Forêt de Retz

 
La forêt de Retz, connue aussi sous le nom de forêt de Villers-Cotterêts, est une forêt domaniale située dans le département de l’Aisne. Avec ses 13.225 hectares, elle fait partie des plus grands domaines forestiers français avec son point culminant s’élevant à 241,30 mètre au nord-ouest.

Ses 400 carrefours répertoriés mais surtout ses 60 kilomètres de routes et 560 kilomètres de laies, ayons et chemins permettent d’en découvrir tous les trésors cachés, dont font aussi partie nos « arbres remarquables » ; citons principalement l'Allée Royale, l'étang de Malva, l'ermitage Saint-Hubert, le fleuron du circuit des Pots, la cave du Diable et les bruyères de Gondreville où l'on se croirait transporté dans une autre forêt tant la végétation y est différente du reste du massif, la pierre Clouise qui est sans doute le site le plus célèbre de cette forêt,

 la fontaine du Prince et les étangs de la Ramée où, dans la brume du soir, glisse encore l'ombre de Norah, l'ondine de la Ramée,  à la recherche de son amour perdu. Elle abrite aussi une multiple faune sauvage où se mêlent cerfs, biches, chevreuils, sangliers, faisans, lapins, lièvres et renards.

Composée principalement d’une hêtraie traitée en futaie régulière, on y trouve aussi des chênes, des charmes, des frênes, des merisiers, des érables, des bouleaux, des châtaigniers et diverses essences de résineux dans les parcelles les plus sablonneuses.

Tout au long d’un sentier de découverte, le « Parcours des Cotrets », dessiné et entretenu par l’O.N.F., vous aurez la possibilité de découvrir, grâce à des pupitres de lecture, la faune et la flore de cette forêt ainsi que son histoire, tout en vous documentant sur le métier de forestier et l'industrie du bois...

Cette forêt, riche d’histoire, a été marquée le 18 juillet 1918 par un fait de guerre ; c’est en effet d'un observatoire élevé sur l'un des points culminants de ce massif que le général Mangin dirigea l'offensive qui devait mettre fin a la Grande Guerre.

Mais son histoire démarre bien au-delà :

« Autrefois, notre pays s’appelait la Gaule et ses habitants les Gaulois », c'est du moins ce que j'ai appris dans mon premier livre d'histoire de France (!) et en ces temps lointains les forêts de Chantilly, Compiègne, Laigue et Retz formaient un seul massif forestier sous le nom de forêt des Sylvanectes. Ce n’est qu’au début du 12ème siècle qu’à force de déboisement le massif de Retz devint une unité distincte. Les comtes de Valois, résidant à Crépy, en était alors les propriétaires.

En 1214, le Valois est rattaché au domaine royal de Philippe Auguste. Dès lors l'administration de la forêt est confiée aux gouverneurs des châteaux de Villers-Cotterêts et Vivières. Les sergents du Roi, premiers agents forestiers, remplissent à la fois les fonctions de surveillance des droits d'usage, délimitation des coupes et gestions des massifs.

En 1346, Philippe VI installe le premier maître des Eaux et Forêt est installé 1346. Désormais la forêt de Retz se trouve sous l’administration de deux gardes généraux, l'un résidant à Villers-Cotterêts et l'autre Vivières. Nous sommes juste au début de la guerre de cent ans et la forêt, laissée à l'abandon, pullule de brigands et les loups, qui ne sont plus chassés, y abondent.

En 1499, François de Valois, qui par la suite deviendra le roi François 1er, reprend les choses en main. Il commence par réorganiser la forêt afin d’y assouvir sa passion : la chasse. Pour cela, il créé la capitainerie des chasses de Villers-Cotterêts, fait percer les premières laies forestières, construire le Château et capter les sources. Les voleurs sont pourchassés et les droits d'usage du bois mieux contrôlés.

En 1562, la forêt est divisée en 19 garderies, chacune sous la responsabilité d'un sergent. La canalisation de l'Ourcq voit le jour ainsi que construction de réservoirs, formant en partie les étangs de la Ramée, et d'un système de voies de flottage et d'écluses permettant d'acheminer vers Paris, les produits de la forêt.

