La Grande barrière de Corail

La Grande Barrière de Corail

Située dans le Nord-est de l’Australie, le long des côtes du Queensland, la Grande Barrière de Corail est une véritable merveille de la nature, classée au patrimoine mondial en 1981. Composée d’environ 2.900 récifs plus ou moins éloignés les uns des autres et approximativement de 900 îlots s’étendant sur 350.000 m2 et 2.300 kms de longueur sur 20 de largeur,  elle représente à elle seule le plus grand ensemble des massifs coralliens du monde.
Le "corail" est un minuscule animal, un polype qui vit en colonie. Associé à une algue marine, la "zooxanthelle", famille des dinoflagellés, genre symbiodinium, qui vit en son sein dans une véritable symbiose : le corail  tire de l'algue sa nourriture et son énergie et en retour l'algue profite du dioxyde de carbone largué par le polype.

Les récifs coralliens sont des structures résistantes, construites à partir des débris de petits organismes marins. Ils sont composés en grande partie d’un bloc de calcaire provenant des squelettes et des fragments de coquilles des animaux morts ayant vécu sur le récif ; ces squelettes et coquille consolident le socle et participent à la croissance du récif.

Cet amas sert de support aux nouveaux polypes vivants. On compte environ un millier d’années pour qu'un récif s'élève d’une hauteur d’un mètre ; mais un seul individu peut croître de cette même hauteur en l’espace d’une centaine d’années. L'action conjuguée des vagues et d'autres facteurs perturbateurs va cependant modérer la croissance générale du récif. Aussi cette Grande barrière de Corail change d’aspect jour après jour, la partie émergée des récifs meurt alors que celle qui reste immergée poursuit sa progression.

Ces récifs ne peuvent cependant pas se former n’importe où. La salinité, la température, la limpidité, l’oxygénation, la luminosité de l’eau doivent y remplir en certain nombre de conditions. Ainsi la salinité doit être inférieure à 35%, même si en Mer Rouge certains coraux résistent à 40% ; la température ambiante idéale doit être comprise entre 25° et 29° sans jamais descendre en-dessous de 18° ; la limpidité est importante car d’elle dépend l’éclairage solaire indispensable aux algues nécessaires à la survie des coraux…

Cette barrière offre une richesse inouïe dans le domaine de la diversité de son monde sous-marin. On y trouve des formes de vies incroyablement diversifiées : herbes aquatiques, éponges, mollusques, poissons de toutes sortes aux innombrables couleurs éclatantes, néons, poissons clown, étoiles de mer, crustacés… plus de 400 types de coraux différents, plus de 1.500 espèces de poissons, plus de 4.000 sortes de mollusques y ont été recensés sans parler d’une importante population ailée composée principalement d’aigrettes et de pluviers ni des tortues marines et baleines des mers australes qui l’apprécient tout particulièrement pour venir y donner naissance à leurs petits et les protéger ainsi, au milieu de tous ces reliefs, des prédateurs aquatiques.

La concentration de cette diversité des espèces en fait le rendez-vous des plongeurs et lui confère en ce domaine tout particulièrement une réputation planétaire.

Elle a été aussi, et ce de tout temps, très prisé des scientifiques qui aujourd’hui s’inquiètent de plus en plus de l’avenir de cet extraordinaire écosystème très fragile.

Il y a tout d’abord les cyclones qui périodiquement viennent la frapper, on en dénombre en moyenne 4 ou 5 chaque année… ils n’ont pas, heureusement non plus qu’un effet dévastateur car, engendrant un renouveau des récifs et des espèces vivantes y séjournant, ils permettent ainsi de le remodifier régulièrement.

Autre danger plus récent, celui d’une étoile de mer, la "Couronne d’épines". Elle vient s’accrocher au corail et le dévore peu à peu. Lorsque sa concentration s’élève de trop, alors le corail va être consommé plus rapidement qu’il ne va se développer et l’inévitable se produit : la dégradation inévitable du récif. Les Australiens ont bien tenté de maîtriser ce problème mais les programmes mis en œuvre, en raison de leur coût mais aussi de leur nocivité parfois quant à l’environnement, n’ont apporté que des solutions partielles.

Le tourisme, la rentabilité économique, l’industrie, en bref tout ce que la "bêtise" humaine a bien pu inventer à son propre profit sont aussi autant de menaces pour le récif. Proche des côtes elle est directement exposée à la pollution des océans provenant des terres et des rivières, nuisant à la qualité de l’eau. Cependant il faut reconnaitre au Gouvernement australien d’avoir su prendre, depuis quelques années, des mesures sérieuses pour réglementer les produits utilisés en agriculture et en industrie et surveiller de façon très intense la manière de rejet de tout déchet renvoyé dans l’océan.

