Sylvie

Vous voudriez belle Sylvie
Et pour toujours
Renouer la chaîne fleurie
De nos amours
Il est trop tard une maîtresse
Aux doux attraits
A su calmer enchanteresse
Tous mes regrets

Votre rivale ma charmante
Ainsi que vous
A l’air mutin, la voix touchante
Et les yeux doux
Mais elle a plus que vous ma belle
Un cœur constant
Qui pleure quand je suis loin d’elle
Un seul instant

Ma présence la rend heureuse
Et ma maison
S’éveille dès l’aube joyeuse
A sa chanson
Mais quoi… Votre front plein de charme
Est soucieux
Et je vois briller une larme
Dans vos beaux yeux

Allons, souriez moi, Sylvie,
Comme autrefois
Et je rendrai votre ennemie
A ses grands bois
Voyez c’est une humble fauvette
Dont les refrains
M’ont souvent consolé coquette
De vos dédains.

Le lilas blanc

Quand au printemps sous la ramure
Les tourtereaux vont roucoulants
Le zéphyr au tendre murmure
Fait refleurir le lilas blanc
Vous devez penser innocente
A ce lilas que vous aimez
Nous allions le cueillir ensemble
Pendant que chantait le ramier

Refrain

Le beau lilas blanc
Qu’adorait ma mie
S’est bientôt fané
Quand a fui Avril,
Mais quand reviendra la saison bénie
Ton cœur ô mignonne me reviendra-t-il

2ème Couplet

Avec émoi je me rappelle
Le temps de nos douces amours
Et le lilas qui de ma belle
Me fit aimer pendant huit jours
Dans le nid témoin de mes larmes
Je pense encor à tes serments
O doux poème plein de charmes
Qui finit avec le printemps

Refrain

3ème Couplet

Sous le triste vent de l’automne
Les oiseaux se sont exilés
Et les lilas, chère Mignonne
Avec eux se sont envolés
Mais hélas pourquoi donc cruelle
Oubliant que tu m’as aimé
Ton cœur que je croyais fidèle
A mon amour s’est-il fermé

Refrain

Parais à ta fenêtre

Parais à ta fenêtre

La nature est endormie
Le zéphyr caresse l’eau
Me répondras tu ma mie
Ouvriras tu ton rideau
Au ciel bleu la lune brille
Comme un grand disque argenté
Le rossignol fait son trille
Et chante sa liberté

Refrain

Oh parais à ta fenêtre
Fais qu’un regard de tes beaux yeux
En mon âme pénètre
Et m’entrouvre les cieux
Ah ! parais à ta fenêtre
Viens me montrer les cieux
Dans un regard de tes beaux yeux

2ème Couplet

L’oiseau s’endort sous son aile
Après avoir gazouillé
Mais quand l’aurore l’appelle
Soudain il s’est éveillé
Tandis que toi, paresseuse
L’amour est là qui t’attend
Pourquoi me laisser moqueuse
A ta porte sanglotant

Refrain

3ème Couplet

Sous ton balcon je soupire
Bientôt paraîtra le jour
Par pitié donne un sourire
A celui qui meurt d’amour
Daigne écouter ma prière
N’attend pas que le soleil
Verse ses flots de lumière
Pour te ravir au sommeil

Refrain

L'île d'Amour

Là-bas sur la rive discrète
Qu’enchante un ruisseau vermeil
Au milieu d’un lac qui reflète
Ton miroir d’azur au soleil
Il est une île enchanteresse
Endroit mystérieux et doux
Où les amours et la jeunesse
De tout temps ont pris rendez-vous

Refrain

Partons ô ma belle
Et que ma nacelle
Nous guide tout deux vers ce gai séjour
La brise est douce
Son souffle nous pousse
Mignonne voguons vers l’île d’amour

2ème Couplet

Sous le feuillage épais et sombre
Des chemins creux et des bosquets
Dans les taillis verts et pleins d’ombre
Tu cueilleras de frais bouquets
Et là tout deux si bon te semble
Dans un beau rêve confondus
Nous irons promener ensemble
A travers les sentiers perdus

Refrain

3ème Couplet

Parmi le genêt et le lierre
Dont partout le sol est jonché
Tu verras la grotte de pierre
Où dit-on l’amour est caché
Et puis aux murs de cette retraite
Auprès de vers signés Ninon
A côté du nom de Musette
Tu graveras aussi ton nom

Refrain

4ème Couplet

La journée étant bien finie
On nous dressera le couvert
Puis en joyeuse compagnie
Nous dînerons sur les prés verts
Et le soir au clair des étoiles
Sur le lac couvert de frissons
Nous ferons monter dans les voiles
Des baisers mêlés de chansons.

