Forêt de Compiègne

 
La forêt de Compiègne est une forêt domaniale, située à 80 kms environ au Nord de Paris. Forêt de 14.500 hectares, considérée comme le 3ème massif forestier de France, elle est aussi riche en production de bois qu’elle est giboyeuse : on n’y compte pas moins de 6.600 espèces animales pour 5.600 espèces végétales.

La forêt paraît profonde et mystérieuse, elle est pourtant jalonnée de repères qu’il suffit de mieux connaitre pour mieux la parcourir.

Tout d’abord elle est divisée en parcelles de 10 à 20 hectares chacune comportant un peuplement homogène. Chacune d’entre elle est séparée de sa voisine par un chemin, un ruisseau, un talus, un fossé.

Un numéro (ou une lettre) identifie chaque parcelle. Ce numéro est située sur un arbre à chaque angle de la parcelle ; il ne faut pas les confondre avec les lotissements de coupe de bois qui sont identifiés par une plaque fixée aux coins de chaque lot indiquant l’année de vente ou d’exercice ainsi que le numéro du lot ou de l’article (EX… Art…).

A l’intérieur de la parcelle, on trouve des passages de quelques mètres de large appelés cloisonnements. Dans les jeunes peuplements, certains de ces cloisonnements un peu plus larges serviront plus tard pour l’entretien des arbres (cloisonnements sylvicoles) et au passage des engins de débardage afin de sortir les bois une fois coupés (cloisonnements d’exploitation).

Ainsi, tout promeneur muni d’une carte détaillée est-il en mesure de se repérer en forêt et, pour ne pas se perdre, il lui suffit donc
  • de bien mémoriser son point de départ et de ne pas quitter la route ou le chemin emprunté ;
  • de se munir du plan des pistes cyclables (télécharger)  de la forêt de Compiègne s'il les emprunte ;
  • de ne pas couper à travers bois si l'on se perd mais de bien rester sur les sentiers balisés ;
  • enfin, si l’on possède une carte détaillée (IGN principalement), de se repérer selon les numéros de parcelles à nos côtés.

Ceci est valable pour quasiment toutes les forêts domaniales de France.

En forêt de Compiègne, les poteaux de carrefour sont aussi très utiles. On en compte 310, tous baptisés de noms empruntés surtout à la toponymie locale, aux animaux, à la mythologie, à la vènerie, aux princes, aux officiers forestiers ; exemple : le carrefour des ruines rappelle le château de Barbe Bleue, le carrefour du dragon le combat du chevalier en armes vermeilles contre le guivre. Ces poteaux, dessinés en 1827 par Jean-Jacques Marie Huvé, architecte de Charles X, furent surmontés d’abord par deux ailes qui ornaient la boule sommitale. Au Second Empire, suite à l’égarement de l’Impératrice Eugénie, Napoléon III y fit placer, sur chacun d’eux, un trait rouge pour indiquer aux promeneurs la direction du palais de Compiègne. Ces traits rouges existent encore.

Ainsi ces poteaux ont le mérite de nous remémorer la vie passée, historique ou légendaire, de ce magnifique massif forestier forgé par les hommes.
 
On ne peut pas comprendre l’arbre sans l’homme, la forêt sans son histoire.

La répartition actuelle des essences forestières du massif de Compiègne est l’aboutissement de plusieurs années de gestion (coupes et plantations) pour la satisfaction des besoins de la société tout au long de l’histoire.

Le chêne a été largement utilisé pour sa production de glands et la qualité de son bois aux dépends du hêtre moins apprécié. En forêt de Compiègne, Les chênes pédonculés et rouvres couvrent actuellement 31% de la surface boisée contre 40% pour le hêtre. Sans l’intervention de l’homme, le chêne occuperait un espace beaucoup plus réduit compte tenu de la nature des sols.

Les chênaies pédonculées sont installées sur des sols frais (limons, argiles ou tourbes), riches en éléments minéraux, souvent en bas de pente, alors que les chênaies sessiliflores, plus tolérantes s’adaptent aux sols plus pauvres et secs des hauts de pente et aux sols plus asphyxiants l’hiver. La longévité du chêne pédonculé est de l’ordre de 200 ans contre 400 pour les sessiles.

