«  Le poète c’est un homme qui peut ne jamais savoir forger un vers mais qui comprend le langage mystérieux des fleurs, les signes des étoiles et la poésie troublante des rayons de lune. »

                                                                                                    Madeleine Morize
                                                                                                     10 Février 1898

                                                                                        Ma grand’mère était un poète


Cahier écrit sous forme de lettres à sa sœur Marguerite dont elle se sentait certainement très proche depuis la mort de leur frère, Henri, l’année précédente. Elles s’étaient mutuellement promises de s’écrire chaque jour ainsi sous forme de cahier même si les destinataires de ces courriers ne pouvaient en prendre connaissance que tous les quinze jours environ. A cette époque ma grand’mère (Madeleine Prat), qui vit avec ses parents et ses deux frères, Louis et Emmanuel, rue Cambon à Paris est séparée de ses deux sœurs jumelles, Marguerite et Geneviève, qui vivent chez leur grand’mère maternelle (Grand’mère Bocquet) à Boulogne.

Tout au long de la frappe de ce cahier, c’est avec une très vive émotion que j’ai pu prendre connaissance de ces pages écrites de sa main… bien souvent tardivement le soir avant de se coucher. Elle est alors âgée de vingt ans à peine et j’ai découvert en elle un nouvel aspect de cette grand’mère que j’aimais beaucoup mais qu’en fait je connaissais fort peu ou fort mal. Quelle admirable femme mais aussi, ici, quelle admirable jeune fille que cette jeune fille-là qui devint par la suite la maman de mon papa puis ma grand’mère bien sûr et dont le sang continue de couler dans mes veines et dans celles de mes enfants et petits-enfants…

Cela me fait tout drôle de vivre ainsi auprès d’elle, au jour le jour et avec autant d’intensité, ces années de sa jeunesse alors qu’elle n’est plus depuis déjà si longtemps (40 ans, en août de cette toute prochaine année) et que tous ceux de la génération qui l’ont suivie se sont éteints à leur tour… emportant avec eux le meilleur d’elle-même.

La vie n’est qu’un grand livre dont les pages tournent et sur lequel on ne peut jamais revenir en arrière. Essayons de faire en sorte cependant que le présent conduise leur image et leur souvenir dans le futur car ce sont eux qui ont fait ce que nous sommes ici devenus et ce que seront nos descendants pour le pire peut-être mais aussi et surtout pour le meilleur.

Que ce site, une fois de plus en soit le témoignage.

                                                                                                    Philippe Morize
                                                                                                      son petit-fils