu d’un privilège particulier. Cette fête fut célébrée à partir du Concile d’Éphèse (431) qui avait proclamé Marie Mère de Dieu. Fixée au 15 août, au commencement du 6e siècle, elle s’enrichit d’une vigile dès le début du 8e siècle. Elle a donc toujours été un jour de fête dans l’Église, surtout en France, à partir du voeu de Louis XIII, puis dans l’Église universelle, à partir de 1950, année de la proclamation du dogme de l’Assomption par le Pape Pie XII. Comme pour toutes les fêtes chrétiennes, il faut en chercher l'origine dans la vie du Christ. Si Marie est aujourd'hui honorée d'une façon toute particulière, c'est parce qu'elle a accepté d'être la Mère du Sauveur. L'humble fille de Nazareth à qui l'ange Gabriel a annoncé qu'elle serait la mère du Christ a répondu " Oui ". Marie a accueilli dans sa chair, celui qui est l'origine de toute vie. Les Évangiles sont d'une discrétion étonnante sur Marie. Il faut beaucoup d'attention pour apercevoir sa figure, car le cœur du message des Évangiles, c'est la Révélation d'un Dieu Père par son Fils Jésus. Si les Évangiles ne s'attardent pas sur Marie, celle-ci n'en est pas moins présente auprès de son Fils, comme à Cana ou bien encore au pied de la Croix. Marie est " la servante du Seigneur " comme le dit le Magnificat. Marie accompagne la vie de Jésus car elle est à sa manière une disciple. Une femme qui a su écouter la Parole de Vie et se mettre à son service.

Quand Jésus ressuscite, c'est le triomphe de la vie qui est manifesté au grand jour. La mort n'a pas pu retenir captif le Maître de la vie. Jésus n'a pas connu la corruption du tombeau. C'est notre salut, notre bonheur qui est ainsi annoncé. La mort n'a pas le dernier mot. Avec la Résurrection de Jésus, c'est l'annonce de notre propre résurrection personnelle qui est dévoilée. " Je crois en la résurrection de la chair ". L'affirmation du Credo est constitutive de notre foi chrétienne. Croire en Dieu, croire en son Fils et en sa Bonne Nouvelle, c'est croire aussi à la vie éternelle et à la résurrection des corps.

Marie est désignée comme la première des croyantes parce qu'elle a cru en la venue du Christ. La fête de l'Assomption est issue de cette " logique " de foi. L'Assomption est la célébration de l'accueil en Marie de la vie éternelle jusque dans sa chair.


Souvent, une confusion dans les mots : Ascension, Assomption. En fait, ils sont très proches. L'Ascension, où montée au Ciel de Jésus-Christ est commémorée 40 jours après Pâque, après la Résurrection. Ce jour là, le Seigneur disparaît de la vue de ses disciples : " Il n'est pas ici, il vous précède en Galilée… ". Le parcours terrestre de Jésus est achevé, mais pas de manière définitive. Il se poursuit par la présence missionnaire de ses disciples dans l'attente de son retour. Son Corps - l'Église - poursuit la mission du prophète de Jérusalem, reconnu et confessé comme Fils de Dieu.

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L'année 2000 a été riche en célébrations jubilaires. Elle a également coïncidé avec la commémoration du 150 ème anniversaire de la Congrégation des Assomptionnistes, plus exactement des Augustins de l'Assomption (A.A), leur nom officiel depuis leur fondation à Nîmes par le P. d'Alzon ( 1810-1880), dans la nuit de Noël 1845.
 
L'année 1850 correspond très précisément à leur première forme d'existence canonique puisque le P. d'Alzon et quatre compagnons, Victor Cardenne (Parisien), Henri Brun  (Lozérien, également prêtre), Etienne Pernet (Franc-Comtois) et Hippolyte Saugrain (Normand) sont enfin autorisés par l'évêque de Nîmes, Mgr Cart, après un noviciat de 5 ans, à prononcer leurs vœux publics de religion. Cérémonie toute intime et sans témoin dans la chapelle du collège nîmois de l'Assomption [d'où le nom pris de "Augustins de l'Assomption"; la fête de l'Assomption étant par ailleurs une fête mariale importante dans l'Eglise catholique, pour des vœux annuels qui sont renouvelés et dits perpétuels l'année suivante, sauf pour le Frère Victor Cardenne déjà décédé de la tuberculose à Fontainebleau, le 14 décembre 1851, ouvrant ce qu'il est convenu d'appeler l'Assomption du ciel.

Cette Congrégation d'hommes a été précédée d'une autre, d'esprit, de forme et de direction semblables, celle des Religieuses de l'Assomption, fondée à Paris, en avril 1839, par un prêtre, l'abbé Combalot et Sœur Marie-Eugénie de Jésus Milleret de Brou, déclarée bienheureuse en 1975. Les deux familles, unies par une forte parenté spirituelle qui doit tout à leurs fondateurs, seront suivies au 19ème siecle par de nouvelles créations, en 1865 les Oblates de l'Assomption qui fêtent également en l'an 2000 le centenaire de leur co-fondatrice, Marie Correnson (1842-1900) et les Petites Sœurs de l'Assomption, ces dernières fondées par le P. Pernet (1823-1899) et Antoinette Fage (>1883), enfin en 1896 les Orantes de l'Assomption.