Plantation de chênes pédonculés : la régénération naturelle est difficile sous notre climat soumis très souvent aux gelées tardives de printemps qui détruisent les fleurs. Les bonnes glandées n’ont lieu que tous les 5 ou 10 ans. Il faut dnoc introduire artificiellement le chêne par des plantations. Il s’agit ici d’un perchis de chênes pédonculés enrichi de quelques chênes rouvres, issu d’une plantation réalisée en janvier 1976 et dégagée pendant une dizaine d’années. La première coupe d’éclaircie a été marquée à 30 ans (en 2004). Les sujets mal conformés seront extraits afin de privilégier les arbres d’avenir. D’autres coupes d’éclaircies interviendront, espacées de 4, 6, 8 ou 10 ans, au fur et à mesure de la croissance des bois. Le peuplement sera renouvelé vers 180 ans.

Les arbres situés en haut de la pente seront plus vigoureux car ils bénéficient de meilleures conditions stationnelles (sol plus riche en éléments minéraux).

Bien que d’origine artificielle, l’ensemble de ces chênaies constituent un biotype privilégié pour certains arbrisseaux menacés en France ou en Europe.

Un grand nombre d’arbres remarquables y sont répertoriés dont un if, l’if de Saint Pierre en Chastres, considéré comme le plus vieil arbre de la forêt avec ses plus de 900 ans et un chêne, le chêne Saint-Jean, le plus majestueux avec ses 2,5 m de diamètre.

C’est à ces arbres remarquables que nous allons nous intéresser. La longévité des arbres leur permet en effet d’être les témoins de l’histoire humaine, ils nous fascinent par la mémoire qu’ils portent en eux. Il est important à ce titre de les respecter et de les protéger. Ces arbres remarquable renferment des espèces très rares et protégées (insectes, mousses) ; c’est pourquoi il y a lieu de les conserver et que toute déclaration concernant leur avenir doit être mesurée.

Nous nous permettrons aussi parfois quelques commentaires sur leur environnement.

Le hêtre pyramidal

Ce hêtre est assez difficile à trouver car fort peu dégagé et non indiqué sur place... Il ne fait l'objet d'aucun panneau explicatif contrairement à la plupart de ses congénères que nous verrons ici. Il est situé près du carrefour de l'Ortille au début du circuit pédestre des Beaux-Monts

Le cèdre « Marie-Louise »

(parcelle 1232)
 
Il s’agit d’un "cèdre du Liban" (Cedrus libanotica), d’une hauteur de 30 mètres et d’un diamètre de 1,19 m (à 1,30 m du sol). C’est un arbre adulte, voire à maturité. D’après l’ingénieur forestier Mesnil, ce cèdre aurait été planté vers 1810, date à laquelle correspond la création de l’avenue des Beaux-Monts par Napoléon 1er. Selon la tradition d'ailleurs cet arbre aurait été offert en cadeau de mariage à l'archiduchesse Marie-Louise par l'Empereur lui-même.

Les "mélèzes d’Europe" situés tout proche datent de la même époque. Ils sont plus petits, le terrain ne leur étant sans doute pas favorable en cet endroit.
Cet arbre a été examiné en Mai 2002 par un expert "Arbre-conseil de l’ONF". Il a été considéré comme : « arbre sain et solide »

L’expertise est un diagnostic que l’on réalise sur l’état sanitaire d’un arbre. Ce bilan de santé permet d’estimer la vie de l’arbre ou le risque qu’il représente pour son entourage.

Les pins greffés

(parcelle 1232)
 
Il s’agit de pins laricio de Corse greffés vers 1850 sur des pins sylvestre comme le témoigne la présence des bourrelets sur le tronc. Ils ont une hauteur variant de 28 à 30 mètres et un diamètre de 0,80 à 1,10 mètre (pris à 1,30 m du sol). Leur âge présumé est vde l’ordre de 150 ans, ils sont donc à maturité et après expertise en Mai 2002, considérés comme sains.

