Couvent de la Garde

La plupart des renseignements ci-dessous est tiré des panneaux d'information trouvés sur place pour les 3/4 et pour le reste de renseignements divers glanés de çi, de là sur Internet

Du Moyen-âge à nos jours

Au XVème siècle, un ermitage situé en forêt de Hez devient une communauté de « frères mineurs » de François d’Assise

Les premières données historiques connues (début du XVe siècle) font état d’un ermitage dédié à Saint Jean-Baptiste situé au bas du vallon formé par le petit ru de la Garde. Une chapelle Saint-Antoine lui succède, puis, vers 1470, s’y installe une petite communauté formée par Raoul de Falize, gentilhomme de Montigny, suivi de quelques compagnons. Après quelques années, ils obtiennent du pape l’autorisation de fonder un couvent de l’Ordre de Saint-François.

Pierre de Bourbon, comte de Clermont, fait don d’un terrain, situé à l’intérieur de la forêt de Hez. Par une bulle datée du 17 Juillet 148, le pape Sixte IV autorise les travaux de construction des bâtiments : une chapelle avec un clocher, un cimetière, un réfectoire, jardin et autres commodités à la manière des autres maisons de cet ordre.

Monastère franciscain, mais aussi asile, prison et maison de retraite

Les Cordeliers s’installent trois ans plus tard. En 1487 le couvent prend le nom de « Notre Dame de la Garde », l’église est achevée en 1488.

Une trentaine de pensionnaires permettent aux moines d’augmenter leurs maigres revenus. Dans le courant du XVIIe siècle, une nouvelle clientèle apparaît : fils de famille et religieux indésirables, alcooliques, aliénés, enfermés ici sur « lette de cachet » signée du Roi.

Soixante-cinq de ces lettres concernant le couvent de la garde sont conservés à la bibliothèque de Clermont. Jusqu’à la révolution, le couvent est ainsi à la fois monastère, prison d’état, asile d’aliénés et maison de retraite.

Malgré la loi de 1790 fermant les établissements religieux, le dernier supérieur, Jean-Eloi Tribou, garde la direction de l’établissement afin d’assurer la subsistance des derniers aliénés et vieillards. Mais, pratiquement sans ressources et malgré son mariage en 1793 avec Marie-Josèphe-Sophie de Braine, ancienne religieuse du Prieuré de Warlville, proche de la Garde, il n’arrive plus à en assurer le fonctionnement et quittera le couvent après le décès de sa femme en 1799.
 

Dessin de l’ensemble du couvent tel qu’il existait encore au 18e siècle. On y reconnait, près du porche d’entrée, l’église et son clocher et, un peu plus en arrière, le grand bâtiment conventuel. Un cloître reliait ces deux bâtiments. A droite la petite construction le long du mur pourrait être le fournil. Ces bâtiments ont été démolis au moment de la Révolution qui fut désastreuse pour tout ce patrimoine de notre pays. Nous remarquons aussi à gauche du chemin d’accès un calvaire.

Sur les plans ci-dessus de l’ensemble du domaine, le mur d’enceinte du couvent est très visible ; il y a subi, par endroits, d’importantes dégradations

et dessine un enclos trapézoïdal d’une surface d’environ 3,6 ha, traversé dans sa partie médiane par le ru du fond de la Garde.

Sur le cours de ce ru se trouvaient 2 viviers séparés par un ponceau qui enjambait le ruisseau. Au nord du ru, on voit le tracé d’un mur de pierres d’une cinquantaine mètres, oblique en angle droit. L’absence de débris de constructions dans son voisinage immédiat nous laisse supposer qu’il s’agissait là d’un mur de soutien d’une terrasse qui dominait le vallon humide du ru.

Plus au nord, une entrée de cave en partie obstruée s’appuie sur un autre mur fait de pierres calcaires d’une longueur de 40m environ.

Ce sont des fouilles qui ont permis de découvrir les bases de fondation d’un mur ainsi qu’une partie constituée de briques enfouie sur une trentaine de centimètres de hauteur à l’ouest qui ont permis de supposer l’emplacement de l’église et des bâtiments. De même un sondage effectué dans une zone riche en morceaux de briques et de tuiles, a dégagé une structure de blocs calcaires reliés par du mortier. A proximité, une fosse certainement d’origine détritique a livré des fragments de verrerie et de céramique culinaire datée de la fin du 18e siècle, des ossements d’animaux, principalement porcs et moutons, ainsi qu’un crâne humain venant probablement d’une sépulture voisine détruite en même temps que les bâtiments.

