22 Avril
Port de Katacolon - 7 heures
Après une excellente nuit, malgré ce bruit de la salle de climatisation auquel nous finissons par nous habituer et que Dominique n’entend plus grâce à ses boules Quies, nous approchons des côtes grecques !
Notre rendez-vous pour le départ en excursion sur Olympie a été fixé à 8 heures au théâtre des Folies Bergères… nous y sommes à l’heure après nous être repus d’un bon et copieux petit-déjeuner.
Nous avons cette fois-ci le car n° 5, piloté par Dionisis et sommes accompagné de Cathy… Notre guide sera une femme dont je ne me souviens plus du prénom mais dont je garde en mémoire l’excellente culture dont elle fit part auprès de nous… et n’est-ce pas là l’essentiel !
La Grèce est un pays d’environ 132.000 km2 et qui compte 11 millions d’habitants. C’est un pays montagneux que bordent 15.000 km de côtes et qui possède 3.000 îles dont 180 sont habitées mais 40 d’entre elles ne dénombrent pas plus de 40 habitants chacune. La religion à 96% y est orthodoxe et à 4% catholique. On y trouve de nombreux gitans ; ils sont de nationalité grecque et servent principalement de main d’œuvre agricole.
Le peuple Grec de tout temps est un peuple énergique et créateur qui a le culte de la vertu et de la liberté de l’être humain, le culte du corps et de l’esprit : « Un corps en pleine santé pour abriter un esprit en encore meilleur santé », ce qui fait l’importance qu’il a toujours donné au sport.
Aujourd’hui la journée grecque commence de très bonne heure par un café grec, mélange de café, de sucre et d’eau. Le Grec travaille ensuite de 7 heures 30 du matin à 14 heures de l’après-midi ; il s’arrête alors pour prendre le ouzo (apéritif) ; il déjeune toujours chez lui ; ce repas est le repas principal de la journée, on porte tout sur la table et il n’y a pas d’ordre, comme en Europe, dans la dégustation des mets ; il ne prend pas de café tout de suite après ce repas car il va faire une petite sieste à l’abri de sa maison ou à l’ombre d’un arbre ; à son réveil, il avalera un café accompagné de quelques biscuits puis repartira au travail aux alentours de 18 heures et ce jusqu’à 21 heures. Le Grec ne dîne jamais tant qu’il fait jour, il se promènera jusqu’au coucher du soleil ; ce n’est qu’ensuite qu’il acceptera de dîner. Il se couchera fort tard et ira parfois assister à une de ces séances de cinéma qui se donnent en plein air.
La nature est pleine de petites divinités, chaque chose a sa légende… ainsi celle de Echo et de Narcisse.
Narcisse était un très beau jeune homme qui pensait plus aux jeux des sports qu’aux femmes. Or, une toute jeune fille, fort belle elle aussi et prénommée Echo, en tomba éperdument amoureuse. Ne recevant aucun retour à cet amour, elle se retira dans la montagne et personne n’entendit plus jamais parler d’elle. Alors Narcisse en fut ému et partit à sa recherche. Alors qu’il l’appelait dans la vallée, il entendit comme un son qui se répercutait de montagne en montagne, c’était celui de la voix de cette jeune fille Echo et c’est ainsi qu’on entend toujours ce même son se répercuter et qu’est né l’écho de nos montagnes… alors Narcisse éploré de n’avoir pour toute réponse que ce cri qui s’éloignait et se déjouait de lui, se pencha vers la terre… c’est ainsi que la fleur « narcisse » est née. Chaque fleur, chaque plante, chaque chose de la nature a ainsi sa légende…
Le site d’Olympie est situé à environ 36 km de Katacolon, c’est l’un des plus grands sanctuaires panhelléniques du monde antique. C’est en effet dans ce site paisible, au cœur d’une vallée qui s’étend entre la colline boisée du Mont Kronion, le fleuve Alphée et son affluent le Kladéos, que furent vénérées, plus que partout ailleurs, la force et la résistance humaines.
Lumières d’Olympie
Dis-leur
De se rendre tous à Olympie
Que des milliers d’éphèbes,
Multitude de corps blancs, noirs, jaunes
Aillent se laver près de la Palestre
D’hier, d’aujourd’hui, de demain,
Et d’huile enduire leur âme et leur esprit,
Qu’ils entrent par la crypte grande ouverte dans le stade
Pour se battre.
Non pas dans le massacre et l’incendie,
Non pas avec le couteau, le fer qui brûle
Et la destruction de l’homme par l’homme,
Non pas pour de nouveaux morts, infirmes, malheureux
Mais pour la force et le javelot,
Pour le saut, le disque, la course, la lutte,
La course de chevaux,
La Vertu,
Près de castor ou d’Antipatros
De Diagoras ou d’Alcibiade
Qui unira le monde de l’Antiquité avec celui d’aujourd’hui,
De demain l’éternel
Et vaincra Arès une dernière fois encore.
Là-bas dans la clairière, Olympie
Veille nuit et jour et tresse pour chacun d’eux
Une couronne d’olivier sauvage
De paix grecque
De Paix pour le monde entier
Takis DOXAS
(Poète grec)
En arrivant sur le site, le premier édifice est le Prytanée où se tenait la cérémonie de distribution des prix. Plus au sud, le Philippéeïon et l’Héra Ion, temple dorique dédié à la déesse Héra, en l’honneur de laquelle avaient lieu des "Héraia", courses à pied réservées aux vierges de l’Elide. Au sud est de l’Héra Ion, se trouve le Pélopion, autel consacré à Pélops, qui sonna son nom au Péloponnèse. A proximité de celui-ci se trouve le temple de Zeus (qui date de 472 av. J.C.), d’ordre dorique, qui renfermait la fameuse statue de Zeus, oeuvre de Phidias.
A l’extérieur de l’enceinte sacrée de l’Atlis, nous découvrons le Bouleutérion, où les athlètes prêtaient le serment olympique, le Léonidaion, qui servait d’hôtellerie pour les officiels, le palestre, le Gymnase et les Bains. Au pied du Mont Kronion, gisent les ruines des trésors (il s’agissait de petits édifices qui abritaient les trésors du sanctuaire) et du Nymphaion, bassin semi circulaire. C’est juste après les trésors que se trouvent le Stade et le portique d’Echo, à proximité duquel se trouvait la Maison de Néron.
A l’entrée du site, dans un endroit ombragé, se dresse la stèle érigée en l’honneur du Baron Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux Olympiques.
De sérieux indices laissent à penser que dès l’an 1000 avt J.C. des jeux furent organisés en l’honneur de Pélops et d’Hippodamie ; tout d’abord locaux, ils attirèrent peu à peu l’attention des villes voisines. En 776 avt J.C., Iphilos, souverain de l’Elide, réorganise les jeux en l’honneur de Zeus. La première olympiade est consacrée et, dès lors, tous les quatre ans, eurent lieu les jeux panhelléniques auxquels participent les athlètes venus de toutes les cités états du monde grec. Pendant toute la durée des jeux, une trêve était observée. Il n’y avait ni classement (seul un vainqueur final), ni récompense hormis une couronne de branche d’olivier sauvage, provenant toujours du même arbre, le kalistéfano. Les femmes ne pouvaient pas participer aux jeux et les femmes mariées ne pouvaient non plus y assister.
Les Jeux Olympiques, qui comprenaient la course à pied, la lutte, le pancrace, le pentathlon, les courses de chars et de chevaux ainsi que des concours artistiques et littéraires eurent lieu sans interruption jusqu’en 393 ap. J.C. date à laquelle ils furent interdits par l’empereur Théodose 1er . Ce site fut alors abandonné et, suite à des tremblements de terre et des inondations dans cette région du monde, les monuments s’écroulèrent et restèrent en l’état s’envelississant jusqu’à 7 mètres de profondeur. Ce n’est qu’au XVIe siècle qu’on commença à en dégager les ruines.
Après cette excellente et très instructive matinée sur le site d’Olympie nous revoici au port de Katacolon où les grecs nous ont réservé une petite surprise, nous accueillant pour un ouzo et quelques pas de danse en notre compagnie… puis c’est le retour à bord et un nouvel appareillage à 13 heures, alors que nous déjeunons tranquillement, pour un retour sur l’Italie.
Comme hier, nous passerons notre après-midi en mer, qui a son cours de danse, qui en lecture sur le pont, qui a la recherche d’une piscine ou d’un jacuzzi.
Le soir, après le traditionnel cocktail au Flamenco puis le dîner au Montmartre ce sera une bonne et sympathique soirée "chansonniers" qui nous retiendra aux Folies Bergères
avant de regagner notre cabine où, comme chaque soir, sur nos oreillers nous attend un petit carré de chocolat agrémenté de quelques lignes poétiques en guise de « Bonne Nuit ».
« C’est une mère qui te berce, c’est un cuisinier qui sale ta soupe, c’est une armée de soldats qui te retient prisonnier, c’est une grosse bête qui se fâche, hurle et trépigne quand il fait du vent, c’est une peau de serpent aux milles écailles qui miroitent au soleil. Qu’est-ce que c’est ? - C’est l’Océan, triompha Robinson »
Michel Tournier
(Vendredi ou la vie sauvage)
Vendredi 23 Avril
Décidément nous finissons par nous habituer à ce bruit dans notre cabine et malgré encore quelques réveils intempestifs, j’arrive maintenant à dormir à peu près convenablement sans devoir me demander toutes les cinq minutes si c’est une alerte ou un sifflement de la climatisation !
Dans la nuit, nous avons repassé le détroit de Messine et occupons sainement notre matinée en mer, qui en farniente, qui à la dans, qui en furetant à nouveau de droite et de gauche mais, comme chaque fois tout cela se termine devant un bon vrai cocktail au Flamenco toujours aussi apprécié si l’on en croit la mine réjouit de certain.
La matinée a ainsi passé tranquillement, nous n’avons pas manqué d’aller admirer l’île de Capri qui passe à notre tribord, île que certains d’entre nous reviendront visiter lors de notre escale à Naples.
Nous voici d’ailleurs déjà en manœuvre pour l’accostage après une entrée fort bien réussite dans le port.
Port de Naples – 14 heures
Comme d’habitude, le déjeuner pris au Montmartre fut sans aucun reproche, aussi c’est le cœur léger que nous nous voyons affectés au car n° 5, conduit par Enzo, et ayant pour accompagnateur Jean-Marc tandis que sur le quai de débarquement notre guide Servando nous prend en charge.
Sans tarder davantage, après une jolie traversée de la ville, nous quittons rapidement la grande banlieue sous l’œil manifeste du Vésuve…
« Capitale de la région de Campanie, Naples s’élève en amphithéâtre au bord de l’un des plus beaux golfes du monde, à proximité immédiate du Vésuve. Avec environ 1,3 millions d’habitants (près de 4 millions avec la banlieue), Naples est le centre économique et culturel de l’Italie du sur. D’après la légende, la sirène Panthénope donna son nom à la ville qui s’était développée autour de son tombeau. En réalité Naples naquit d’une colonie grecque, nommée Napolis et conquise par les Romains durant le IVe siècle avt J.C.
« Chacun a de cette ville une image bien définie de cordes à linge chargées de lessive et tendues entre des immeubles qui méritent d’être condamnés. Il y a aussi ces images de gamins espiègles détalant dans les rues, des gesticulations des vendeurs ambulants, des cris des commerçant couvrant les coups de klaxon (le klaxon ici n’est pas un avertisseur sonore, c’est un moyen de communication !)
« Le port de Naples se situe en plein centre ville. La "Stazione maritima" (gare maritime) est un imposant monument abritant quelques boutiques, une poste, des agences de voyages, des bureaux de change… tout pour le confort des nouveaux arrivants). En quittant cette gare, nous pouvons admirer la masse imposante du Castel Nuovo (Palais d’Anjou) ; ce château qui marque l’entrée du port a été construit en 1282 par Charles d’Anjou sur le modèle du château d’Angers.
« Le Vésuve, volcan actif d'Italie se trouve à une douzaine de kilomètres au sud-est de la ville de Naples (Campanie). Cette montagne est constituée en fait de deux volcans bien distincts: le mont Somma (l'édifice le plus ancien), d'une altitude de 1.132 m, et, à l'intérieur duquel, le Vésuve, proprement dit, d'une altitude de 1.281 m. Ce dernier a une forme de cône parfait avec au sommet un cratère pratiquement circulaire d'environ 600 m de diamètre et profond de 200 m.
« Ce volcan est entré dans l'histoire de l'humanité par son éruption cataclysmale de 79 apr. J.-C. Avant cette éruption le mont Somma était une montagne boisée et il n'était pas considéré par les Romains comme un volcan. Soudainement, en l'an 79, le volcan se réveille et, en quelques jours, de violentes explosions expulsent des colonnes de cendres. Celles-ci recouvrent d'un linceul de cendres et de ponces sur une épaisseur de plusieurs mètres les villes, comme la cité de Pompéi, et villas situées au pied du Vésuve. Des nuées ardentes noient sous une matrice de ponces et de blocs le port d'Herculanum sur plusieurs dizaines de mètres. À la suite de cette éruption la partie centrale du mont Somma s'effondre et se forme, à la place, une caldeira en forme de fer à cheval. Par la suite c'est dans cette caldeira que commencera à se mettre en place et à s'édifier le cône du Vésuve.
« Dans deux lettres (livre VI, lettres 16 et 20) que Pline le Jeune adressa à Tacite, les différentes étapes de cette éruption et les circonstances de la mort de son oncle, Pline l'Ancien, furent relatées. Ce type d'éruption, avec des retombées de cendres, est dénommé plinien en hommage à cette première description volcanologique. Après cet événement plusieurs éruptions se produisirent en 203, 472, 512, 685, 787, 968, 991, 999, 1007, 1037, 1139. Il semblerait que le Vésuve ait eu ensuite une longue période de repos d'environ 500 ans.
»Le 16 décembre 1631, le Vésuve se réveilla à nouveau et, en quelques jours (l'éruption se termina le 2 janvier 1632), ses explosions, ses coulées de lave, ses coulées de boue dévastèrent de nombreux villages, causant la mort de plus de 4.000 personnes. À partir de cet épisode éruptif le Vésuve deviendra pendant plus de trois siècles le volcan le plus actif d'Europe et aussi le plus étudié (le premier observatoire volcanologique du monde fut bâti sur les flancs du Vésuve en 1845). Son activité quasi continue se caractérisera par de courtes phases de repos entrecoupées d'éruptions pouvant durer plusieurs années. La dernière activité éruptive du Vésuve remonte à 1944.
« Les laves émises, des basanites à leucites, des téphrites et des phonolites témoignent d'une sous saturation en silice. Toujours surveillé, le Vésuve est actuellement dans une relative période de sommeil.
En une petite demi-heure de route nous avons gagné l’entrée du site de Pompeï… il y a beaucoup de monde, aussi nous commencerons par une visite de l’atelier musée des camées de Torre del Greco.
« La ville de Pompeï existait déjà à l’époque préromaine. Elle fut fortement influencée par les Grecs de Cumes. C’ n’est pourtant qu’une fois devenue colonie romaine, en 80 avt J.C. qu’elle connut son apogée. Les riches Romains, trouvant cette petite ville merveilleusement bien située, y firent construire de luxueuses villas où ils venaient passer l’été. Dans un même élan de satisfaction, les édifices publics furent agrandis et embellis, des temples furent érigés et de nouvelles installations sportives aménagées. Le commerce et l’artisanat se développèrent et devinrent florissant.
« La catastrophe se produisit en 79 après notre ère, après qu’un tremblement de terre ait détruit en 62 ap. J.C., de nombreuses petites villes de Campanie. Pompeï avait, elle aussi, été fortement endommagée par ce tremblement de terre et les travaux de reconstruction n’était pas terminés lorsque le Vésuve, que l’on croyait éteint depuis longtemps et dont on ne se méfait pas, entra en éruption de façon totalement inattendue.
« Les habitants ont été surpris en plein milieu de leurs occupations habituelles. Rares furent ceux qui réussirent à échapper à cet enfer ; la plupart périrent ensevelis, par une pluie brûlante de cendres et de lapili qui ne cessa de tomber trois jours durant, sous une couche de cendres allant jusqu’à 6 mètres d’épaisseur… ensevelis sous cette couche de cendre, empoissonnés par les vapeurs toxiques et écrasés sous des blocs de rochers.