Refrain

Elle est au Ciel

Pourquoi cet air de fête au sein de la nature
C’est que le froid hiver a fait place au printemps
Dans les prés, dans les bois j’aperçois la verdure
Le soleil rend joyeux les vieillards, les enfants
Moi seul, j’ai dans le cœur une douleur profonde
La vierge que j’aimais dort au fond du cercueil
Sans amour maintenant que ferais-je en ce monde
Ma vie est sans espoir et mon âme est en deuil

Refrain

Chantez petits oiseaux, chantez dans le bocage
Prodiguez aux amants vos concerts les plus doux
Moi, je suis insensible à votre doux langage
Fleurs, malgré vos parfums, je m’éloigne de vous      ) bis

2ème Couplet

Je n’ai jamais connu les baisers d’une mère
Car en naissant hélas, je devins orphelin
Sans parents, sans amis, je devins sur la terre
Lorsque je rencontrai Lise sur mon chemin
En voyant cette enfant si belle d’innocence
Je me pris à l’aimer, j’eus foi en l’avenir
Le destin a brisé cette douce espérance
Lise est morte aujourd’hui, mon Dieu ! fais-moi mourir

Refrain

3ème Couplet

Grand Dieu ta volonté parfois est trop cruelle
Car elle m’a privé de celle que j’aimais
Tu savais bien pourtant qu’en me séparant d’elle
Le bonheur loin de moi s’enfuyait pour jamais
Sans doute tu voulus en la voyant si pure
Que ton doux paradis eût un ange de plus
Mais j’aurais su garder ton humble créature
Digne d’entrer plus tard au séjour des élus

Refrain

Réveillez-vous

Réveillez-vous belle dormeuse
Si ce baiser vous fait plaisir
Mais si vous êtes scrupuleuse
Dormez ou feignez de dormir
Craignez que je ne vous éveille
Favorisez ma trahison
Vous soupirez !... Votre cœur veille
Laissez dormir votre raison

Souvent quand la raison sommeille
On aime sans y consentir
Pourvu qu’Amour ne nous réveille
Qu’autant qu’il faut pour le sentir
Si je vous apparais en songe
Jouissez d’une douce erreur
Goûtez les plaisirs du mensonge

Si la réalité vous fait peur

Une branche de lilas blanc

Lorsque trouvant lourde l’absence
Et songeant aux jours disparus
J’évoquais dans le silence
L’écho des voix qui ne sont plus
Je croirai voir ta douce image
Alors que le soir en chantant
Tu parais ton front sans nuage
D’une branche de lilas blanc

Lorsque rêveuse et solitaire
Je reviendrai dans ces chemins
Qui nous virent passer naguère
Enlaçant nos cœurs et nos mains
Comme les oiseaux que j’écoute
Je ferai ma course en chantant
Si je rencontre sur ma route
Une branche de lilas blanc

Eugénie mon cœur te réclame
Eugénie je veux désormais
Respirer pour guérir mon âme
Les parfums que tu chérissais
Et c’est pourquoi je veux, fidèle
A la fleur qui te plaisait tant
Qu’à toutes mes pensées se mêle
Une branche de lilas blanc

Si j’ai jamais une chaumière
Comme je la rêve en mon cœur
A chaque saison printanière
Tu m’y porteras le bonheur
Et dans ma forêt toute blanche
A chaque pas en souriant
Tu pourras cueillir une branche
Une branche de lilas blanc !

