Les Tortues imbriquées

Les tortues imbriquées

La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) est une tortue marine qui, présente dans les eaux tropicales et subtropicales de l’Océan Atlantique, de l’Océan Indien et de l’Océan Pacifique, nage en règle générale près des côtes où elle se nourrit principalement de crabes, poissons, coquillages. Irascible, elle est carnivore et mord tout ce qui passe à sa portée. Son cou, très mobile, lui sert à saisir les proies. Elle peut aussi nager à plusieurs centaines de kilomètres de toute terre et poursuivre un poisson sur de longues distances. Rapide et légère dans l’eau, on a pu mesurer des pointes à 24 kilomètres/heure sur au moins 5 kilomètres. Elle est capable de plonger à plus de 70 mètres durant plus de 80 minutes.

Cette tortue est incapable de rentrer la tête, elle est également sourde car ses tympans sont remplacés par de la peau écailleuse, par contre, elle possède une excellente vue. De taille inférieure à 90 cm, elle pèse environ 50 kg ; on en a cependant trouvé une qui atteignait les 127 kg.

(photo de Nemo's great uncle)

Son aspect est assez semblable à celui d'autres tortues marines. Sa tête, petite, est brune avec quatre écailles préfrontales et des mâchoires jaunes. Le plastron est lui aussi jaune ainsi que ses écailles post-anales avec, en plus, des taches noires. Les nageoires sont brunes sur le dessus, jaunes dessous. Sa carapace osseuse, sans carène continue, très colorée, est plutôt aplatie et ses pattes adaptées en nageoires. Elle est cependant facilement distinguable par ses épaisses écailles dorsales, posées comme les tuiles d'un toit, par son bec crochu et par les deux griffes disposées quelques centimètres l'une de l'autre sur l'extérieur à mi-nageoires. La dossière de la carapace, d'une teinte brun-orangé, est une combinaison irrégulière de stries claires et foncées avec des taches jaunes ou rouges et formée de cinq écailles centrales et quatre latérales ; en outre 11 paires d'écailles dites marginales et une paire d'écailles post-centrales sur le bord de la carapace forment des dentelures qui s'émoussent avec l'âge. La mâchoire inférieure est en forme de V.

Les mâles se distinguent par une pigmentation plus claire et, comme pour les autres espèces de tortues, un plastron concave, de plus longues griffes et une queue plus épaisse. Les juvéniles sont noirs, excepté sur le bord de carapace qui est jaune. Leur carapace qui est en forme de cœur, devient plus ovale en grandissant et la dentelure formée par les écailles marginales s'estompe avec l'âge.

La détermination du sexe chez ces tortues est très hasardeuse. Les caractères sexuels ne sont pas toujours extérieurement visibles et les caractères sexuels secondaires (la largeur de la queue, les griffes, la forme du plastron) ne sont pas toujours déterminants. Seule l'analyse sanguine est une méthode sûre. La maturité sexuelle est atteinte après l'âge de 10 ans voire probablement l'âge de 20 ans ce qui lui confère le statut d'espèce à maturité tardive. Son espérance de vie n'est pas connue, mais elle peut se reproduire encore au moins 10 ans après sa maturité sexuelle.

L’accouplement a lieu dans des eaux peu profondes. Fait particulier, la femelle « entrepose » des réserves de spermatozoïdes. Elle peut ainsi se reproduire pendant plusieurs années sans avoir de contact avec un mâle. Il est vrai que l’océan est vaste et que les rencontres sont très aléatoires. Elle pond de 2 à 5 fois tout au long de la saison de reproduction et chaque fois jusqu’à 50 œufs mesurant entre 30 et 45 millimètres et pesant de 20 à 31,6 grammes.

Après l’accouplement, les femelles gagnent des plages isolées ; elles y creusent une cuvette d’environ 50 cm de profondeur avec leurs pattes avant puis leurs pattes arrière et y déposent leurs œufs. La ponte peut leur prendre jusqu’à 1 heure et demi, après quoi elle rebouche le nid et regagnent la mer. La période d'incubation est de 47 à 75 jours, selon la saison et l'emplacement. Malheureusement, sur cent petits, deux à peine atteindront l’âge adulte ; ils offrent en effet des proies particulièrement vulnérables avant d’atteindre les zones sécurisées en mer.

Végétariennes dans les premières années de leur vie, elles se nourrissent ensuite très vite, dès le 2ème mois, de seiches, calmars, d’éponges, d’oursins et même de coraux. En s'alimentant d'éponge, elles libèrent des surfaces de corail, ce qui permet à certains poissons opportunistes d'accéder au récif pour se nourrir. Elles participent donc ainsi indirectement à l'écosystème de la barrière de corail.

Contrairement aux idées reçues, des études utilisant la télémétrie satellite ont montré que les tortues imbriquées adoptaient un comportement migratoire sur des milliers de kilomètres. On estime qu'au maximum 5 000 d’entre elles pondent annuellement dans les Caraïbes et 600 au Brésil, Surinam, en Guyane française, la plus grande population restante nichant au Mexique. Actuellement plus de 60 lieux de pontes habituelles ont été recensés.

Cette espèce de tortues marines dont vous pourrez admirer quelques magnifiques spécimens en cliquant ici est fortement menacée. Le réchauffement climatique y contribue grandement actuellement car il provoque certains changements dans leur alimentation avec la disparition des récifs coralliens ou leurs migrations suivant l’évolution des courants marins principalement en Amérique latine et aux Antilles.

Au niveau local, le WWF agit sur la protection de leur habitat afin de leur garantir un environnement de meilleure qualité.

Déjà malheureusement, c’est la tortue de mer la plus menacée d’extinction car sa carapace ornée de superbes écailles est très recherchée : les articles en écailles de tortue sont principalement faits avec les écailles de cette espèce… un commerce de luxe qui s’est fortement développé dans les années 1940-1950.


NE CONTRIBUEZ DONC PAS

A LA DISPARITION DE CETTE BEAUTE DE LA NATURE.

(photo de Guy Ecocentrick)

Elle est d’ailleurs désormais protégée par la convention de Washington qui réglemente le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES)