Le Rhin  romantique

du 25 au 29 Octobre 2005

à bord du France

de Pont Sainte Maxence à Strasbourg

Mardi 25 Octobre, je viens de tirer derrière moi le portail d’accès à la maison, l’aventure commence.

Avec Dominique, l’un tirant la valise, l’autre portant le sac à dos, nous venons de prendre la direction de la gare de Pont Sainte Maxence. Le temps n’est pas radieux mais aujourd’hui avons-nous besoin de soleil pour une grande journée de voyage !

En gare de Pont, après n’avoir pas oublié le compostage de nos deux billets pour Paris, nous grimpons à bord de notre train qui, pour une fois, n’accuse aucun retard. Le trajet est assez rapide et, 36 minutes plus tard, soit à 8 heures 47 pour être très précis, notre TER s’immobilise en gare du Nord.

Nous ne sommes guère pressés, n’ayant rendez-vous qu’à midi gare de l’Est, soit juste à deux pas. Ayant donc plus de trois longues heures devant nous, nous laissons descendre tous ces « travailleurs » pressés avant de remonter tranquillement le quai et de nous engager dans les couloirs du métro parisien.

Paris n’a pas guère changé, toujours la fièvre des matins, tous ces gens qui courent autour de nous, qui vous bousculent sans même un mot d’excuse ou qui vous croisent sans encore moins un sourire. Nous, nous ne les remarquons guère, allant notre petit bonhomme de chemin… nous sommes en vacances (certains diront que je le suis désormais en permanence !) et tout nous sourit.

Nous voici maintenant gare de l’Est et pour nous aider à patienter nous allons nous installer à une terrasse de café à l’intérieur de la gare. Nous y commandons café, chocolat et bien entendu nos sempiternels croissants, dignes petits déjeuners de voyage. Dominique s’est acheté une revue, moi le journal et nous vaquons chacun à notre lecture totalement indifférents à notre environnement immédiat.

Le temps passe ainsi sans trop que l’on s’en aperçoive… pour nous dégourdir les jambes et à tour de rôle nous allons faire les cents pas dans le hall... l’un de nous doit bien en permanence garder un œil sur nos bagages que nous ne voudrions pas voir exploser tout d’un coup… plan vigi-pirate impose.

C’est ainsi que, vers les 11 heures trente, je commence à apercevoir au milieu de la foule des voyageurs, quelques personnes aux bagages étiquetés « Croisières » se rassembler face à la voix 7, notre point de rendez-vous. Ayant rejoint Dominique, tout aussi non chalamment que nous l’avons été depuis notre départ de la maison nous nous dirigeons vers cet attroupement.

Nous sommes aussitôt accueilli par Bernard, responsable de notre transfert jusqu’à Strasbourg puis animateur (chef peut-être même !) de notre croisière.

Midi trente, nous sommes confortablement installés, voiture 6, places 13 et 14, face à la marche. 12 heures 49 très exactement, notre train s’ébranle … ah cette exactitude dans les services de la SNCF… partir à l’heure… serait-ce arriver aussi à l’heure ?

Arrivée prévue en gare de Strasbourg à 16 heures 58… Ah ! cette exactitude dans les horaires de la SNCF… Avec plus d’une heure et demi de retard notre train s’immobilise enfin en gare terminus… nous avons pour des causes inconnues subi plusieurs arrêts intempestifs et parfois de longues durées en pleine campagne…

Prenez le train et surtout… ne soyez pas stressés. Mais nous sommes, l’un et l’autre en vacances… nous sommes accompagnés, guidés, pris en main… nous n’avons pas de soucis à nous faire… laissons-nous mener et  vivre.

Aussitôt débarqués, nous montons sans tarder, toujours accompagné de Bernard, dans un bus et sans plus attendre direction le port de Strasbourg où nous attend non seulement le France mais aussi avec un peu plus d’impatience les autres membres de cette croisière car nous avons bien du retard tout de même.

Fin de journée à bord du France

Dispatching rapide de nos cabines où nous sommes conduits par le personnel de bord : une pauvre jeune-fille à l’accent étranger qui se met un point d’honneur à vouloir porter ma valise jusqu’à notre logement. Nous ne prenons guère le temps de nous installer que déjà nous sommes appelés pour le cocktail de bienvenue servi au salon et suivi de notre premier dîner qui sera essentiellement composé de la spécialité locale «Choucroute ».