Le dernier rendez-vous

C’était voilà longtemps, au printemps de ma vie
Je parlais d’espérance à celle que j’aimais
D’ineffable bonheur mon âme était ravie
Oh ! ce jour fut trop beau pour l’oublier jamais

Refrain

Elle penchait sur moi sa tête languissante
Et je lui répétais : demain je t’attendrai
Elle me répondait d’une voix caressante
« Vers le déclin du jour, demain je reviendrai »          )bis

2ème Couplet

Le soir était venu, la lune diaphane
De ses pâles rayons éclairait les sentiers
C’était l’époque hélas où chaque fleur se fane
Où le vent fait frémir jusqu’aux chênes altiers

Refrain

3ème Couplet

Les oiseaux s’en allaient n’ayant plus de feuillée
Ni de buissons fleuris pour abriter leurs nids
Ils partaient retrouver leur plaine ensoleillée
Bien loin sous d’autres cieux et des climats bénis

Refrain

4ème Couplet

En couvrant de baisers sa chevelure blonde
M’enivrant de sentir son cœur contre mon cœur
J’avais tout oublié la nature et le monde
Qui n’auraient eu pour nous qu’un sourire moqueur

Refrain

5ème Couplet

Elle ne revint pas… Tremblant, l’âme oppressée
Espérant la revoir je l’attendis longtemps
Hélas ce fut en vain, ma jeune fiancée
Ne devait plus jamais voir fleurir un printemps

Refrain

C’est en vain qu’aux échos d’une voix frémissante
Je répète ces mots demain je l’attendrai
Jamais je n’entendrai sa voix si caressante
Me redire tout bas demain, je reviendrai       )bis

Les frais lilas vont fleurir

Ta belle joue et tes lèvres sont roses
Car le printemps y répand sa fraîcheur
Ce teint si doux que l’envieraient les roses
Me rend joyeux et fait battre mon cœur
Le ciel est pur, ô ma belle Lucie
Ne sens-tu pas comme moi le désir
D’aller tous deux courir en la prairie             )
Les frais lilas aujourd’hui vont fleurir           ) bis

Je vois d’ici ta bouche me sourire
A cet appel d’un plaisir pris à deux
Ne réponds pas, à quoi sert donc de dire
Ce que je lis si bien dans tes yeux bleus
Oh ! hâtons nous ma fillette chérie
Les indiscrets peuvent parfois venir
Allons tous deux courir en la prairie              )
Les frais lilas aujourd’hui vont fleurir           ) bis

Mets, blonde enfant, mets cette jupe blanche
Qu’avec grand soin tu finissais hier
Moi, je mettrai cet habit que Dimanche
J’étrennais neuf sans en être plus fier
Ainsi parés si quelqu’un nous envie
Laissons jaser, soyons tout au plaisir
Allons tous deux courir en la prairie              )
Les frais lilas aujourd’hui vont fleurir           ) bis

Mignonne, vois la plaine ensoleillée
Vois les bourgeons et les sentiers poudreux
Exprès pour nous la nature éveillée
Embellit tout et nous rend plus joyeux
Nous pouvons bien en un jour de sortie
Fêter Bacchus, le vrai Dieu du plaisir
Nous pourrons mieux courir en la prairie       )
Les frais lilas aujourd’hui vont fleurir           ) bis

Près des taillis, cher lutin tu t’arrêtes
Ton œil mutin d’amour est rayonnant
De fleurs des prés tu couronnes nos têtes
Ton frais minous sous ces fleurs est charmant
Cachons nous bien ô ma chère Lucie
Car je sens naître en moi d’ardents désirs
Laissons les fous courir en la prairie              )
Les frais lilas abritent nos plaisirs                  ) bis

Les fleurs

D’Alphonse Signal

Fleurs ornements de la nature
Par quels charmes doux et puissants
Votre odeur suave et si pure
A toujours captivé nos sens
Qui n’admirerait ce parterre
Où brillent vos vives couleurs
Si l’amour habite à Cythère
Cythère est donc l’île des fleurs

Œillet, admirable violette
De vos parfums délicieux
Hébé charge sa cassolette
Pour flatter l’odorat des dieux
Aussi Vénus préfère-t-elle
Dédaignant un éclat trompeur
Pour parer sa tête immortelle
Aux plus beaux brillants : une fleur

O ma douce et tendre Julie
Enlevée au printemps des ans
Dans chaque fleur fraîche et jolie
Je vois tes attraits séduisants
En vain tu fus sensible et belle
La mort de son fer destructeur
Aux vœux de ton amant, rebelle
Te moissonna comme une fleur

Un preux de retour de la guerre
Où plein de gloire il combattit
Regagnait son humble chaumière
D’un pas que l’âge ralentit
Ah ! disait-il, de ma vieillesse
Qui donc calmera les douleurs
Un fils lui reste et sa tendresse
Au vieillard offre encore des fleurs

Fidèle image de la vie
Fleurs vous brillez bien peu d’instants
Vous tombez jouets de l’envie
Les noirs frimas et des antan
Le zéphyr qui vous fit éclore
Plus tard fait pâlir vos couleurs
Faibles mortels dès votre aurore
Votre sort est celui des fleurs

La chanson des blés d'or

de C. Soubise et L. Lemaître

(1882)

Mignonne, quand la lune éclaire
La plaine aux bruits mélodieux,
Lorsque l'étoile du mystère
Revient sourire aux amoureux,
As-tu parfois sur la colline,
Parmi les souffles caressants,
Entendu la chanson divine
Que chantent les blés frémissants ?

