If millénaire d'Offranville

Vous trouverez cet arbre dans le petit cimetière jouxtant l’église du village d’Offranville, en Seine Maritime, dans les environs de Dieppe.

Cet « if », d’une circonférence de 7,40 mètres à 1,30 mètre du sol pour une hauteur d’une dizaine de mètres est plus que millénaire, âge dont il était déjà estimé en 1892 par Monsieur Gadeau de Kerville, un scientifique spécialisé en botanique. En effet, sachant qu’à partir d’un certain âge, un if grossit de 2,25 millimètres par an, il en déduisit, après un savant calcul, qu’à cette date que l’arbre avait alors 1008 années d’existence.

Bien que courant dans nos régions à l’état sauvage, celui-ci fut planté par les mains de l’homme à  une époque où les croyances voulaient que ce type d’arbre absorbe les miasmes dégagées par la décomposition des corps.
C’est une espèce « dïonique », de catégorie femelle, en témoignent ses fruits rouges. En 1994, Philippe Raymond, responsable de la multiplication et des collections au Muséum d’histoire naturelle de Paris, est venu y prélever un lot de branches, un peu de terre et d’écorce du sol. En serre, les branches firent chacune une vingtaine de boutures ; certaines prirent racines et les petits ifs furent replantés dont l’une, en l’an 2000, dans le même cimetière.
Cet arbre eut beaucoup de chance car
  • en 1876, un ouragan l’endommagea sérieusement en lui enlevant une partie de sa tige principale
  • puis, en 1894, la foudre s’abattit et le détruisit partiellement ; il dut alors être élagué et recouvert d’une plaque de zinc.
  • et enfin, en décembre 1914, il fut incendié par trois enfants qui, à la sortie du catéchisme, eurent l’idée malheureuse de vouloir jouer à la messe à l’intérieur du tronc de l’arbre. Ils allumèrent des bouts de cierges chapardés dans la sacristie et, à leur grand effroi, ils virent les nombreuses radicelles de l’arbre s’enflammer… 

 

Nous ne pourrons pas non plus ne pas remarquer cette belle église en grés, pierres de Caen et de Vernon, dont la construction a débuté en 1484 pour s’achever au début du XVIIe siècle.

Dédiée à Saint-Ouen et Saint Barthélémy, elle remplaça un édifice remontant à l’époque romane.

On remarquera ici l'originalité de son clocher bâti en 1570, culminant à 45 mètres. Ce clocher est un clocher "Tors", c'est à dire torsadé..

Après bien des suppositions sur cette particularité, il semble que ce soit en 1961 que, suite à une restauration de sa flèche, la plus vraisemblable hypothèse fut donnée : en effet, ce clocher ne comporte pas de croix de Saint-André, cet assemblage de poutres qui permet de contreventer une structure empêchant ainsi tout mouvement de torsion sous l’effet des intempéries et du travail du bois.
Notons aussi la jolie petite légende qui s’y rattache : « au cours d’une noce, désireux d’admirer de plus près la beauté de la jeune mariée, le coq, perché au sommet du clocher, s’est penché, penché, penché… tant et si bien que le clocher s’est tordu. »