En 1669, Pierre Lallemant se voit confier la réformation générale de ce massif ; dans sa tâche il sera secondé des Sieurs de Machaut et Marin. Par arrêté en date du 16 Novembre 1672, cette réformation qui en fixe les droits d'usage et le nouvel aménagement est homologuée par le Conseil d’Etat. Les "grands usagers", seigneuries laïques ou abbayes, peuvent faire pâturer leurs bestiaux, mener les porcs à la "glantée" ou prélever leur bois de chauffage. Les "petits usagers", les communes, se contentent des rémanents et du ramassage du bois mort. Mais le plus important reste le réaménagement de la forêt "la plus noble et la mieux plantée du royaume". Ce réaménagement réduit l'âge maximum pour la coupe des arbres, de 225 à 150 ans, achève le percement des principales laies, entreprend le pavage de nombreuses routes 

et la construction de nombreux bâtiments dont l'actuelle maison forestière de la Croix de Dampleux qui à l'origine était un relais de chevaux pour les chasseurs à courre mais aussi les maisons forestières

du Bois Hariez, maison malheureusement aujourd'hui totalement délabrée et taguée

de la Croix Moret

du Rond de la Reine

des têtes de Chavigny

cette dernière située tout près du monument Van Vollenden (gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française),

monument sur lequel on peut lire l'inscription suivante :
1877
Splendide régiment dont la valeur et l’entrain sont légendaires.
Les 18, 19 et 20 Juillet 1916, le régiment d’infanterie coloniale du Maroc, sous l’énergique commandement du Lt Colonel Modat, est parti à l’assaut avec une fougue irrésistible, refoulant l’ennemi sur une profondeur de plus de 7 kms malgré sa résistance acharnée et y capturant 825 prisonniers dont 19 officiers, 24 canons, 120 mitrailleuses et un nombreux matériel.
Mangin, officier d’une valeur et d’une vertu antiques, incarnant les plus belles et les plus solides qualités militaires et mortellement frappé au moment où, électrisant la troupe par son exemple, il enlevait une position ennemie opiniâtrement défendue, à placer au rang des Bayard et des La Tour d’Auvergne et à citer en exemple aux générations futures, ayant été l’un des plus brillants parmi les plus braves
10ème armée 28 Juillet 1918
A Van Vollenoven, capitaine au régiment d’infanterie coloniale du Maroc, à ses compagnons d’armes morts pour la Patrie 20 Juillet 1918

du Bochel

En 1789, la révolution rend à la nation ce massif forestier. Son administration en est alors confiée au directeur de l'enregistrement de Laon ; toutefois le personnel reste en place afin de préserver le patrimoine et d’étudier les revendications des riverains.

En 1801, l'inspection de Villers Cotterêts est créée avec à sa tête l'inspecteur Deviolaine qui aussitôt entreprend d'importants travaux de reboisement en diversifiant les essences : chênes et hêtres, mais aussi résineux, acacias et même platanes, micocouliers, sophoras, tulipiers, genévriers de Virginie.

En 1814, avec la chute de l’Empire, la famille d’Orléans récupérant l’ensemble de ses biens, récupère à ce titre l’ensemble du massif. L’inspecteur Deviolaine est maintenu à son poste avec la plus grande partie de son personnel. Les travaux se produisent donc avec l’intensification des plantations et la construction de maisons forestières.

En 1849, la Monarchie s'effondre et la forêt retourne à l'Etat. C’est à cette époque qu’est créé l’administration des Eaux et Forêts qui, consciente des problèmes créés durant toute cette dernière période de troubles politiques, nomme une commission chargée d'étudier les ressources et de proposer un nouvel aménagement. Dès lors de nombreux chantiers seront lancés entre 1852 et 1865 et entre autres la construction de 15 maisons forestières, dont celles du Buchet, du Rond de Chatillon et de la Montagnette (constructions entreprises par l’inspecteur Fliche), l’empierrement des routes, la délimitation du massif, la création de pépinières, de nouvelles plantations, le creusement de fossés d’assainissement dans les terrains gorgés d’eaux.

Au niveau du réaménagement, la forêt est découpée en zones ou affectations, la zone n°1 contenant les arbres les plus âgés (ceux de 120 à 150 ans), la zone n°5 les plus jeunes (ceux jusqu’à 30 ans). Deux types de coupes y seront pratiquées, d’une part des coupes dites d’amélioration destinées à conserver l'homogénéité du massif, à procurer aux arbres pendant leur croissance un espacement en rapport avec le développement de leur cime, à favoriser la propagation des essences les plus précieuses et d'autre part, des coupes de régénérations pour remplacer les vieilles futaies par de nouvelles issues de leurs semences.

Malheureusement, suite à des réductions de budgets tant en ressources qu’en personnel, ce programme ambitieux ne pourra être suivi avec rigueur et dès le début du XXème siècle le massif connait une période de déclin accentuée par les effets dévastateurs des deux guerres, à la suite desquelles une tâche considérable attend l'ingénieur principal alors en poste avec une priorité : le reboisement artificiel.