Refrain

Mignonne, quand le soir descendra sur la terre
Et que le rossignol viendra chanter encore
Quand le vent soufflera sur la verte bruyère
Nous irons écouter la chanson des blés d'or !
Nous irons écouter la chanson des blés d'or !

2ème Couplet

As-tu parfois sous la ramure,
A l'heure où chantent les épis,
Ecouté leur joyeux murmure
Au bord des vallons assoupis ?
Connais-tu cette voix profonde
Qui revient, au déclin du jour
Chanter parmi la moisson blonde
Des refrains palpitants d'amour ?

Refrain

3ème Couplet

Mignonne, allons à la nuit close
Rêver aux chansons du printemps
Pendant que des parfums de rose
Viendront embaumer nos vingt ans !
Aimons sous les rameaux superbes
Car la nature aura toujours
Du soleil pour dorer les gerbes
Et des roses pour nos amours !

Refrain

Le bouquet de Marguerite

Un dimanche d’Avril, tous deux dans la clairière
Nous étant reposés au bord d’un vert chemin
Elle cueillit près d’elle un bouquet de bruyère
Que naïve et muette, elle mit dans ma main
Le soleil pour témoin seul nous rendait visite
Souriant à ce jeu comme pour le bénir

Refrain

Moi, j’ai gardé ton bouquet Marguerite
As-tu gardé mon souvenir

2ème Couplet

Elle avait ce jour-là mis une robe blanche
Où flottait pour ceinture un large ruban bleu
Ses longs cheveux bouclés retombaient sur sa hanche
Et le bonheur brillait dans son regard de feu
En la voyant ainsi, pris de flammes subites
Pour la première fois mon cœur sembla s’ouvrir

Refrain

3ème Couplet

L’humble bouquet resta longtemps sur ma fenêtre
Et l’ayant vu mourir j’étouffais ma douleur
Espérant chaque jour avec lui voir renaître
Tout le bonheur perdu qu’il m’avait mis au cœur
Ainsi comme le temps les fleurs passent bien vite
Image des serments qu’on prête sans tenir

Refrain

4ème Couplet

Trois ans sont écoulés, le temps fait bien des choses
Hier en revoyant l’objet de mes amours
J’ai compris que les fleurs lorsqu’elles sont écloses
A qui les cultiva ne restent pas toujours.
Un autre plus heureux en la prenant pour femme
A su de mon passé fleurir son avenir

Refrain

Bonsoir

Papa sitôt la nuit venue
Disait : Enfant, c’est l’heure, au lit.
Pleurs, soupirs, larmes retenues,
Rien n’y faisait il avait dit :
« Dites bonsoir, allons, Mademoiselle »
Petit papa de grâce encore un peu
Mon lit est froid et ma chambre est sans feu
Et puis j’ai peur quand je suis sans chandelle

Refrain

Bonsoir, Méchant, bonsoir
Disais-je en tendant la joue
Gentiment faisant la moue
Dans ma chambrette il fait bien noir
Bonsoir, Méchant, bonsoir

2ème Couplet

Je devins grande et sur la route
Je rencontrai souvent Lucien
Vous devinez sans nul doute
Que sans rien dire on s’aimait bien
Plus tard le soir dans un tendre murmure
Combien de fois il me conta ses vœux
Ah ! les aveux, ah ! les tendres aveux
Qu’on se faisait à travers la serrure

Refrain

Bonsoir, Lucien, bonsoir
Disais-je d’une voix tendre
Plus bas, l’on peut nous entendre
Chut ! l’on pourrait aussi nous voir
Bonsoir, Lucien, bonsoir