« Cette épaisse couche de cendres conserva la ville morte presque intacte jusqu’aux XVIIe siècle, siècle à partir duquel commencèrent des fouilles systématiques. La vie s’étant brusquement arrêtée en quelques instants à peine, on découvrit peu à peu, au fur et à mesure de l’état d’avancement des travaux, une image saisissante de la vie quotidienne de cette ville à l’apogée de la puissance romaine. C’était une cité commerciale prospère, bruissantes de porteurs, d’artisans, de chiens et ce marchands courant pour éviter les chars et se frayant un chemin dans les rues sur des pierres dressées au-dessus de la chaussée.
« Les murs sont couverts de graffiti (messages d’amour, insultes et annonces électorales… tavernes et bordels ne désemplissaient pas. On trouva même dans les fours du pain dont la cuisson n’était pas terminée. Et puis, tout à coup, on tombe sur les corps ou plutôt sur les empreintes laissées par ces derniers. En 1860, le directeur des fouilles eut l’idée d’injecter dans les espaces qui apparaissaient à mesure que les couches de cendres étaient extraites ; on obtint ainsi des moulages, poignant ce vérité, d’hommes, de femmes, d’animaux pétrifiés et saisis parfois dans une fuite éperdue tandis que des nuages de poussières et de cendres s’abattaient sur eux.
Pénétrant sur le site par la Porta Marina, la Via du même nom nous a conduit jusqu’au Forum, centre de la ville, où se dressaient temples et bâtiments publics : le Temple de Jupiter, le Temple d’Apollon… Nous avons ensuite admirés ce qui reste des Thermes de Stablies dont le luxe et le confort sont surprenants… Nous avons ensuite parcouru la Via d’Abondance, enjambant les passages cloutés de l’époque pour passer d’un trottoir à l’autre ; cette rue était la principale artère commerçante de la ville ; nous avons pu y apercevoir le comptoir sur lequel le boulanger vendait du pain ainsi que les fours où celui-ci était cuit, les jarres d’huile et les pichets de vins à la Taverne, les ateliers du cordonnier, les auberges et les bars, une maison de prostituées aux fresques significatives décorant encore les murs, deux des plus belles maisons praticiennes dont les murs sont ornées de splendides fresques et mosaïques.
Malheureusement le temps nous a manqué pour tout voir mais aussi pour nous recueillir… mais nous avons tout de même pu apercevoir, soigneusement rangés sous un hangar au milieu de tous les trésors de cette ville, quelques moulages criant de vérité : une femme enceinte, un homme allongé, un autre accroupi se protégeant le visage, un chien se tordant de douleur.
Ce soir, avant le dîner, nous sommes invités au salon du Flamenco à un cocktail au champagne offert par les Croisières Pleine Vie. Puis le repas, précédant une soirée costumée sera quelque peu animé… on y dansera et y fera la farandole dans une grande agitation.
Puis rendez-vous au théâtre des Folies Bergères pour une nouvelle représentation de l’Opera Prima Production qui sera suivie un peu plus tard par le défilé des passagers qui ont bien voulu se déguiser et s’inscrire… ils ne sont pas très nombreux mais ont eu le courage et l’audace de le faire… ils seront donc tous récompensés.
Nous attendrons ensuite l’heure fatidique de minuit pour descendre au restaurant Montmartre où le Chef et ses acolytes ou a préparé un somptueux buffet.
Malheureusement l’heure est fort avancée, la foule des « affamés » se fait pressante, le temps des photos n’est pas terminé et… nous mourrons de sommeil… alors ce buffet n’aura été que pour le plaisir de nos yeux et nous regagnons, avec toutefois quelque remord devant tant de succulentes choses, notre cabine…
Et depuis 20 heures, nous naviguons déjà vers le port de Livourne
« J’aime ta mouette, ô mer profonde,
« Qui secoue en perles ton onde
« Sur son aile aux fauves couleurs,
« Plonge dans les larmes géantes,
« Et sort de ses gueules béantes
« Comme l’âme sort des douleurs
Victor Hugo
(Les Châtiments)
Samedi 24 Avril
Comme d’habitude nous nous occupons comme nous le pouvons entre l’heure de la fin de notre petit-déjeuner et l’heure où nous nous donnons rendez-vous au Flamenco, avant de descendre au Montmartre, pour notre désormais plus que traditionnel cocktail… Et décidément ce matin, nous changeons quelque peu nos habitudes du moins pour certains… et pourquoi pas un « petit » casse-croûte de 10 heures sous l’œil apeuré de notre voisin qui n’en croit pas ses yeux de nous voir ingurgiter tant et tant de nouveautés… alors qu’un peu plus loin, sur le même pont, les plus jeunes s’essayent au « barbouillage ».
