L'Amazone

L'Amazone

(la photo ci-contre est extraite du site de "futura sciences")

L’Amazone, Rio Aùazonas en portugais, est, avec ses 7.025 kms, le fleuve le plus long du monde. Sa longueur toutefois est discutée et varie selon les spécialistes de 6.800 à 7.025 kms, nous garderons toutefois cette dernière donnée qui est en fait la longueur totale de sa source à l’Océan Atlantique dans lequel il vient de déverser au niveau de l’équateur après avoir traversé le Pérou et le Brésil.

Né dans les Andes péruviennes au mont Nevado Miami à 5.507 m d’altitude ce n’est au départ qu’un tout petit ruisseau qui s’écoule jusqu’à la rivière Apurimac, elle même affluent de l’Ucayali qui vient rejoindre le Maranon et ne prend le nom d’Amazone qu’à partir de cet instant.

A partir de l’Ucayali, sur neviron 2.400 kms, les rives forestières sont à peine hors d’eau et sont longtemps inondées avant que le fleuve n’atteigne son niveau maximal. Les rives peu élevées sont interrompues par seulement quelques collines, puis le fleuve pénètre l’énorme forêt amazonienne, la plus grande forêt du monde revêtant une importante valeur économique par les quantités gigantesques de dioxyde de carbone qu’elle est capable d’absorber.

Ce fleuve draine une surface de 6.915.000 km², soit environ 40 % de la surface de l'Amérique du Sud. Son réseau hydrographique compte plus de 1000 cours d'eau. La quantité d’eau douce qu’il déverse dans l’océan Atlantique est de 209.000 m3  à la seconde, ce qui est énorme et représente pas moins de 18% du volume total d’eau douce déversée dans les océans du monde.

L’Amazone et ses milliers d’affluents, s’écoulent lentement à travers le paysage, la pente est tellement faible que c’est en réalité la poussée de l’eau en amont qui pousse le flux vers la mer. La ville de Manaus à 1 000 km de l’Atlantique n’est située qu’à seulement 44 m au-dessus du niveau de la mer.

Sa biodiversité est extraordinaire, la région de la forêt abrite au moins deux millions et demi d’espèces d’insectes, des dizaines de milliers de plantes et environ deux mille espèces d’oiseaux et de mammifères.

Ici aussi le réchauffement climatique pose un dramatique problème… voici ce qu’écrivait déjà Christiane Galus, dans le journal Le Monde du 21.10.05

« Depuis le début du mois d’octobre, l’Amazone, le fleuve au plus fort débit de la planète, a atteint son niveau le plus bas depuis trente-cinq ans à la station d’Iquitos (Pérou). En septembre, les forêts bolivienne et péruvienne ont été le théâtre d’incendies gigantesques, qui ont ravagé plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Au Pérou comme au Brésil, des populations entières sont coupées du reste du monde parce que les bateaux, qui sont le seul moyen de transport dans la forêt tropicale, ne peuvent plus remonter les cours d’eau.

« A tous ces faits, une seule cause : la sécheresse. Une sécheresse qui frappe d’autant plus les esprits que, dans l’imaginaire collectif, l’Amazonie est synonyme de pluies diluviennes immuables. Or c’est loin d’être le cas. Les climatologues ont ainsi découvert que la forêt amazonienne avait connu, depuis la dernière déglaciation, d’importantes perturbations climatiques dues à de très fortes anomalies du régime des pluies.

« Aussi la baisse du débit de l’Amazone n’étonne-t-elle pas les spécialistes. Certes, la sécheresse constatée aujourd’hui "est importante, mais elle n’est pas aussi élevée que celle de 1998, due au phénomène El Niño 1997-1998 et qui a provoqué de grands incendies dans la forêt amazonienne" , explique Laurence Maurice-Bourgoin, hydro géochimiste de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à Toulouse (laboratoire des mécanismes et transferts en géologie). "En 1963, une sécheresse très forte liée à El Niño s’est également produite", rappelle-t-elle.

« Le débit des eaux du fleuve Amazone est corrélé à une pluviométrie très influencée par les variations des températures de surface de l’océan Pacifique tropical et de l’océan Atlantique tropical.

« Le nord-est du bassin amazonien réagit fortement au Pacifique tropical et aux phénomènes El Niño et la Niña, tandis que le sud-ouest de la région est sous l’influence de l’Atlantique tropical nord. Or on constate actuellement que la température de surface de ces eaux océaniques dépasse la normale de 0,5 ºC à 1 0C. "Il s’agit d’une anomalie positive significative", explique Josiane Ronchail, géographe et maître de conférences à l’université Paris-VII.

« Cette valeur élevée de la température de surface de l’océan "correspond à des pressions plus basses, ce qui affaiblit les alizés et diminue le flux de la mousson en direction de l’Amazonie" , précise la géographe. Au nord, les eaux chaudes ont alimenté en énergie une série d’ouragans comme Katrina et Rita, qui feront date dans l’histoire de la météorologie américaine ; au sud, ces mêmes eaux anormalement chaudes ont empêché la mousson d’arroser le bassin amazonien...

« Les variations de la température de surface de l’Atlantique nord sont reliées à une variabilité naturelle de l’océan, à la fois décennale et pluri décennale. "Le problème actuel est peut-être dû à une mise en phase de ces différents phénomènes", avance Josiane Ronchail.

« La baisse du débit actuel de l’Amazone correspond à une tendance lourde constatée depuis 1999. Les mesures réalisées à la station brésilienne d’Obidos ¬ située sur les bords de l’Amazone à 800 km de l’Atlantique ¬ en collaboration avec des chercheurs français, dont Jean-Loup Guyot (IRD), montrent "une diminution importante du débit liquide et de la hauteur d’eau du fleuve depuis cette date". Le volume maximal des eaux roulées par le fleuve, alimenté par le rio Solimoes (qui prend sa source au Pérou), par le rio Madeira (Bolivie) et par le rio Negro, est ainsi passé de 267 000 mètres cubes par seconde en 1999 à 226 000 mètres cubes par seconde en 2003.

« Alors que la profondeur d’eau maximale de l’Amazone est de 70 mètres en période de crue à la station d’Obidos, les chercheurs ont constaté qu’elle avait baissé de 1,10 m entre 1999 et 2004. Pendant la saison "sèche", où il pleut moins, le niveau du fleuve baisse encore de 6 à 7 mètres.

« Alors même que le débit de l’Amazone diminue, la quantité des sédiments transportés s’est accrue paradoxalement entre 2000 et 2003, passant de 896 millions de tonnes/an en 2001 à 1,1 milliard de tonnes/an en 2003. Cette augmentation serait due à une érosion plus importante des affluents andins du rio Solimoes, provoquée en partie par une déforestation massive au Pérou et en Bolivie.

« L’assèchement actuel des cours d’eau pourrait aussi avoir des répercussions notables sur certaines populations animales déjà menacées. Le ministère de l’environnement brésilien s’inquiète déjà du sort de deux espèces protégées : le "boto", petit dauphin d’eau douce, et le lamantin, ce paisible mammifère marin que les autochtones ont surnommé le "poisson-bœuf" ».


A tout cela se rajoutent les conséquences de la déforestation intense de la forêt amazonienne et le problème reste entier aujourd’hui et catastrophique. C’est dans ce contexte que le WWF met en place le projet Climat pour renforcer et développer les savoirs traditionnels des communautés et les aider à s’adapter aux changements climatiques qui les menacent.