3ème Couplet

Cédant un jour à sa demande
De papa bravant le courroux
Imprudemment en contrebande
Je lui permis d’entrer chez nous
Il fut d’abord rempli de politesse
Je l’écoutais avec ravissement
Mais il voulut profiter du moment
Et ce jouer de ma folle tendresse

Refrain

Bonsoir, Monsieur, bonsoir
Disais-je en montrant la porte
D’ici sans tarder que l’on sorte
N’espérez plus jamais me voir
Bonsoir, Monsieur, bonsoir

4ème Couplet

Quoiqu’après lui fort en colère
Je pardonnai le lendemain
Six mois après devant le Maire
Il obtenait les doits d’hymen
Quand par l’amour et sans nulle contrainte
On est uni, c’est un jour de bonheur
Et cependant le soir quelle frayeur
Mon cœur battait et de joie et de crainte

Refrain

Bonsoir, Chéri, bonsoir
Disais-je d’une voix tendre
Bien vite éteignons la lampe

Duo des baisers

Un baiser c’est bien douce chose
Tu le sais ; sur leurs lèvres roses
C’est avec ça que les mamans
Consolent les petits enfants
Dans tous les pays de la terre
Est-il rien qui soit plus charmant
Baiser de sœur, baiser de mère
Baiser d’époux, baiser d’amant

Cela veut dire que l’on s’aime
C’est le premier vers d’un poème
Prends donc vite ce doux baiser        ) bis
Je n’ai rien à te refuser

Un baiser c’est tout un langage
Sans inutile bavardage
Et pour devenir ce qu’il dit
Point n’est besoin d’avoir d’esprit
Il dit le jour du mariage
Que le mari sera toujours
Dans son gentil petit ménage
Fidèle à ses jeunes amours
Il est bavard, il dit encore
Bien d’autres choses que j’ignore
Prends donc vite ce doux baiser        ) bis
Je n’ai rien à te refuser.

Romance du bouquet

J’entrevois à ton corsage
Un délicieux bouquet
Chastes fleurs dont l’assemblage
Me paraît frais et coquet
Mais puisque te voilà ma femme
Aujourd’hui je te le réclame
De tes blanches mains, ce soir
J’espère bien le recevoir

Refrain

Fleur d’oranger, fleur embaumée
Je te veux, c’est mon droit d’époux
Ce bouquet oui ma bien-aimée
Je te le demande à genoux
Ce bouquet je te le demande à genoux

2ème Couplet

Voici l’heure du mystère
L’heure où l’on parle tout bas
Mais puisque j’ai su te plaire
Près de moi ne tremble pas
Ce bouquet toute ta richesse
C’est la preuve de ta tendresse
C’est le gage de nos amours
Que tu m’as conservé toujours !

Refrain

Napoline

Mme de Girardin – Chant II

Souffrir et plaisanter, femmes, c’est notre lot
Oh ! que le désespoir est affreux dans le monde
Qu’il est lourd d’y traîner une douleur profonde
La contrainte est un poids qui double le malheur
………………………………………………….
Vous qui n’avez point mis de chaîne à votre vie
Femmes du Peuple, ô Dieu comme je vous envie
Votre franche douleur vous soulage du moins ;
L’orgueil ne vous dit point : souffre mais sans témoins
Vous n’avez point placé la honte dans les larmes.

La fille de Roland

Rôle de Berthe dans la scène III – Acte I

……………

Gérald :        De combattre pour vous,

Berthe :        L’éloge mérité que votre fils existe
Il l’aura : Les Saxons fuyaient pas si vite !
Et tous mes serviteurs brusquement dispersés,
N’est-il pas vrai, Messire, en témoignent assez !

Amaury :      Vous trouviez-vous ?

Berthe :        Je viens des rives du Wéser
De Fritsler, où souvent les filles de mon âge,
Au tombeau d’un martyr, vont en pèlerinage
Nous descendions au fond de ce bois où s’étend
Un ruisseau lent et noir, une sorte d’étang,
Quand d’affreux hurlements, que l’écho nous envoie,
S’élèvent, et, pareils à des bêtes de proie,
Des hommes d’un aspect formidable et hideux
Dispersent mon escorte et m’entourent. L’un d’eux
Cherchait à me saisir et, l’injure à la bouche,
Me menaçait déjà de son geste farouche ;
Mais tout à coup sa main laisse échapper le fer
Le cri guerrier : Montjoie ! a retenti dans l’air ;
C’était lui, votre fils. Souriant et tranquille
Du cercle de son glaive il me fait un asile !
Bientôt les ennemis veulent fuir mais en vain
Il les frappe, il les pousse au fond du noir ravin,
Il semble avec regret voir décroître leur nombre,
Il poursuit les derniers sous la ramure sombre,
Puis revenant à moi, sauvée enfin par lui :
« Allons ! nous avons fait bonne chasse aujourd’hui »