Selon Louis Grave, secrétaire général de la Préfecture de l’Oise en 1850, les expériences de greffes et l’introduction d’espèces exotiques étaient des pratiques courantes dans la moitié du 19ème siècle.

Le chêne du point de vue des Beaux-Monts

(parcelle 1540)
 
Il s’agit d’un chêne sessile d’une hauteur de 42 mètres pour un diamètre de 1,65 mètre (à 1,30 m du sol). Il serait âgé de 400 ans environ et, malgré son grand âge, est jugé de bonne vitalité.

C’est seulement en 2000 que cet arbre a été mis en valeur par les forestiers en raison de sa grande beauté naturelle… mais afin de le mettre en valeur et pour qu’il puisse vivre plus longtemps encore, il a fallu abattre un hêtre qui se trouvait tout à proximité.

A proximité de cet arbre se trouve le point de vue des "Beaux Monts". C'est Napoléon 1er qui ouvrit une superbe perspective sur la forêt en perçant l'avenue des "Beaux Monts". La légende nous raconte que ce travail fut accomplit en l'espace d'une seule nuit afin que "Marie-Louise" puisse, à son réveil et en ouvrant les rideaux de sa chambre, découvrir cette magnifique avenue... en réalité ces travaux se réalisèrent sur une année complète entre deux séjours de l'Empereur au château de Compiègne.

Le chêne de l’Entente

(parcelle 1560)
 
Il s’agit d’un chêne sessile, d’une hauteur de 35 mètres et d’un diamètre de 1,85 mètre (à 1,30 m du sol). Il aurait 400 ans.

Cet arbre rappelle deux évènements ; en 1902, il s’appelait le "Chêne de la Tsarine" en souvenir de la visite des souverains russes puis en 1919 il fut rebaptisé "Chêne de l’Entente" pour célébrer la Triple Entente (accord anglo-franco-russe de 1907)

Le chêne Couttolenc

(parcelle 1550)
 
Il s’agit ici d’un chêne sessile, d’une hauteur de 31 mètres pour un diamètre de 1,37 mètre (à 1,30 m du sol). Son page est évalué à 400 ans.

Ce chêne porte le nom d’un inspecteur des Eaux et Forêts. En effet, l’arbre remarquable n’est pas seulement un arbre d’élite que sa taille ou sa forme distingue de tous les autres. Il est aussi parfois consacré par une histoire ou reconnu comme élément du patrimoine d’une collectivité. Parfois aussi il rappelle le souvenir d’un homme, c’est le cas de ce chêne.

Arbre insolite

Dans ce même environnement, voici aussi le long du petit chemin piétonnier qui redescend des Beaux-Monts deux arbres dont l'enlacement des racines  nous a semblé intéressant à noter ici

Tous les arbres, cités ci-dessus, sont situés sur le parcours du site des Beaux-Monts


Office National des Forêts

LES BEAUTS MONTS

UN SITE A HAUTE VALEUR ECOLOGIQUE
FAUNE ET FLORE A PROTEGER

Le site des Beaux Monts comprend de très vieux chênes âgés de plus de 400 ans. On y trouve également de vieux hêtres aux dimensions imposantes. Cet ensemble de la forêt de Compiègne constitue une richesse patrimoniale et écologique hors du commun, reconnu au niveau national et européen.

Une expertise vient de montrer que plusieurs de ces arbres bordant les accès présentent certaines fragilités et constituent un réel danger.

Les chênes du village de Vieux Moulin

Le village de "Vieux Moulin" est niché au cœur de la forêt. Son charme est fortement lié aux arbres qui l’entourent. Les deux chênes qui s’y trouvent, aux dimensions et aux ports majestueux, lui confère un caractère remarquable et conforte l’ambiance forestière de ce petit village.

Le chêne était pour les Celtes et les Romains une essence symbolique, il était l’arbre qui procurait aux guerriers le bois des arcs et ses ramures fournissaient le poison dont on induisait les flèches et avec lequel on donnait la mort. Il représentait la divinité suprême, le "maître des cieux". En 1995, Brosse disait que : « c’était le plus sacré des arbres, le support du ciel, l’axe du monde ».

