Et de cette riche et belle abbaye que reste-t-il aujourd'hui ?

Voici déjà ce qu’en écrit l’Abbé Louis Eudore Deladreux (1831 - 1888, ancien prêtre et curé dans l’Oise, qui la visita en
 

Novembre 1870

« Par une froide matinée du mois de novembre dernier (1870), profitant de l'offre bienveillante de M. Devimeux, avoué à Beauvais et propriétaire d'une partie de l'ancien domaine conventuel de Froidmont, nous y fîmes une excursion intéressée.

Nous y abordâmes comme nous pûmes, par un de ces affreux chemins effondrés dont on n’a plus l’idée au XIXe siècle, et qui certes ne fait pas honneur à l’administration vicinale de Bailleul-sur-Thérain.

La ferme de la Basse-Cour, avec son imposante grange des dimes, est parfaitement conservée, embellie même par les intelligentes réparations M. Devimeux. Les bœufs à solide échine y traînent encore la charrue et les voitures, comme au beau temps de la prospérité monastique. Les hauts murs d'enceinte, toujours debout, dans la partie appartenant à M. Devimeux du moins, semblent encore défier les injures du temps et la main des hommes. En arrivant dans cette belle exploitation agricole, un je ne sais quoi vous rappelle la vie animée des frères convers et des moines d'autrefois.

Mais si l'on passe à l'endroit où furent jadis les bâtiments réguliers du monastère, dans cette partie appartenant à M. Mercier, de Fitz-James, quelle désolation ! De l'ancienne abbaye, il ne reste pour ainsi dire plus rien. A la place de l'église, du splendide logis des hôtes, du réfectoire, du dortoir et des cloîtres, la charrue y passe et y retourne les derniers débris de cette antique gloire de nos pays et la poussière de ces saints et illustres religieux, de ces nobles chevaliers qui avaient choisi là leur sépulture, comme dans un lieu sacré où jamais la main sacrilège et dévastatrice de l'homme ne devait pénétrer.

Là, tout a l'air désolé, l'herbe y croit à peine, et les moissons y sont maigres ; quelques arbres rabougris végètent tristement au milieu des pierrailles. Un pauvre ouvrier fouillait la terre à l'endroit où s'élevait fièrement jadis le portail de l'église, pour en extraire les derniers restes des fondations. Il espérait les vendre pour en paver les chemins, et comptait là-dessus pour donner un peu de pain à sa nombreuse et trop malheureuse famille. Cela vous glaçait le cœur.

Il semble que, depuis que l'on a porté la main sur ces édifices consacrés par la piété de nos pères, la malédiction de Dieu se soit attachée à ces lieux.

Sur le côté, on voit une chétive habitation que deux pauvres familles habitent, c'est l'ancienne boulangerie. Plus loin se dressent, mais effondrées en différents endroits et à demi-remplies, de magnifiques arcades, derniers débris du pressoir et des celliers qui étaient sous la bibliothèque et les greniers. Sous ces voûtes encore imposantes, malgré leur délabrement, ouvertes à tous les vents, nous trouvâmes y bivouaquant toute une famille de mendiants déguenillés. A l'aide de quelques quartiers de pierre qu'ils avaient amoncelés, ils se garantissaient tant bien que mal contre les intempéries de l'air.

De l'ancienne demeure abbatiale un petit pavillon bien entretenu, faisant partie de la propriété de M. Devimeux, est tout ce qu'il en reste.

Ainsi naissent, grandissent, s'écroulent et disparaissent les plus grandes œuvres des hommes. Heureux quand elles peuvent, comme l'abbaye de Froidmont, subsister de longs siècles ».

                                                                                                               Louis-Eudore Deladreux
                                                                                                     (4 octobre 1831 - 28 octobre 1888)

Alors que vous pourrez trouver ou retrouver mes photos prises lors de ma dernière randonnée à travers la forêt de Hez le 2 Juin 2012, jour de mon anniversaire,  au sein de mon article "Ballade en forêt", en voici quelques autres prises lors de mon passage au Mont-César le 2 Juillet suivant et en empruntant le sentier de terre contournant la totalité du domaine en commençant par la droite, côté ferme :

Nous constatons, sur les 4 photos qui précèdent, que le mur d'enceinte côté ferme est, dans sa partie visible de la route d'accès ainsi que sur les 3/4 de l'arrière côté forêt, totalement intact sur toute sa hauteur malgré l'énormité des troncs de lierre qui le recouvre en partie. J'ai pu constater combien ce mur était magnifique et portant à lui tout seul quelque chose de grandiose de notre histoire... nos anciens, malgré leurs pauvres moyens, savaient travailler... ils y allaenit de leur peine et de leur sueur...

Par contre, les batiments de la ferme, contrairement à l'autre partie de la propriété, semblent totalement à l'abandon y compris le terrain qui les entoure. Hormis une partie qui a été mise en culture, tout n'y est plus que friches et ronciers...

Le colombier (malgré une reconstruction qui doit dater de la fin du 19 ème) et la grange de la basse-cour du 13 ème sont en bien piteux état et prêts de l'effondrement avec leur toits percés...

Une caravane traîne dans la cour devant le seul batiment légèrement retapé et qui semble encore peut-être occupé... à moins que ce ne soit un "squat" en ce lieu un peu isolé et perdu !

Ah si nos pauvres moines voyaient cela !

nous allons aussi longer le mur d'enceinte en partant sur notre droite.

Ici le mur d'enceinte, côté forêt, bien caché aux yeux d'éventuels promeneurs, n'a plus rien à voir avec ce que nous avons observé précédemment... il a été refait à la "va-vite" mais offre tout de même une protection.

Nous allons tout de même pouvoir avoir deux prises du "château", l'une prise sur le côté, l'autre sur la face arrière... Je suis cependant quelque peu déçu car je pensais qu'il restait tout de même davantage de bâtiments de ce site... il n'en demeure principalement plus qu'une grande bâtisse avec des dépendances... mais peu de choses à voir avec la magnificence de ce que ce site a dû être autrefois...

Nous terminerons tout de même en retrouvant notre grand et majestueux mur d'enceinte, à nouveau visible de la route...

Ce site étant devenu "Propriété Privée" et pour respecter la quiétude des lieux et de ses nouveaux habitants je me suis contenté de ces quelques photos, prises lors de mes deux passage. C'est ce que vous-mêmes pourriez voir si le hasard vous faisait passer en cet endroit.

Notons aussi pour terminer que cette propriété fait partie du "recensement immeubles mh" sous la référence "PA00114562".