Amaury :      Justice bonne et prompte

Berthe :        Pour cet homme soyez indulgent, sire Comte,
Celui qui juge, Dieu plus tard le jugera

Amaury :      Comprend cette clémence

Berthe :        Merci Comte ! il m’est doux en vous disant adieu
   De penser que j’ai pu gagner cette âme à Dieu

Ragenhard :  Quoi vous partez Madame ?

Berthe :        A l’instant, Que t’importe ?

Ragenhard :  Et vous avez une nombreuse escorte ?

Berthe :        Non, mais j’espère ici, pour franchir les forêts,
Trouver des défenseurs.

Ragenhard :  Ne partez pas Madame,

Berthe :        Et pourquoi donc ?

Les petits souliers

16 décembre 1896 – Lucie Delarue

Les petits souliers longs d’un pouce,
Pleins de joujoux, rangés en rond,
Baillent dans l’âtre où se trémousse
Le criquet au menu ronron.

Oh ! la curieuse frimousse
Des bébés qui découvriront
Les petits souliers longs d’un pouce,
Pleins de joujoux, rangés en rond.

Pour ceux que le temps chasse et pousse,
Les Noëls aussi reviendront,
Mais jamais plus ne chausseront,
Le cœur baigné de candeur douce,
Les petits souliers, longs d’un pouce.

Impromptu

A. de Musset

Chasser tout souvenir et fixer la pensée
Sur un bel axe d’or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant.
Eterniser peut-être un rêve d’un instant,
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie,
Ecouter dans son cœur l’écho de son génie
Chanter, rire, pleurer ; seul, sans but, au hasard,
D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard,
Faire un travail exquis plein de crainte et de charme
Faire une perle d’une larme
Du poète ici-bas, voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.

Romance

D’Harancourt

Quand l’orage gronde et s’irrite,
Comme elle court l’eau du ruisseau !
Mais ce qui passe encore plus vite,
C’est un oiseau.

Vers le nid où l’amour s’abrite,
Comme il vole, comme il fend l’air !
Mais ce qui passe encore plus vite,
C’est un éclair !

Il luit, tonne et se précipite,
On le voit, sans le voir venir
Mais il passe encore plus vite,
Le souvenir !

Il existe au pays du Scythe,
Un arbre qui croît en un jour,
Mais ce qui vient encore plus vite,
C’est un amour !

Tout à coup notre cœur palpite ;
Le sourire se mêle au pleur,
Mais e qui vient encore plus vite,
C’est un malheur.

On vivait : terrible et subite
La mort a soufflé le flambeau
Mais l’herbe vient encore plus vite
Sur un tombeau.

Le marchand de sable a passé

De Me Amélie Perronet

C’est ma bonne grand’mère
Qui dirigea mes premiers pas,
Et quand je regarde en arrière
Je vois ses doux cheveux blancs
Voltiger sur mon printemps.
N’aimant pas que je pleure,
Elle ne me grondait jamais
Et pourtant du coucher lorsque revenait l’heure
Très méchamment je regimbais
Sa voix d’une douceur étrange
Calmant mon courroux insensé
Me disait : « Dormez mon petit ange
Le marchand de sable a passé ! »

Elle me mit en classe
Et gardant ses douces façons,
Jamais sévère et jamais lasse
Le soir disait : Commençons
A réciter nos leçons !
A stimuler mon zèle
Combien elle mettait d’ardeur !
Mais, étant quelquefois paresseux et rebelle,
Je n’apprenais qu’avec humeur…
Je baissais… même à voix très haute
Et devant son air offensé,
Je marmottais : « Tant pis !... C’est pas ma faute
Le marchand de sable a passé »

Plus tard, du mariage,
Pour moi voulant serrer les nœuds
Elle sut, malgré son grand âge, Faire le choix bien heureux
D’un mari selon mes vœux
Tous deux à la veillée
Nous parlions des beaux jours prochains
Jusqu’à ce que Grand’mère étant très fatiguée,
Son tricot lui tombait des mains
Alors elle disait : « Mignonne,
Dis bonsoir à ton fiancé
Et, mes enfants, que l’amour me pardonne :
« Le marchand de sable a passé ».