Son classement sur la liste du patrimoine mondial ainsi que sa réputation ne pourraient que lui garantir un soutien solide et un avenir serein s’il n’y avait pas en plus les effets actuels du réchauffement climatique qui constitue un grave danger : lorsque la température de l’eau augmente, les polypes coralliens expulsent les algues avec lesquelles ils vivent en symbiose totale te ce rejet provoque leur blanchissement aussitôt que l’eau atteint  31°. Le corail ne résisterait donc pas à un réchauffement sérieux de la planète et, d’après certains scientifiques la température de l’eau n’augmentait même que de 1°, ce formidable patrimoine naturel que forme la Grande Barrière de Corail pourrait disparaître au cours des cinquante prochaines années.

Le Gouvernement Australien envisage même très sérieusement d’installer des parasols géants sur les endroits les plus touchés après avoir effectué des essais positifs qui ont duré deux années consécutives.

Le GIEC, groupe d’experts à Bruxelles, concentre son expertise sous l’égide des Etats Unis. Ses derniers résultats sont très alarmants et nombreux sont les scientifiques qui se sont prononcés sur ce sujet :

Professeur Ove Hoegh-Guldberg, directeur du Centre d’études marines à l’Université du Queensland : « Nous pourrions assister à une destruction totale des coraux sur la barrière… Il est probable que nous voyions d’importantes quantités de coraux de ce récif disparaître rapidement, comme c’est déjà largement le cas dans les Caraïbes… En 2050, le blanchiment pourrait devenir annuel, si bien sûr il existe encore des coraux à blanchir. Si vous avez une attaque de blanchiment tous les 4 ou 5 ans et qu'il faille 15 ou 20 ans pour que les coraux se régénèrent, on comprendra que les coraux touchés ne récupéreront pas ».

Il note aussi que d’autres facteurs affecteront la santé des coraux, tels que les changements du niveau des mers, l'augmentation de la fréquence et de la force des tempêtes, la circulation océanique altérée, les variations des précipitations, l'érosion des littoraux et l'acidification des océans.

De même pense-t-il qu'une concentration de CO2 atmosphérique de 500ppm est la limite extrême pour les récifs coralliens : « Au delà de 500ppm, les récifs coralliens pourraient ne plus exister. La plus grande partie de l'Océan Pacifique deviendra inhospitalière aux coraux au fur et à mesure que le taux de concentration de carbonate tendra vers O »,

Il précise toutefois que : « les adaptations biologiques ne peuvent pas s'accorder au rythme élevé des changements futurs estimés. Dans le passé, l'échelle du temps s'étendait sur des milliers d'années et non des décennies », et il ajoute que, selon lui, les récifs coralliens récupéreront en terme de temps géologique, mais pas en terme de temps de vie humaine estimant par là qu'à court terme l'impact sur les récifs dégradés ou mourants sera significatif. Malgré un sombre avenir, il pense donc que les efforts de préservation et de recherche se doivent d’être soutenus :« Il y a encore beaucoup à apprendre pour comprendre ces écosystèmes afin de les préserver efficacement. La technologie, encore dans son enfance, nous offre la possibilité de modérer, certains effets néfastes du changement climatique global sur les récifs coralliens ».

Docteur Arnold Dekker du CSIRO : « Une augmentation de la fréquence des attaques de blanchiment corallien peut être considérée comme l'un des premiers effets tangibles du réchauffement global… Notre souci est que, passé le seuil de blanchiment, les récifs coralliens ne puissent être en mesure de se régénérer »

Et comme dans tout, certains scientifiques sont en désaccord, estimant quant à eux que la Grande Barrière de Corail et autres récifs coralliens  perdureront plus longtemps que ne le suggèrent les scénarios avancés par le professeur Ove Hoegh-Guldberg. Des critiques disent qu'il ne tient pas compte du niveau admis d'incertitude concernant à la fois l'impact des eaux chaudes sur les récifs coralliens et à la fois la réalité du changement climatique global. Les projections de l'IPCC ont été chaudement débattues.

Pour eux, comme les coraux fossiles recensés sont peu nombreux et disséminés, et que la finesse de datation n'est que de 400 ans, il est difficile de détecter l'impact réel de ces brusques changements sur le corail. Le corail a certainement résisté à des périodes plus chaudes et plus acides au cours de l'histoire géologique de la terre.

Alors seul l’avenir parlera mais sans doute ne serons-nous plus là pour en juger.

Prenons donc malgré tout conscience de cet état que nous même pouvons constater déjà de nos jours dans notre environnement immédiat et protégeons cette planète afin que nos enfants, petits enfants et descendance puissent continuer à y vivre comme nous nous y avons vécu.


n.b. Les deux photos illustrant ce texte  publiées sous autorisation
  • La beauté du corail de Sam and Ian
  • La Grande Barrière de Corail en Australie deNeko Fever
ont été extraites du site :  www.dinosoria.com