Le chêne du Mont Saint-Mard
(parcelle 4241)
Ce chêne situé en face de l'auberge du Mont Saint Mard, est un "chêne pédonculé" (Quertus robur), d’une hauteur totale de 26 mètres pour un diamètre de 1,40 m (à 1,30 m du sol). Son âge est évalué à 300 ans, il s’agit donc d’un arbre adulte de bonne vitalité.

Le chêne du Calvaire de Vieux Moulin

(parcelle 4241)
 
Il s’agit là aussi d’un "chêne pédonculé" (Quertus robur) d’une hauteur de 26 mètres pour un diamètre de 1,90 mètre (toujours pris à 1,30 m du sol). Il est comme son voisin (vu ci-dessus) adulte et d’une bonne vitalité.

Cet arbre possède aussi une caractéristique dit "charpentière"; il s’agit d’une branche partant du tronc et qui constitue la charpente de l’arbre.

Arbre insolite

Le chêne sous Saint-Pierre

(parcelle 5081)
 
Il s’agit d’un chêne sessile, d’une hauteur de 33 mètres pour un diamètre de 2,11 mètre (à 1,30 m du sol). Il est présumé âgé de 450 ans et serait le deuxième plus vieux chêne de cette forêt derrière le chêne de St Jean que nous verrons ci-dessous.

Examiné en Septembre 2004 il a été jugé en assez bon état pour être maintenu sur place mais, pour une plus grande sécurité et un meilleur maintien, un espace tout autour de lui a été délimité par des rondins avec recommandations aux promeneurs de ne pas s’y aventurer.

Tous ces vieux arbres, depuis si longtemps enracinés en ces lieux, nous rassurent quand à l’immuabilité et nous font rêver d’éternité.


Ce chêne se situe dans les flancs du mont de Saint Pierre de Chastres qui est l’un des points culminants de la forêt avec ses 137 m d’altitude (128, me contrediront certains !). Ce plateau calcaire fut probablement habité au départ par des druides et ce lieu est chargé d’histoire.

Chastres provient de "castra" signifiant camp fortifié. On peut en effet remarquer la présence d’un rempart de terre tout autour du site. Des vestiges plus authentiques d’un véritable rempart datant des années 950 – 850 avant Jésus-Christ (âge de Bronze) sont encore en place.

Après que Charles le Chauve ait donné cet emplacement à des moines bénédictins de Soissons, Pierre de Sorra y établit une communauté en 1308 et le premier prieuré s'installe auprès d'une source miraculeuse. L'ordre ayant été supprimé en 1771, huit moines y demeureront toutefois jusqu'à leur extinction, il en reste encore deux au moment de la Révolution et le dernier meurt en 1814.

Le domaine est alors vendu comme bien national puis aussitôt saccagé. L'acquéreur, un certain Waquant, dilapide tous les matériaux. Monsieur Léré, botaniste et pharmacien compiégnois, récupéra des lambris et des corniches vendus comme bois de chauffage ! Finalement Louis XVIII racheta l'enclos. L'actuelle route d'accès fut tracée sous Napoléon III.

La grande bâtisse que l’on peut y voir actuellement a été construite en 1664. Son décor intérieur a été malheureusement saccagé dans les années 1965-70 alors que le pavillon n'était pas occupé

Aux alentours immédiats on peut apercevoir les ruines d'une église détruite par le ci-dessus déjà cité. La petite chapelle de la Vierge édifiée par Louis d'Orléans sur le côté de l'église est un peu mieux conservée ! On peut encore voir une tourelle d'escalier.

La source coule encore, issue d'une sorte de fosse. A proximité, se dresse un if remarquable de part son âge (environ huit siècles).