Mais vient une heure amère
Qui prend nos meilleures amours ;
Je dus voir ma chère grand’mère,
Un soir des derniers beaux jours,
S’endormir… et pour toujours.
Et quand ma main pieuse,
Eut clos ses pauvres yeux chéris,
Retournant un instant à l’enfance joyeuse,
Et mes souvenirs attendris,
Je disais, rappelant le terme,
Qu’elle employait dans le passé ;
« Grand’mère… hélas sur vos yeux que je ferme,
Le marchand de sable a passé ».

Le fuseau de ma grand'mère

De Ed. Plouvier

Ah ! le bon temps qui s’écoulait
Dans le moulin de mon grand’père !
Pour la veillée on s’assemblait
Près du fauteuil de ma grand’mère
Ce que grand-père racontait
Comme en silence on l’écoutait
Et comme alors gaiement trottait
Le vieux fuseau de ma grand’mère
Comme il trottait
Et quel bon temps ! Quel bon temps c’était.

Grand-père était un vieux bonhomme
Il avait bien près de cent ans
Tout était vieux sous son vieux chaume
Hors les enfants de nos enfants,
Vieux vins dans des vieilles armoires,
Vieille amitié, douce toujours !
Vieilles chansons, vieilles histoires,
Vieux souvenirs des anciens jours !

Grand’mère était la gaieté même
On la trouvait toujours riant ;
Depuis le jour de son baptême
Elle riait en s’éveillant ;
De sa maison, riant asile,
Elle était l’âme ; aussi depuis
Que son fuseau est immobile
On ne rit plus dans le pays.

Le vieux moulin de mon grand-père
Tout comme lui s’est abattu ;
Le vieux fuseau de ma grand’mère
A la muraille est suspendu
Et vous couchés sur l’herbe épaisse
Comme aux vieux temps encore unis,
Je crois vous voir quand le jour baisse,
Et tout en larmes je redis :

Ah ! le bon temps qui s’écoulait
Dans le moulin de mon grand’père !
Pour la veillée on s’assemblait
Près du fauteuil de ma grand’mère
Ce que grand-père racontait
Comme en silence on l’écoutait
Et comme alors gaiement trottait
Le vieux fuseau de ma grand’mère
Comme il trottait.

La Paimpolaise

Paroles de Théodore Botrel
Musique de E. Feautrier
(1898)

Quittant ses genêts et sa lande,
Quand le Breton se fait marin,
En allant aux pêches d'Islande
Voici quel est le doux refrain
Que le pauvre gars
Fredonne tout bas :
"J'aime Paimpol et sa falaise,
Son église et son Grand Pardon,
J'aime surtout la Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton."

Quand le Breton quitte la rive,
Le curé leur dit : "Mes bons fieux,
Priez souvent Monsieur Saint Yves
Qui nous voit, des cieux toujours bleus."
Et le pauvre gars
Fredonne tout bas :
" Le ciel est moins bleu, n'en déplaise
A Saint Yvon, notre Patron,
Que les yeux de ma Paimpolaise...
Qui m'attend au pays breton ! "

Le brave Islandais, sans murmure,
Jette la ligne et le harpon ;
Puis, dans un relent de saumure,
Il se couche dans l'entrepont...
Et le pauvre gars
Soupire tout bas :
" Eh ! j’serions bien mieux à notre aise,
Les draps tirés jusqu’au menton
Aux côtés de ma Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton ! "

Mais bientôt l'océan qu'il dompte
Se réveille lâche et cruel,
Et le soir lorsqu’on se compte,
Bien des noms manquent à l'appel...
Et le pauvre gars
Fredonne tout bas :
" Pour combattre la flotte anglaise
Comme il faut plus d'un moussaillon,
J'en donnerons à ma Paimpolaise,
Qui m’attend au pays breton ! "

Puis, quand la vague le désigne,
L'appelant de sa grosse voix,
Le brave Islandais se résigne
En faisant un signe de croix...
Et le pauvre gars
Quand vient le trépas,
Serrant la médaille qu'il baise,
Glisse dans l'océan sans fond
En songeant à la Paimpolaise
Qui l'attend au pays breton ! ...