Les deux guerres

Guerre 14/18

En 1914, au moment de la déclaration de guerre, j’avais 7 ans.

Ma maman nous emmenait mes frères et moi visiter les hôpitaux militaires où les premiers blessés arrivaient. Nous leur apportions du tabac, du chocolat, des livres, des revues.

Maman nous a recommandé de regarder leurs plaies avec le sourire et de remercier ces héros du sacrifice qu’ils faisaient pour que nous restions de bons petits français dans une belle France. Elle nous montrait que sous la laideur de leurs plaies, il y avait toute la beauté de leur sacrifice.

L'armistice

Le jour de l’Armistice du 11 Novembre 1918, ma maman en l’apprenant est venue me chercher au pensionnat et nous avons été faire une prière à l’église.

Dans cette église il y avait juste à ce moment un enterrement. Les cloches se sont mises à sonner joyeusement à la place de sonner le glas et tous les assistants s’embrassaient et sautaient presque de joie tandis que les pauvres enfants du défunt pleuraient. Nous étions un peu scandalisés.

Puis les nouvelles des uns et des autres nous parvenaient. Un de nos amis avait été tué en voulant entraîner ses soldats au combat. Il commandait un régiment de récalcitrants et lorsque l’on a ramassé son corps, son dos était criblé de balles !!!

Guerre 39/40

C’était au cours de la dernière guerre, je voulais me rendre utile. Ne pouvant m’engager dans l’armée, je suis allée trouver un médecin qui m’a déconseillé de partir comme infirmière au front trouvant qu’il y en avait déjà de trop dans leurs jambes et qu’elles les gêneraient plutôt qu’autre chose.

Alors mon frère qui était en Bretagne m’a demandé de venir à son aide, ne pouvant décemment ouvrir les portes de ses étables et écuries afin de laisser les animaux reprendre la vie sauvage. Me voici donc près de lui.

Comme alors il y avait pénurie de médecins et de vétérinaires, j’ai sorti ma trousse de PCN. Il y avait justement un bébé qui avait de l’(----------) ; selon le médecin il ne pouvait être sauvé que par des piqûres de sérum Quinton (eau de mer). Je l’ai donc pris en charge et j’ai commencé le traitement ; au début il ne pesait que très peu de livres mais après ma première série de piqûres il commença à reprendre un peu de vie. Sa mère était un peu innocente et ne lui mettait qu’un litre de côté de lui en disant : « Quand il aura soif, il boira. » Je lui ai appris à faire des biberons.

Lorsque le traitement fut terminé, je suis devenue la « piqueuse universelle » et je me suis lancée dans les piqûres aux chevaux, aux vaches, aux cochons, etc. … sans une gonflée d’orgueil. Je savais que je n’étais qu’un petit instrument pour faire de la réclame au sérum ou à tous ces produits que j’introduisais à l’intérieur de ces animaux.

Bombardement à Sisteron

Je me souviens d’un bombardement dans la ville de Sisteron (Basses Alpes) :c’était un 15 août. Nous avions été surpris car l’alerte ne fonctionnait plus,alors le maire a prévenu trop tard la population. La ville a été détruite.

Les docteurs n’étaient pas là ; du reste l’un d’eux avait été tué. Les gens valides étaient réquisitionnés pour dégager les blessés et les morts. J’étais ainsi à l’hôpital, avec le vétérinaire pour recevoir les blessés à la salle d’opération. Des hommes, pendant ce temps, creusaient des tombes dans le potager.

La propriété du Maréchal Foch

En entrant dans la propriété du Maréchal Foch, j’ai été impressionnée de revoir cette allée, tous ces arbres que la maréchal avait admirés et puis cette grande maison qu’il habitait, son bureau où une collection de livres trônait dans sa bibliothèque, livres choisis par lui, touchés par lui, que de souvenirs ! Puis, au bout d’un couloir, cet oratoire où il venait s’incliner devant le Créateur, lui qui avait su, par son génie militaire, nous conserver cette belle France.

Quel exemple ! que les jeunes générations devraient suivre et sentir alors leur grand cœur visité par un grand souvenir.