Le Carême

Le nom carême provient de la contraction du mot latin "quadragesima", qui signifie quarantième.

Pour préparer les âmes à la célébration de la fête de Pâques, l'Église catholique, s'inspirant du jeûne du Christ dans le désert, institua une période de 40 jours de pénitence. L'observation du carême a varié selon les époques.  On devait, durant cette période, s'abstenir de jeux et de divertissements, ainsi que de toute friandise et dessert.  La viande et le vin étaient aussi des aliments interdits durant le carême, l'usage du vin fut toutefois autorisé plus tard.

Cette période débute le jour du "mercredi des Cendres" et se situe en référence à la fête des fêtes qu'est Pâques, fête qui célèbre le passage de la mort à la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, fête tellement importante qu'elle est célébrée durant cinquante jours (de là vient le mot Pentecôte), et qu'elle est précédée d'une préparation de quarante jours (d'où vient le mot Carême).

Cette préparation est un temps de cheminement spirituel de 40 jours en dehors des dimanches qui sont toujours jour de fête et de résurrection – même en temps de Carême – cheminement tout entier orienté vers Pâques, pour ceux qui se préparent à être baptisés à la veillée pascale et pour tous les fidèles. Il est marqué par le jeûne (privation), la prière et le partage (charité, solidarité), et pas seulement comme pratique à observer - d'ailleurs le plus discrètement possible (voir Matthieu 6, 5-18 "Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu… mais parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes") - mais véritable démarche spirituelle. La durée de quarante jours est d'ailleurs à mettre en relation avec les 40 jours de Jésus au désert précédant sa vie publique, eux-mêmes en relation symbolique avec les quarante ans de traversée du désert par les Hébreux avant l'entrée en Terre promise.

Au début de ce temps de Carême, par la bouche du prophète Joël, le Seigneur nous lance une invitation, qui sera notre leitmotiv jusqu’à Pâques : "Revenez à moi de tout votre cœur" -"Laissez-vous réconcilier avec Dieu", renchérit Paul dans la lettre aux Corinthiens. Et le psaume nous fournit des paroles que nous pouvons adresser à Dieu :

"Pitié pour moi, mon Dieu,
dans ton amour, selon ta grande miséricorde,
efface mon péché ".

Dans son discours des Béatitudes, Jésus encourage cette démarche de conversion qui se manifeste sous forme de prière, de jeûne et d’aumônes, mais il en appelle à la sincérité. Il ne faut pas que ces pratiques soient purement formelles mais qu’elles partent de l’intérieur, d’un cœur filial qui se tourne vers le Père du ciel.

C’est aussi l'ultime temps de préparation pour les baptêmes d'adulte, traditionnellement célébrés le jour de Pâques.

La pénitence peut être marquée par le jeûne ou l'abstinence, comme l'abstention volontaire de viande et laitage, et parfois de nos jours de dessert et de sucrerie.

En Europe, le carême a perdu beaucoup de son caractère rituel, au même titre que de nombreux événements religieux, en raison de la sécularisation de la société ; toutefois, de nombreux chrétiens tiennent encore compte du carême de façon plus personnelle.

Dans d'autres régions du monde, le carême est marqué de diverses façons : ainsi, sur certaines îles des Antilles, les discothèques n'ouvrent pas pendant le carême.

Origine

La pratique du carême remonte aux premiers siècles du christianisme. Il consistait sans doute à l'origine à jeûner pendant les quelques jours qui précédaient Pâques. Puis, la durée du carême s'étendit et c'est durant le concile de Loodicée (348 - 381  ) que fut prescrite la xérophagie, c'est-à-dire l'usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au carême.

Au VIIe siècle, le carême fut établi dans son calendrier actuel. À cette époque, le jeûne consistait à ne prendre qu'un repas quotidien et à s'abstenir de toute nourriture les jours du Vendredi et du Samedi Saints. De plus, les trois dimanches précédant le carême -- la Septuagésime, la Sexagésime et la Quinquagésime -- étaient eux-mêmes inclus dans la préparation de Pâques. Cependant, les prescriptions de jeûne se relâchèrent très vite et, dès le XIIIe siècle, le repas de midi était autorisé et complété d'une collation le soir.

De nos jours, le jeûne en tant que tel est presque complètement écarté des pratiques du carême, seuls désormais depuis 1949 en restent prescrits les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Cependant, la tradition de manger maigre - c'est-à-dire de s'abstenir de viande et de plat à base de graisse animale - le vendredi se perpétue. Plus généralement, le carême est l'occasion de s'abstenir d'être gourmand et il revient à chacun de savoir ce que cela signifie pour lui. Alors que les rites du carême tendent à tomber en désuétude, l'accent est surtout mis à présent sur le caractère spirituel du carême et le jeûne est davantage perçu comme un jeûne spirituel.

Liturgie

La couleur liturgique est le violet.

Chaque jour du Carême à une messe propre en souvenir de la période où, à Rome, on célébrait la messe quotidiennement, dans une église chaque jour différente appelée "station". Celle du mercredi des Cendres se fait à Sainte-Sabine.

L'alléluia est supprimé à la Messe, même aux messes des saints, et est remplacé par un trait, chant ayant un caractère plus pénitentiel. Le même trait est utilisé pendant tous le Carême les lundi, mercredi et vendredi.

« Seigneur, ne nous traite pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rends pas ce que méritent nos fautes.
« Seigneur, ne te souviens pas de nos fautes passées; que ta miséricorde nous prévienne plutôt, car nous sommes devenus pauvres à l’extrême.

« (on fléchi le genou) Aide-nous, Dieu notre sauveur, et pour la gloire de ton nom, Seigneur, délivre-nous, et pardonne-nous nos péchés pour la cause de ton nom.




Notre carême sera donc un temps de pénitence, de prière et de partage.


« "Ne tarde pas, dit le Seigneur, convertis-toi à Dieu, et ne diffère pas de jour en jour." Ce sont les paroles de Dieu et non les miennes ; vous ne les avez pas entendues de moi, mais moi je les entends avec vous : "Ne tarde pas, dit-il, convertis-toi au Seigneur." Mais toi tu réponds : "Cras ! Cras!" c'est-à-dire : "Demain ! Demain !". Quel croassement de corbeau ! Comme le corbeau envoyé de l'arche n'y est pas revenu et, maintenant qu'il est vieux, dit encore : "Cras ! Cras!", c’est le cri du corbeau : tête blanche et cœur noir ; "Cras ! Cras!", c'est le cri du corbeau ; le corbeau n'est pas revenu à l'arche, la colombe est revenue. Qu'il se perde donc, le croassement du corbeau, et que se fasse entendre le gémissement de la colombe. »

                                                                                                    Saint Césaire d'Arles