Voyage à Recife (Brésil)

du 16 au 30 novembre 2003

Ce voyage a été effectué dans le cadre d’un accord de coopération entre l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et le CNPQ (équivalent du CNRS au Brésil).

Une chercheuse brésilienne a eu l’opportunité de venir faire son DEA et sa thèse à l’Université de Brest, il y a déjà un certain temps. Depuis elle a gardé des contacts avec le milieu de la recherche brestoise et c’est ainsi que j’ai fait sa connaissance depuis mon retour au pays.

Nous avons alors décidé de coopérer et de monter un projet pour le faire financer par nos institutions respectives.

L’IRD apporte ses compétences pour aider le laboratoire de l’Université de Recife à réaliser ses recherches en sclérochronologie : étude des marques que le temps laisse sur les pièces calcifiées des poissons. L’accord de coopération comporte donc des échanges de scientifiques entre nos labos. J’ai ainsi eu la chance de voyager le 15 novembre 2003 avec un étudiant qui était venu passer 2 mois à Brest.

Mon programme : évaluer les possibilités de coopération avec le labo du Brésil avec visite du laboratoire, du terrain et rencontre avec les différents acteurs de la recherche. En général les contacts étaient réalisés en français et un peu en anglais.

L’arrivée (un samedi) a été assez pénible comme partout dans les aéroports à cause des formalités administratives après un voyage assez long et chahuté au dessus de l’Atlantique.

La directrice du labo m’attendait et m’a amené directement dans le loft que m’avait loué le gouvernement brésilien. Je me suis retrouvé ainsi dans un grand hôtel qui de loin ferait penser à un HLM : peu de surface au sol et beaucoup de hauteur. Tous les bâtiments du quartier étaient du même style ! La mer n‘était pas loin, à peine 200 mètres mais bien sûr du balcon je ne voyais que les murs façades des autres immeubles.

L’hôtel était bien gardé et sécurisé, le loft confortable avec une chambre, une cuisine, un salon salle à manger et une salle de bain, le tout sur une surface à faire rêver bien des étudiants français dans leur studio. Dans l’hôtel il y avait piscine, sauna, salle de gymnastique restaurant et boîte de nuit.

Le personnel était très sympa et parlait seulement portugais avec quand même quelques rudiments de français et d’anglais.

Le premier jour, dimanche 16 novembre,  Francisco (l’étudiant qui était passé dans mon labo) est venu me chercher pour une petite promenade sur le bord de mer. Ce fut un moment agréable. Il y avait beaucoup de monde et des baraques le long de la plage vendaient toute sorte de produits tropicaux dont des jus de fruits frais et quelques grillades. C’est incroyable le nombre de différents jus de fruits frais que l’on trouve  au Brésil : je n’ai jamais rien vu de pareil. Ici tout est frais : pas de conserve. Les fruits ou l’eau des noix de cocos sont préparés devant vous.

Le lundi je suis parti travailler. La directrice du laboratoire est venue me chercher comme elle le fera tous les jours. J’ai donc parcouru une dizaine de kilomètres dans Recife et nous sommes passés par divers quartiers. On passe ainsi vite d’une zone résidentielle à des zones de favela : pauvreté, misère et insécurité. Les gens conduisent comme des fous et ne respectent que peu le code de la route. Les routes sont assez bonnes avec quand même quelques trous. J’apprendrai plus tard que les feux ne sont pas respectés la nuit, car il est déconseillé de s’arrêter après une certaine heure.

Le laboratoire où j’ai travaillé est assez bien équipé et  il a établi des relations étroites avec l’Université toute proche. Les étudiants ont des cours à mi-temps et travaillent l’autre partie dans des labos. C’est un peu le système américain et c’est pas mal. Cela fait de la main d’oeuvre pas chère pour les labos et les étudiants sont confrontés aux problèmes de la recherche rapidement. La recherche brésilienne n’a rien à voir avec celle de l’Afrique et n’a rien à envier dans certains domaines à la France. Par contre il manque parfois de moyens d’analyse.

