Prologue

"A tous les égards, les vieux arbres méritent le respect

et nous devons les conserver par tous les moyens possibles.

il faudrait que l'on mit, à côté de tous les arbres remarquables,

un écriteau portant l'interdiction d'y toucher."

Henri Gadeau de Kerville

Définition de l'arbre remarquable

Définir ce qui fait le caractère remarquable d’un arbre n’est pas une chose aisée. Les critères sont variables, multiples et subjectifs. Un "Arbre remarquable" est un arbre repéré pour diverses particularités dues à son âge (paramètre important), à sa hauteur, à sa circonférence (ces deux caractéristiques dépendant bien entendu de l’essence même de l’arbre), à son esthétique morphologique ou physionomique, à sa biologie (a-t-il un fonctionnement original ? Montre-il des particularités physiologiques ?) à son emplacement (est-il dans son milieu naturel, isolé ou intégré dans un peuplement remarquable ?) à son histoire et aux croyances qui peuvent s’y rattacher. Il relève donc d'un patrimoine par sa rareté, ses dimensions, sa position, son âge ou encore sa force symbolique.

Un peu partout des recensements et inventaires sont menés et certains arbres sont classés comme monument et bénéficient de soins et protection.

L'arbre de tous les records

L’être vivant le plus massif de la planète est un arbre ; il s’agit d’un séquoia géant de la Sierra Nevada en Californie dont le volume est évalué à 1.487 m3. C’est encore un séquoia qui détient le record de hauteur avec ses 115,50 mètres ; il s’agit d’un "sempervirens" situé dans le "National Redwood Park" sur la côte nord de Californie.

L’identité de l’arbre le plus vieux est par contre plus difficile à déterminer car on en trouve qui sont plusieurs fois millénaires mais dont l’âge exact ne peut être évalué avec précision ; cependant certains séquoias approcheraient les 2.700 ans. Au Sri Lanka, on trouve cependant un "banyan" sacré qui atteindrait 2.200 ans alors qu’un Pinus Aristata américain passe pour avoir 4.700 ans et un "Pinus Longeva" 4.900 ans alors que le record serait actuellement détenu par un "cèdre japonais" qui accueillerait  5.200 années de vie.

Quelques exemples de par le monde

Le General Sherman, nommé ainsi en l’honneur du Général William Tecumseh Sherman qui fut un leader de la guerre de Sécession aux Etats-Unis. C’est un séquoia géant situé dans le Séquoia national Park en Californie ; il est estimé à environ 2.200 ans et est le plus imposant du monde avec ses 1.487 m3 de son seul tronc. Il mesure 83,8 mètres de hauteur et ne développe sa première grosse branche par rapport au sol qu’à 39,6 mètres de haut. Sa circonférence au sol est de 31,1 mètres pour un diamètre de 11,1 mètres.

El Arbor del Tule, que l’on trouve devant l’église de Santa Maria del Tule dans l’état d’Oaxaca au Mexique. C’est un "cyprès de Montézuma" qui mesure 41 mètres de hauteur pour une circonférence de 36 mètres au sol. Son âge est inconnu et les estimations que l’on en fait varient de 1.200 à 3.000 ans. Une légende raconte toutefois qu’il aurait été planté par un prêtre d’Ehecatl, le dieu du vent des Aztèques, il y aurait 1.400 ans ; cette légende tendrait à être renforcée par le fait qu’il se trouve sur un ancien site sacré. Toutes les représentations d’animaux censées être visibles sur son tronc noueux l’ont fait surnommer : l’Arbre de Vie.

L’arbre du Ténéré, renversé en 1973 par un camionneur lybien et transporté le 8 Novembre de la même année au Musée national du Niger à Niamey était un acacia solitaire qui fut considéré comme l’arbre le plus isolé de la Terre, aucun autre arbre n’étant situé à moins de 400 kms. Il faisait office de repère pour les routes des caravanes qui traversaient le désert du Ténéré au nord-est du Niger ; il était situé approximativement par 17° 45’ N. 10° 04’ E. Il a depuis été simplement remplacé par une simple sculpture métallique représentant un arbre.