Au cours de ce premier repas nous faisons connaissance des deux couples qui seront nos compagnons de table tout au long de ces prochains jours. Il s’agit bien entendu de deux couples de retraités et dès ce repas, en regardant tout autour de nous, nous nous apercevrons que Dominique sera le seul jeune passager présent à bord de ce bateau… Fort heureusement il aura pour lui toute l’équipe de bord qui, non seulement est jeune mais aussi de la gente féminine pour les neuf dixièmes. De plus, comme à son habitude, grâce à son allant, à sa serviabilité et à sa gentillesse il fera la conquête de tous et de chacun et je n’aurai qu’à m’enorgueillir de tous les compliments que l’on me fera sur lui… cela méritait d’être souligné… j’ajouterai que pour sa part il ne s’est jamais plaint de cet entourage du « troisième âge » !

La soirée se passera au salon en compagnie de l’harmonie d’Alteckendorf, orchestre typique alsacien.

Nous ne gagnerons tout de même pas trop tard notre cabine quelque peu fatigués déjà de cette première journée constituée pour sa plus grande partie de notre acheminement de Pont Sainte Maxence à Strasbourg.

C’est alors que nous sommes déjà couchés que tout doucement notre bateau quitte le port de Strasbourg, direction Mayence. Dans la nuit nous devrions traverser l’une des plus hautes écluses qui puisse exister… mais, bien que l’on se soit jurer de monter sur le pont lors de ce passage, nous ne quitterons pas la douceur de  nos couchettes lorsque nous y parviendrons et nous contenterons, dans la nuit, d’essayer d’en apercevoir l’essentiel… c'est-à-dire un grand trou noir.

Le France

Un mot sur notre bateau au nom prestigieux : « France »

Bateau pour croisière fluviale à fond plat d’une longueur de 110 mètres pour 11,40 mètres de largeur.

Ce bateau, fleuron de la flotte de CroisiEurope, renferme 77 cabines doubles, toutes équipées d’un petit sanitaire comprenant lavabo, douche et wc ;

chaque cabine possède une vaste baie vitrée (la nôtre est au fil de l’eau et nous permet d’admirer toute la vie maritime du fleuve : cygnes, canards mais aussi péniches ou autres bateaux de croisières)

et est équipée de sa télévision, sa radio diffusant à la demande et en continue : musique et informations sur la croisière, coffre, petite table bureau. Comme sur tout bateau de croisière, le hall d’accueil sur lequel débouche un magnifique escalier conduisant au premier pont (celui où nous avons notre cabine) et la boutique au centre du bateau,

un vaste salon sur l’avant et un grand restaurant sur l’arrière où nous partageons notre table avec deux autres couples de retraités.

Les repas principaux (déjeuners et dîners) sont servis à table, le petit déjeuner est présenté sous forme de buffets libres.

Le personnel, pour la majorité de nationalité hongroise, est attitré au bateau lui-même et fait partie du personnel de Croisi-Europe. Cela va du Commandant qui est un homme jeune au personnel de service en tout genre (navigation, restauration, bar, entretien).

Le commandant est le principal pilote du bateau, tâche essentielle qu’il partage cependant avec un Commandant en second ;

il est de plus secondé dans ses autres tâches par une Commissaire responsable du personnel... comme je l’ai déjà dit plus haut la plus grande majorité de ce personnel est féminin et d’une moyenne d’âge bien inférieure à la moyenne d’âge des passagers qui sont nos compagnons de voyage. A tout ce personnel sont venus s’adjoindre trois animateurs dépendant des Croisières Pleine Vie : Bernard, Lionel et xxx

Le Rhin

Un mot aussi sur notre fleuve.