A midi nous avons déjeuné dans un restaurant de l’Université où on règle ses consommations au poids : on se sert au self service et on pèse son assiette. Le prix est fonction du poids quelque soit le contenu : c’est amusant et de toutes façons la vie n’est vraiment pas chère surtout avec notre euro qui bat tous les records.

Le mardi 18, je suis parti tôt (4hrs50) au nord de Recife pour voir comment il est possible d’échantillonner les pêches. Des étudiants m’ont emmené en voiture et nous avons été en des points de débarquements des pêcheurs. Nous sommes rentrés dans un petit village de pêcheurs (Igarassu et Itapissuma juste en face d’une île que je visiterai le lendemain : Itamaraca), dans des maisons et j’ai passé une très bonne journée. Les gens étaient très sympathiques et étonnés qu’un Français viennent jusqu’à chez eux et s’intéresse à leur activité. C’est vraiment une pêcherie artisanale de subsistance mais qui est importante pour le Brésil en ce sens qu’elle fixe des populations et est le départ d’un petit commerce. Je suis revenu à l’hôtel vers 19hrs30 pour me coucher. De toutes façons je ne suis jamais sorti seul le soir. Même dans mon quartier résidentiel, la nuit n’est pas sûre !

Le mercredi 19 nous avons donc été à Itamaraca, l’île citée plus haut, avec mes jeunes guides. Là encore nous avons visité une criée et échantillonné. A chaque fois l’accueil a été excellent. Avant de revenir nous avons pris un pot sur une plage au bord d’un vieux fort portugais : c’était assez idyllique avec des couleurs tropicales et que des gens sympathiques. Le soir tout le labo est sorti dans un restaurant japonais : pour 15 euros on peut se servir à volonté. C’est une formule très courante au Brésil.

Les jours suivants je suis resté au laboratoire mais le vendredi nous sommes allés en mer pour visiter les zones de pêche.Nous avons ainsi rencontré une pirogue qui relevait une senne, une autre qui relevait un filet et enfin d’autres pêcheurs qui travaillaient sur un parc à poisson tel qu’on peut en rencontrer à Tikehau (atoll de Tahiti pour ceux qui ne connaissent pas encore !). Puis nous sommes encore retournés à Itamaraca pour mettre en place des bassins d’aquaculture de façon à faciliter certaines expériences qui rentrent dans le cadre de la coopération que je mets en place avec ce laboratoire.

Avant de revenir en France j’ai eu l’occasion de visiter le village de Alinga : vieille ville portugaise tout près de Recife Elle a gardé l’architecture de l’époque portugaise dont de nombreuses églises (il y en a 22) et une prison. C’est une ville très prisée par les artistes et beaucoup de galeries peuvent être visitées. Déjà, plus d’un mois avant le festival, les gens se préparaient pour la fête. Il paraît que cela dure bien 2 mois : décoration et musique sont partout, mais attention les voleurs suivent de près. J’ai eu de la chance car ils ne m’ont pas importuné… mais quand même je ne me sentais pas toujours si libre que cela …

Autrement nous sommes aussi sortis 2 fois le soir dans des restaurants (Gauchos) où l’on sert seulement de la viande. Des serveurs passent avec des broches de morceaux de viande grillée. Vous leur faites signe et ils viennent vous servir. C’est une tradition venue de l’Argentine ou du sud du Brésil. On paie un forfait et pour les amateurs de toutes sortes de viande grillée c’est une bonne aubaine !

Voilà un petit parcours très rapide dans le Nord est du Brésil, une région assez pauvre mais un pays bien vivant et en marche, très intéressant et avec de grandes nuances : richesse et pauvreté se côtoient, se rencontrent. Normalement je dois encore y retourner en fin 2005 si tout va bien.