Dans ce massif, nous avons pu admirer et photographier les 30 Mars 2008, un certain nombre de ces arbres remarquables. A notre que ces arbres ont du être recensés en 1980 comme en témoigne le seul poteau descriptif que nous avons retrouvé et qui en ce temps là devait tous les signaler,

aujourd’hui pour les distinguer il semble qu’il ne reste plus que le cercle de couleur verte qui les entoure et que vous pourrez remarquer sur certaines photos ci après. Nous les noterons ici dans l’ordre de notre découverte :

Le hêtre du Malva

Le châtaignier du Malva

Il s’agit d’un châtaignier séculier d’une hauteur de 46 mètres pour une circonférence de 4,50 mètres, ce châtaignier a plus de 200 ans. Il est situé en bordure de l’étang de la Malva que vous pourrez rejoindre en suivant l’allée royale. Vous remarquerez son écorce  particulièrement tourmentée.

Le chêne de la fontaine des Gardes

D’une hauteur de 35 mètres pour une circonférence de 4,50 mètre, ce chêne est âgé de plus de 350 ans. Vous le trouverez à proximité de la maison forestière de Parade, près de la fontaine des gardes.

Hêtre insolite

Le chêne des Crapaudières

D’une hauteur de 34 mètres pour une circonférence de 5,30 mètres, ce chêne a plus de 360 ans. Ainsi dénommé car il se trouve en une zone basse et humide, chère aux crapauds.

Le hêtre des amis de la forêt- de Retz

Le chêne du Lieutenant

Nous avons poursuivi notre recherche le vendredi 16 Mai, nous étant munis d’une solide ficelle et d’un mètre afin de noter avec précision la circonférence de ces arbres, prise à hauteur de la marque verte. En effet, toutes les mesures que nous avons pu relever jusqu’à ce jour sont des données qui datent déjà de plusieurs années et sont donc erronées.

Voici la poursuite de notre quête dans l’ordre où nous avons effectuée ce nouveau jour par une belle journée bien ensoleillée :

Le hêtre de la fontaine de Gabaret

Ce hêtre est situé l’autre côté du vallon par rapport à la route D33 qui traverse la forêt, légèrement sur la hauteur mais il vous faudra suivre les layons pour y parvenir. Il a une circonférence de 3,80 m.

Le hêtre du saut du cerf

Situé près du grand carrefour du même nom sur la N2, il reste très visible de la route forestière et a une circonférence de 3,84 mètres.

Le chêne de Saint François

Situé légèrement plus loin sur la gauche de cette route forestière, il mesure 2,88 mètres de circonférence.

Le chêne de Château Fée

Situé près du carrefour du même nom, nous emprunterons au départ pour nous y rendre un chemin totalement pavé. Ce chêne a une circonférence de 2,85 mètres.

A noter que nous assisterons au carrefour de la Croix Boquet à un chargement de grumes à bord d’un container pour la Chine qui, sitôt chargé, sera transféré sur l'aéroport Charles de Gaulle me confirme le chauffeur de ce gros camion. Ces arbres serviront à fabriquer des jouets et des meubles bien français qui nous seront retournés sitôt confectionnés.

Le chêne de la Couture

Ce n’est que beaucoup plus loin, l’autre côté du village de Longpont et l’autre côté de la Vallée du Gros chêne que nous découvrirons ce chêne qui s’avèrera avec ses 4,97 mètres de circonférence notre plus gros chêne de la journée.

Le platane de St Antoine

Laissant la voiture au village de Faverolles, nous parcourrons près d’un kilomètre à pied avant de trouver ce platane (oui un platane en pleine forêt !) dans les environs de la maison forestière du Bochel. Arbre au magnifique tronc, couleur marron ocre, d’une circonférence de 3,31 mètres.

Le hêtre de Cussac

Notre journée étant bien avancée et l’orage menaçant nous reprenons la route du retour en remontant sur Villers Cotterêt que nous traverserons puis en passant par le village de Haramont, juste avant lequel nous nous arrêterons pour voir ce dernier arbre de notre journée s’élançant droit vers le ciel. C’est auprès de ce hêtre que nous trouverons la seule pancarte descriptive : en 1980, cet arbre alors âgé de 180 ans mesurait 35 mètres de hauteur, pour une circonférence de 3,14 mètres. Aujourd’hui, âgé de 208 ans, il a pris un embonpoint de 3,55 mètres augmentant sa circonférence de 41 centimètres en 28 ans.