C’est un fleuve rapide comme le Rhône, large comme la Loire, encaissé comme la Meuse, tortueux comme la Seine. Il est limpide et vert comme la Somme, historique comme leTibre, royale comme le Danube. Comme un fleuve d’Amérique, il se paillette d’or et se couvre de fables et de fantômes comme un fleuve d’Asie. A lui seul, le Rhin réunit tous les attraits des grands fleuves. C’est à peu près avec ces mots que Victor Hugo nous le dépeint dans « L’invitation au voyage »

Un peu de géographie : le Rhin, long de 1320 kilomètres prend sa source dans les Alpes suisses et est  issu de deux torrents : le Rhin antérieur et le Rhin postérieur. Il se dirige vers le lac de Constance, où il marque la frontière entre la suisse et l’Autriche, puis à Bâle il sépare la Suisse de l’Allemagne avant d’aller arroser Strasbourg et de s’engager dans la partie appelée joliment « la trouée historique » surplombée de châteaux et de ruines, avant de devenir très large et puissant à la frontière Néerlandaise.

C’est le type même du fleuve alpin avec ses basses eaux d’hiver et ses hautes eaux d’été. A partir de Mannheim, il reçoit, en moins de 200 kilomètres, trois affluents très importants : le Neckar, le Main et la Moselle.

Son rôle économique devient très important dès le 19ème siècle avec le transport du charbon extrait des mines de la Ruhr. Navigable à partir de Bâle, les principales marchandises transportée actuellement sont le minerai (24%), lesable et les matériaux de construction (21%), les déchets métallurgiques ;viennent ensuite les produits pétroliers puis les denrées alimentaires.L’Allemagne, les Pays-bas, la Belgique, la France et la Suisse y arborent leurs pavillons. Duisburg, Cologne, Mannheim, Karlsruhe et Ludwigshafen y sont les ports les plus actifs.

En dehors decette activité économique intense, le Rhin est aussi très accueillant aux bateaux de croisières qui viennent faire découvrir à leurs nombreux passagersl es milles charmes et beautés de ses rivages.

Un peu d’histoire : c’est à l’âge de pierre que remontent les premièrest races de la vie humaine sur les bords de ce fleuve. On y vivait alors de pêches et de cueillettes. Les Celtes, établis vers le Rhin supérieur, seront combattus par les germains venus des régions du Rhin inférieur… mais ces deux peuples nomades devront se soumettre aux envahisseurs Romains qui vont les initier à la vie sédentaire. Les Romains laissent derrière eux grand nombre de souvenirs de leur passage qui dura plusieurs siècles… ils y fondèrent entre autres les villes de  Bonn, Cologne,Coblence et Mayence.

C’est vers la fin du Moyen Age que fut créée la première Ligue des villes rhénanes pour lutter contre l’arbitraire des souverains.

Plus tard, les vielles rhénanes prirent une part très active dans la politique germanique et furent le cadre de nombreuses diètes. C’est à l’intérieur de ces villes que s’imposa en premier la réforme religieuse lancé par Luther au 16ème.La guerre de trente ans, consécutive aux divergences religieuses, sema la mort,la famine, les épidémies et la ruine sur toute l’Allemagne. La première confédération du Rhin sous direction française remonte à 1658. Elle dura 10ans.

Un siècle plus tard la Révolution française apportait de nouvelles turbulences en europe. En1792, la France déclare la guerre à la Prusse et les régions situées à gauchedu Rhin changent plusieurs fois de mains. En 1901, Bonaparte signe la paix,signature par laquelle tout le territoire situé sur la rive gauche du Rhin estattribuée aux Français. C’est sous Napoléon 1er que se formera laseconde confédération de Rhin, confédération qui déclarera son indépendance parrapport au reste du pays.

Aprèsl’abdication de Napoléon, bon nombre des régions proches de la Franceentreprirent une Révolution allemande. Les régions rhénanes y prirent fortementpart surtout les villes de Karlsruhe, Mannheim, Cologne et Düsseldorf. Après laguerre de 1866, la Prusse étend définitivement sa souveraineté sur le Rhin deWessel à Mayence.

de Strasbourg à Mayence

Mercredi 26 Octobre, nous naviguons déjà depuis un bien long moment lorsque, après nous être réveillés et faits un brin de toilette, nous parvenons au restaurant pour prendre notre petit déjeuner, il est 8 heures 28.