Après son départ, Eloi Tribou s’installe avec sa fille à Clermont où il retrouve ses anciens pensionnaires et y poursuit l’accueil des miséreux et aliénés. Ses enfants et petits-enfants (Anne-Désirée se marie en 1820 avec un médecin de Beauvais, Gustave Labitte) continueront de s’occuper de cet établissement qui deviendra l’hôpital psychiatrique de Clermont, jusqu’à ce qu’il soit repris par le département en 1884.

Le couvent est donc mis en vente en 1799. Acheté une première fois, il est, après démolition de plusieurs bâtiments dont l’église et le cloître, revendu successivement en 1808, 1812, 1856. Le duc d’Aumale, héritier depuis 1830 des taillis de la forêt de Hez, le rachète en 1876 puis revend l’ensemble du domaine en 1886 au banquier Jacques Stern. Celui-ci y installe ses meutes de chasse à courre et fait restaurer le fournil afin d’y loger un gardien. Le domaine est vendu une nouvelle fois en 1903, puis divisé en plusieurs lots que l’Etat rachètera à leurs propriétaires de 1922 à 1931. Aujourd’hui, le couvent de la garde fait partie intégrante de la forêt domaniale de Hez-Froidmont.

Il semble que dès lors le site se dégrade de plus en plus

ci-dessus, à travers le porche, on aperçoit encore sur cette vieille carte un bâtiment debout, alors que ci-dessous, sur cette carte plus récente, ce ne sont déjà plus que des ruines encore en partie debout

jusqu’à devenir ce qu’il est devenu aujourd’hui et que nous avons découvert et montré lors de notre récit de promenade… désormais, mis à part le porche d’entrée, des friches et des ruines du mur d’enceinte

Les Frères Mineurs de François d’Assise

C’est François (1182 – 1226) lui-même qui appelle "Frères Mineurs" ses premiers compagnons (premier Ordre 1209), voulant ainsi marquer son idéal de fraternité, pauvreté et humilité. La communauté s’agrandit peu à peu et s’institutionnalise. François rédige une première Règle approuvée par la pape Innocent III en 1209, puis une règle définitive approuvée par Honorius III, le 29 novembre 1223.

Avec Claire d’Assise, il fonde pour les femmes le deuxième Ordre (1212), les "Pauvres Dames" ou "Clarisses", puis à la fin de sa vie, le troisième Ordre (1221), destiné aux laïcs.

Evolution et divisions au sein du premier Ordre

Le respect de la pureté des idéaux originels, en particulier la pauvreté, devient avec le développement de l’ordre, de plus en plus difficile. Au cours des siècle, des dissensions ne vont cesser de naître entre les frères, partagés entre le désir d’expansion et celui de sauvegarder l’idéal premier de François.

Dès le XIIIe siècle, le courant spirituel, attaché à la règle stricte des premiers frères se distingue, mais il sera condamné par le pape en 1322.

Tout au long des XIVe et XVe siècle, différents courants vont naître, aboutissant en 1517 à une remise en ordre du Pape qui réunit toutes les tendances en deux branches : les "Observants", majoritaires, proche de la règle originelle, et les "Conventuels" qui acceptent les assouplissements de la règle rendant possible la possession de biens matériels comme les couvents.

Mais en 1528, une nouvelle division apparait au sein des "Observants" dont une partie souhaite vivre encore plus près es idées de François : prière, pauvreté et prédication sont les priorités des "Capucins". Ils connaîtront un fort développement au cours dees XVIIe et XVIIIe siècles tandis que de nombreuses congrégations (les "Recollets" en France) voient aussi le jour parmi les Observants. En 1897 le pape Léon XIII réunit toutes les congrégations de l’Observance en une seule branche : les Frères Mineurs ou Franciscains (ces derniers se faisant aussi appeler « Cordeliers » en raison de la corde dont ils ceignent leur vêtement). Capucins et Conventuels forment les deux autres branches du premier Ordre des Frères Mineurs.

 

n.b.les clichés de cartes postales anciennes insérées dans ce texte ont tous été photographiés par mes soins sur les panneaux d'information mis en place à côté du porche d'entrée de ce site en forêt de Hez-Froidmont)