L’If de Fortingall, situé dans le cimetière du village de Fortingall en Ecosse. D’un âge estimé entre 3.000 et 5.000 ans, c’est le plus vieil arbre d’Europe. Il n’a rien de spectaculaire extérieurement et n'est plus formé que deux restes de troncs séparés... résultat de l'enlèvement de nombreux morceaux de son bois, en guise de souvenirs, par les touristes du XIXe siècle. En dehors de cela, l'arbre est en bonne santé et peut vivre encore pendant plusieurs siècles.

Le Gernikako Arbola est un chêne situé au nord de l’Espagne qui symbolise les libertés traditionnelles des Biscaviens, et par extension des Basques. Les seigneurs de Biscaye prêtaient serment sous cet arbre, tout comme le Lehendakari (Président de la Communauté autonome basque)

Le Châtaigner des cents chevaux qui constitue la principale ressource environnementale du territoire de Sant'Alfio  en Sicile. Cet arbre, gisant sur les pentes de l’Etna à environ 550 mètres d’altitude, mesure cinquante-cinq mètres de tour, et est composé de quatre troncs divisés (un cinquième tronc ayant été brûlé volontairement par des voyous, une barrière peu esthétique protège dorénavant cet arbre vénérable qui enorgueillit le petit village). Agé de plus de 2.000 ans, il est considéré comme l'arbre le plus ancien et le plus grand d'Europe. Cette curiosité botanique est bien sur historiquement connue de tous les amoureux de botanique. Cet arbre nourrit aussi la légende que voici :
La Princesse d’Anjou, ayant eu, en compagnie de ses cents cavaliers, une envie soudaine d’aller se balader sur les pentes de l’Etna, se serait trouvée bloquée là par de fortes pluies orageuses et se serait abritée sous les branches de ce châtaignier jusqu’au lendemain matin.

Et en France

Oui, en France aussi on connaît de nombreux arbres remarquables ou vénérables, les uns répertoriés à l’échelon national tels que, pour ne citer que le département du Finistère (pour être un tout petit peu « chauvin ») :

  • les deux chênes creux de Locmaria Berrien dans le Finistère. Ornant la place au bout de l’enclos paroissial, ils ont été plantés en 1589, année de la mort de Catherine de Médicis, ils ont failli être vendus plus tard par Mr Collobert à Mr Guillou pour en faire du bois de chauffage mais une intervention des bâtiments de France fit stopper cette vente. Ces deux chênes pédonculés, plus que 4 fois centenaires, sont depuis entrés dans l’histoire et le patrimoine de la commune. Au fil de leur existence, ils ont servi d’abri aux amoureux, d’urinoirs aux hommes, de cachettes aux enfants et même de lieu ce vente clandestin pour la vente des bonbons.
  • l’ensemble des arbres du parc de Suscinio à Morlaix ; on y trouve, entre autres, un hêtre centenaire, plusieurs pins de Monterey et un ptérocarya du Caucase.
  • l’if de Plourin les Morlaix, vraisemblablement contemporain, de l’enclos paroissial et de l’ancien cimetière du XVIème ; c’est sous cet if que le crieur s’installait le dimanche pour annoncer les nouvelles aux villageois.
  • le chêne du parc de la mairie de Pleuven, âgé de 600 à 800 ans.
  • le chêne de Lestrec qui est âgé de 600 ans.
Il y avait aussi, toujours dans le Finistère, le chêne de Saint Telo à Landeleau, arbre qui est tombé en octobre 2006 malgré les pouvoirs magiques dont il semblait être doté.

Notons aussi dans l’Oise cette fois-ci et plus particulièrement en forêt d’Halatte (pour compléter mon chauvinisme) :
  • le chêne du gilet Capelin ; c’est un chêne sessile, d’une hauteur de 36 mètres pour un diamètre de 1,45m à 1,30 m du sol ; il est âgé de 250 ans et mérite bien qu’on le nomme ici,
  • le chêne Andreau, nommé ainsi en hommage à un forestier ; c’est aussi un chêne sessile, d’une hauteur de 27 mètres pour un diamètre de 130 cm à 1m30 du sol ; il est âgé de 200 ans.