Ces lieux sont dans un état peu reluisant aujourd'hui. Heureusement l’ONF occupe actuellement le site et une partie de la bâtisse est utilisée comme maison forestière, ce qui a pour mérite d'empêcher le vandalisme. Il faudrait cependant des crédits pour revaloriser ce haut lieu de l’histoire qui pourrait servir à des usages divers car la construction a encore fière allure. Les parties boisées du terrain sont sales, jonchées d'arbres abattus par la tempête et de déchets de clôtures. Les chemins sont devenus impraticables. Il s'en dégage une impression assez triste. Les sangliers sont les maîtres de ces lieux et de toute la colline, surtout à l'ouest.

Au pied de ce mont, se trouve les Etangs de Saint Pierre, étangs artificiels, propriété actuelle de l’Office National des Forêt, et exclusivement réservés à la pêche à la ligne ou au lancer. Creusés au cours du 16ème siècle par les moines Célestins, ils ne sont plus que 3 de nos jours alors que l’on en comptait jusqu’à 7, appelés alors « étangs Warin », spécialisés dans la production de poissons que les Célestins produisaient en abondance pour les périodes de maigres mais aussi pour le rouissage du chanvre cultivé dans cette région.

Le chêne de Bangor

Je n’ai pas d’indication précise sur ce chêne qui était pourtant référencé sur la carte IGN et que j’ai eu heureusement l’occasion de pouvoir photographier le 31 Octobre lors d’une prospection forestière de la forêt de Compiègne en compagnie de mon plus jeune fils, soit 3 semaines avant son… abattage.

(FR3 Picardie, édition régionale 19/20 du Mercredi 21 Novembre 2007)

Lui aussi était protégé, c’était l’un des quinze arbres remarquables de la forêt de Compiègne. Après 370 ans d’existence, le chêne de Bangor est mort hier, abattu parce que devenu trop dangereux.

Le chêne de Bangor a tiré sa révérence. Après 370 années d’existence, le vieil arbre, né sous le règne de Louis XIII, était bien fatigué.

De Louis XIV à la Seconde Guerre Mondiale, en passant par la Révolution Française, il avait tout vu, tout survécu mais c’est finalement un champignon qui l’a terrassé.

Monsieur Michel Leblanc, responsable de l’unité territorial de Compiègne, ONF : « C’est un amadouvier qui est entré par une blessure certainement et qui s’est propagé à l’intérieur. L’arbre risquait de se casser à l’endroit où le champignon s’était développé. »

En mai dernier déjà, une branche d’une tonne était tombée, devenu trop dangereux le feuillu devait être abattu mais ça ne plie pas comme ça un arbre de cette envergure.

Jean-Marc Congis, directeur de l’Office National des Forêt : « Parce qu’en général les arbres de ce type ont les coupe à 170/180 ans. Donc celui-là a fait le double du cycle normal et de ce faut il a des dimensions extraordinaires. »

1 mètre 40 de diamètre, plus de 33 mètres de hauteur, des dimensions remarquables certes mais pas évidentes pour l’élagueur.

J.B. Rome, arboriste – grimpeur – élagueur : « D’habitude on monte avec des griffes mais vu le diamètre important, vu la longueur, je vais envoyer le petit sac avec une cordelette, on étudie ça en élagage. »

Plusieurs tentatives plus tard, les branches sont tronçonnées.

Mais même à terre, le chêne de Bangor n’a pas fini de se faire remarquer. Son bois sera bientôt vendu et probablement utilisé soit en ébénisterie soit, plus noble encore, en fût pour de prochains grands crûs.

Arbre insolite

Signalons aussi cet arbre au tronc triplé et qui nous a semblé intéressant dans sa structure même s’il n’est pas officiellement reconnu. Il se trouve sur la gauche du petit sentier conduisant du village de St Jean aux Bois au chêne suivant, le chêne de St Jean.

Le chêne de St Jean

(parcelle 7111)
 
Il s’agit à nouveau d’un chêne sessile, d’une hauteur de 25 mètres pour un diamètre de 2,45 mètre (à 1,30 m du sol). Il est présumé âgé de 750 ans c’est le plus vieux chêne non seulement de la forêt de Compiègne mais il serait aussi considéré comme la plus vieil arbre des forêts de France.