La navigation de la nuit fut certainement excellente car nous voici à Livourne avec quelque avance sur le programme prévu, ce qui va nous permettre d’assister de près aux manœuvres d’accostage. Le temps est magnifique et il fait bon sur le pont. Cette fois-ci ce n’est pas un remorqueur qui est venu nous chercher à l’entrée du port mais un « pilote » qui est monté à bord pour effectuer la manœuvre et il faut avouer qu’il faut ici une certaine dextérité pour faire faire à ce paquebot un demi tour sur lui-même afin de se présenter à reculons dans le chenal du port…
« Le port de Livourne transite principalement du bois, des produits provenant de l’artisanat florentin, du marbre, de l’albâtre brut ou travaillé, des voitures. C’est l’un des principaux ports de la Méditerranée, des industries lourdent le complètent.
Théâtre des Folies Bergères – 13 heures 15
En raison de la petite avance que nous avons pris, le rendez-vous a été avancé d’une demi heure pour le départ en excursion… cette fois-ci c’est vers Pise que nous allons partir. Nous prenons le car n° 7 avec Cathy comme accompagnatrice et Silvia notre guide nous accueille sur le quai ; très avenante, celle-ci nous distribue tout de suite un petit papier avec les numéros de téléphone portables de deux de ses copines au cas où elle nous perdrait en route… vu la carrure de la Toscane, je me demande s’il ne serait pas de bon office que d’appeler l’un ou l’autre de ces numéros mais… restons sérieux…
Son baptistère, sa cathédrale, son Camposanto (cimetière) et sa célèbre tour
Dès notre arrivée à Pise, je suis extrêmement surpris du décor et de l’ensemble architectural qui s’offrent à mes yeux. J’avais bien entendu parler de Pise et de sa tour mais jamais, ô grand jamais ! je n’avais imaginé une telle beauté d’ensembles. Je pensais que Pise était une ville italienne comme bien des villes avec cependant une particularité : cette fameuse tour qui penche… Et bien le site, nous pouvons ici aussi parler de site, est tout autrement que ce que mon imagination me l’avait forgé. Et nous aurons la chance suprême d’avoir une guide locale des plus intéressantes tout en étant des … plus mignonnes… connue de tous sur la place publique et nous ouvrant, en sa compagnie ou seuls après durant notre temps libre, toutes les portes…
« Des airs de petite capitale d’où la vie se serait quelque peu retirée, telle apparaît Pise dont les admirables monuments rappellent la grandeur passée. Plus spacieuse que Florence, et moins austère de par ses façades tour à tout jaunes, roses ou ocres, elle est comme cette dernière arrosée par l’Arno qui décrit en cet endroit l’une de ses courbes les plus majestueuses. Elle teint aussi son charme d’une certaine allure aristocratique, de la douceur de vivre qu’elle semble prodiguer, de la qualité particulière de sa lumière, due sans doute à la proximité de la mer.
Nous n’aurons guère le temps de parcourir que rapidement une toute petite partie de cette ville afin de nous laisser tout le loisir nécessaire pour découvrir l’ensemble de la Place des Miracles et y revenir ensuite après avoir effectué tout de même quelques petits achats dont la célèbre marionnette de Pinocchio.
« La Place des Miracles, place prestigieuse, réunit en effet, dans un rapport d’exceptionnelle harmonie, quatre édifices composant un ensemble monumental qui compte parmi les plus célèbres du monde. Bordée sur les deux côtés par une mince enceinte de briques rouges, elle se présente comme un vaste champ clos sur lequel se dressent, éclatantes, les masses en marbre blanc du Baptistère, du Dôme et de son fameux Campanile, ou Tout penchée ; en toile de fond, le Camposanto (cimetière) déploie sa longue série d’arcades aveugles, elle aussi en marbre blanc.