Après nous être copieusement restaurés, nous montons sur le pont pour admirer le paysage. Ce n’est pas la plus jolie partie de notre croisière. Nous allons cependant pouvoir admirer les villes de Spire (sa cathédrale), de Mannheim et de Wiesbaden. Malheureusement le ciel est couvert, et ni le soleil ni la chaleur ne sont au rendez-vous, aussi allons-nous nous partager notre emploi du temps entre le pont

et le salon, lieu où se déroule en fin de matinée des jeux apéritifs où Dominique brillera.

A midi tapant, nous apercevrons sur la rive bâbord les quatre grosses cheminées d’une centrale nucléaire nous rappelant que nous sommes toujours dans la partie industrielle du Rhin.

Aussi, la cloche résonant (je veux plutôt dire, nos estomacs nous rappelant à l’ordre) nous préférons gagner le restaurant afin de nous rassasier, repas que nous ferons suivre d’un café – coca servi de main de maître bien engoncés dans les canapés du salon puis d’une station sur le pont pour admirer le paysage.

Il est un peu plus de 14 heures lorsque nous arrivons en vue de Mayence, port où nous accosterons à 14 heures 17 avec quelques trois quart d’heures d’avance sur l’horaire prévu, ce qui nous vaudra devoir un peu attendre nos guides locaux.

Ne parlons pas de port le long de notre chemin… il s’agit tout simplement de « débarcadère » où nos navires peuvent tout juste accoster pour nous permettre de débarquer… et pourtant à chaque fois c’est tout un cérémonial hasardeux, à l’arrivée tout comme au départ, sous l’œil attentif du Commandant ou de son second et durant lequel nous devons libérer la passerelle, nous contentant du pont pour assister tout de même à la manœuvre qui bien souvent aussi (mis à part ce jour) attire les « badauds ».

Débarqués enfin, très rapidement nous gagnons la ville de Gutenberg.

Mayence

Capitale du land de la Rhénanie-Palatinat depuis 1949, Mayence compte environ 200.000 habitants et est depuis 5 siècles une grande ville universitaire. Elevée au confluent du Main et du Rhin, Mayence a un nom d’origine celtique : ville dorée, probablement inspiré par Mogon (dieu de la Lumière).

Elle connaît, au Moyen Age une puissance exceptionnelle alliant le pouvoir temporel au pouvoir spirituel ; sa cathédrale en est le symbole éclatant. L’archevêque Willigis (10ème siècle) était tout à la fois prince électeur et chancelier du Saint Empire Romain. A la veille de sa consécration, la cathédrale fut ravagée par un incendie et ce n’est qu’en 1036 que l’église actuelle dont le bâtiment a subi de nombreuses modifications au cours des siècles suivants, fut consacrée par l’évêque Bardo. Cette cathédrale présente des vitraux gothiques du 18ème, des monuments funéraires datant de la Renaissance alors que les stalles du chœur sont d’époque baroque.

La cathédrale

  • La cathédrale

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De son passé, Mayence n’a conservé que l’Augustinerstrasse et ses petites ruelles adjacentes au cœur desquelles on peut admirer de très belles maisons à colombages ainsi que des monuments néoclassiques.

Gutenberg, père de l’imprimerie moderne, en est l’enfant le plus célèbre du pays. Il mit au point un système de caractères mobiles en métal et établit ainsi la réputation de l’Université de cette ville qui est l’une des plus anciennes d’Allemagne.

retour à bord et soirée

Après cette très culturelle excursion, un rapide passage en cabine afin de nous changer et un fort agréable pot au bar, nous rejoignons nos compagnons de table pour un dîner antillais. Quelque peu fatigués de cette première journée, la quasi-totalité de nos passagers quitteront rapidement le salon où une soirée dansante avait été prévue et au désespoir de notre animatrice afin de regagner le calme de leur cabine. Nous nous retrouvons ainsi les derniers au salon et nous contraignons après avoir siroté un petit jus de tomate à regagner aussi nos couchettes.

La nuit sera d’autant plus calme car nous ne naviguerons pas. Quittant les rives industrielles, nous allons en effet dès notre prochain départ pénétrer désormais dans la partie encaissée et tortueuse du Rhin, cette partie que l’on appelle « Le Rhin romantique » et il serait bien dommage d’en manquer un seul, aspect.