Cet arbre, plus qu’à maturité, a été examiné en mai 2002 par un expert de l’ONF qui l’a classé comme « arbre présentant un risque important de rupture au niveau du bas tronc. Un périmètre de sécurité a été balisé tout autour mais reste accessible aux promeneurs à leurs risques et périls.

Ce chêne aurait été planté par les moines de l’abbaye de St Jean, au cours du règne de St Louis. Au cours de son âge, ses branches étaient régulièrement coupées pour servir de bois de chauffage. Lorsque, plus tard, ce traitement, dit en « têtard », qui lui était réservé fut abandonné ses branches se sont développés naturellement lui conférant sa forme actuelle… mais des champignons se sont attaqués aux bois et le parasitent complètement à l’heure actuelle.

En 1970, un essaim de guêpes y ayant installé leur nid, un groupe d’enfants ont allumé un feu à l’intérieur du tronc pour détruire ce nid. Ce feu a consommé une grande partie du bois déjà bien décomposé par les champignons endommageant considérablement la base du tronc. On a dû y pratiquer plus récemment une taille de branches mortes, taille qui a permis de soulager les branches fragilisées.

L’étang de Sainte Perrine

On ignore exactement qui aurait été cette Sainte Périne. C’est probablement une forme populaire du prénom de Pétronille qui est une sainte romane et dont les reliques furent sans doute déposées dans la chapelle de ce domaine, acheté en 1812 par un ancien capitaine forestier, Alexandre Calabre de Breuzé. C’est lui qui fit creuser, en 1813, l'étang attenant alimenté par le ru de la Brévière. La maison actuelle prolonge la chapelle et daterait du XVIIIème.

Ce lieu fut aussi une seigneurie, un poste forestier, une maison de retraite, une auberge de jeunesse, un rendez-vous pour les chasses présidentielles jusqu'en 1981.

Le chêne de Sainte Périne

(parcelle 2193)
 
Il s’agit d’un "chêne sessile", d’une hauteur totale de 35 mètres pour un diamètre de 2,00 m (à 1,30 m du sol). Son âge est évalué à 350 ans. Cet arbre présente plusieurs points de fragilité importante avec des risques de chutes de branches, aussi un périmètre de sécurité y a-t-il été installé.

Le chêne de l’étang de Sainte Périne

(parcelle 2193)
 
Il s’agit d’un "chêne pédonculé", d’une hauteur totale de 30 mètres pour un diamètre de 1,48 m (à 1,30 m du sol). Son âge est évalué à 300 ans. Cet arbre, contrairement à celui-ci-dessus, est considéré comme « sans graves défauts » suite à son examen par un expert de l’O.N.F pratiqué en 2004.

Les platanes de l’étang de Sainte Périne

(parcelle 2193)
 
Ces platanes, dont nous n’avons tiré que la photo ci-dessous, nous ont paru suffisamment beaux pour être signalés sur ce site.

Le chêne du puits des chasseurs

(parcelle 3450)
 
Il s’agit d’un "chêne sessile", d’une hauteur totale de 36 mètres pour un diamètre de 1,55 m (à 1,30 m du sol). Son âge est évalué à 400 ans. Cet arbre, a été jugé « sain » en 2004.

Le gros hêtre

Je n’ai pas trouvé de renseignements sur ce très joli hêtre situé en bordure de la D 98, route forestière de Soupireau conduisant au village de St Sauveur, classé cependant comme "Arbre remarquable" sur la carte IGN.

Les chênes des deux queues

Je n’ai pas trouvé plus de renseignements sur ces deux chênes, le "chêne de la Basse Queue" et le "chêne de la Haute Queue", situés en bordure de la D932 à l’entrée de la forêt dans le sens Verberie – La Croix St Ouen – Compiègne. Référencés sur la carte IGN 2511 OT, ils sont aujourd’hui envahis par le lierre et je ne pense pas qu’ils survivront encore bien longtemps. J’ai tout de même pu les photographier le 18 Février 2008 et il est bien possible que ces deux photos soient les dernières prises de ces deux arbres.



Nous voici au terme de notre étude des Arbres remarquables de la forêt de Compiègne. Par rapport aux arbres signalés par l’IGN sur sa carte 2511 OT, certains ne paraissent pas ici… ils semblent en effet qu’ils aient disparu de la circulation… car malgré nos recherches directement sur place nous n’avons pu les trouver, il s’agit des Mélèzes signalés en H3 et du chêne Mobbs en H2.

En revanche, vous trouverez dans notre étude certains arbres que sans doute vous ne retrouverez plus en forêt. Il s’agit déjà du chêne de Bangor qui a été coupé après notre visite, et d’arbres très vieux auxquels, le danger qu’ils représentent, risque de coûter la vie… tel que le chêne de St Jean ou les deux derniers chênes vus ci-dessus que le lierre risque totalement d’étouffer s’ils ne sont pas traités sous peu.


On trouve aussi dans cette forêt, outre ces magnifiques arbres remarquables deux espèces d’oiseaux qu’il nous a semblé bon de mentionner car inscrits à l’annexe II de la Convention de Berne et à l’annexe I de la Directive des oiseaux.

Il s’agit du Rouge queue à front blanc (Phoenicurus phoenicus) et du Pic noir (Dryocopus martius)

Le Rouge Queue à front blanc

Cet oiseau, appelé aussi le Rossignol des murailles est présent dans toute l’Europe à l’exception de l’Islande. Ses populations sont considérées en régression dans une vingtaine de pays et même menacées en France.

Dans ce pays, son aire de répartition est assez étendue puisqu’il niche sur tous les départements à l’exception de la Corse. Néanmoins, ces populations sont clairsemées en Bretagne, dans le Nord et sur le parcours méditerranéen. Les effectifs ont fortement déclinés dans les années 1960 – 1970 probablement du fait de la sécheresse sur les quartiers d’hivernage (Afrique occidentale) puis se sont stabilisés.

Ce passereau est un visiteur d’été qui séjourne dans notre région du mois d’avril au mois de septembre-octobre.

A la fin du 19ème siècle, il était signalé comme nicheur en assez grand nombre à l’ouest du département de la Somme. On ne le trouve qu’en forêt de Crécy en Valois d’Authie et dans la Marquenterre. Il est par contre bien représenté dans les massifs forestiers de l’Oise et de l’Aisne ainsi que dans le bocage de Thiérache et du Pays de Bray.

Il recherche des territoires riches en insectes et présentant de nombreuses cavités. Il s’installe dans les vieilles futaies riches en cavités, dans le creux des vieux arbres des haies de bocage et des murs des parcs et jardins

Pour le conserver le plus adéquat est de maintenir des arbres âgés, riches en cavités. La pose de nichoirs dans les jardins est aussi un excellent moyen pour faciliter sa reproduction et l’installation de bouquets de vieillissements devrait s’avérer très intéressante.

Le Pic Noir

Le pic noir est une espèce paléarctique sédentaire. En Europe il est absent des îles britanniques, du Portugal et de la majeure partie de l’Espagne ainsi que de l’Italie.

En France, sa répartition a complètement changé durant ces 50 et quelques dernières années. Sa nidification autrefois était seulement connue dans les montagnes alors que maintenant la répartition de l’espèce s’est étendue à l’ouest jusqu’en Normandie et en Bretagne. On ignore les causes de cette expansion. L’absence du Pic Noir dans la Gironde et les Landes restent plus que mystérieuse alors que cet oiseau pourrait trouver, dans les peuplements de pins maritimes, un milieu favorable.

Sa densité sera plus ou moins dense selon l’abondance des ressources alimentaires constituées principalement de fourmis récoltées dans les fourmilières et de coléoptères xylophages capturés dans les bois morts.

Pour nicher, le Pic Noir a besoin d’arbres mesurant au moins 45/65 cm de diamètre, dépourvus de branches sur une hauteur de 5 à 6 mètres et sans aucune plante grimpante. En Picardie, il choisit généralement un hêtre sain pour y creuser son nid, l’orifice de la loge est de forme ovale et sa profondeur d’environ 30 – 50 cm.