« Le Baptistère est un majestueux édifice bâti sur plan circulaire, dont la circonférence atteint près de 110 mètres pour une hauteur d’un peu moins de 55 mètres. Sa construction s’échelonna sur 250 ans. L’intérieur est imposant, avec ses hautes arcades superposées et sa profonde coupole. Il frappe surtout par sa noblesse et sa luminosité. La pièce maîtresse est la cuve baptismale, octogonale ; elle fut exécutée en 1246 ; on y baptisait les fidèles par immersion. On y trouve aussi une admirable chaire même si cette dernière est plus sobre que celle de la cathédrale attenante.
« La Cathédrale est de style roman ; son intérieur est solennel et lumineux. Sa construction débuta en 1063 et ne s’acheva qu’au milieu de 12e siècle par un agrandissement du transept et un allongement de la nef. Contrastant avec cette solennité, un effet de grâce et de légèreté est créé par les galeries étagées de la façade. Dans cette façade, décorée de fins motifs géométriques en marqueterie et mosaïques de marbres et de terres émaillées polychromes, est encastré le tombeau de Buscheto (maître d’œuvre qui en commença la construction). L’intérieur présente moins d’unité que l’extérieur. Très imposant avec ses 100 mètres de longueur, ses cinq nefs, son abside profonde et sa coupole légèrement ovale, il présente, par le jeu de ses soixante huit colonnes, une étonnante multiplicité de perspectives. Il y a lieu de s’arrêter aussi pour admirer la splendide chair, véritable chef-d’oeuvre de puissance et de légèreté.
« La Tour penchée, haute de 55 mètres n’est autre que le Campanile et Beffroi de la cathédrale. Elle est devenue le symbole de Pise. Sa célèbre inclinaison (environ 5 mètres par rapport à un axe central vertical) lui a valu de compter parmi les monuments les plus visités du monde. Cette anomalie, dont on est aujourd’hui certain qu’elle ne fut pas voulue par l’architecte, est de fait due à la nature alluviale du terrain, insuffisamment résistant pour supporter le poids d’un tel édifice (14.000 tonnes). Quand Bonnato Pisano et Tedescho se mirent à leur planche à dessin vers 1172 pour tracer les plans du campanile, ils le conçurent avec un soubassement, six étages de galeries et la lanterne. Mais lorsqu’on arriva à la troisième corniche, les fondations se révélèrent insuffisantes, la tour commençant à pencher, et l’ouvrage fut abandonné en l’état. Un siècle plus tard, Giovanni di Simone reprit le projet, allégeant le poids du côté qui penchait et modifiant l’inclinaison. En 1350, la lanterne à sept cloches avait été ajoutée, mais on ne les fait jamais sonner de nos jours pour éviter les vibrations. Beaucoup plus tard, dit-on, Galilée aurait utilisé l’inclinaison de la tour pour vérifier ses expériences sur la chute des corps. Fermée au public ces dernières années, les experts semblent être finalement parvenus à suffisamment stabiliser les fondations pour qu’elle ait pu être rouverte au public depuis fin 2001.
Ce soir, dès notre retour à bord, nous sommes quelque peu bousculés car c’est l’heure des rangements, des bagages et de la nostalgie qui s’installe en nous… Cette croisière ce fut tellement dans notre futur, ce fut tellement dans notre instant présent et demain ce ne sera plus qu’un souvenir, un souvenir merveilleux certes mais un souvenir qui entre désormais peu à peu dans notre passé…
Vers 19 heures alors que nous sommes au Flamenco pour achever nos cartes de consommation, le Costa Allègre quitte le port, laissant à bâbord l’île de Gorgona qui s’estompe maintenant par notre hublot, il entre en mer Ligurienne et met le cap sur Toulon…
Dernier dîner, une nouvelle fois de gala… demain ce sera à nouveau la « tambouille » de tous les jours… alors profitons-en pleinement une dernière fois et donnons à nos palais tout le charme qu’il se doit :
Magret de canard fumé avec confiture de poires et petite salade de saison
Consommé avec julienne de crêpes aux tomates
Pâtes farcies de viande et parmesan
Escalopes de veau servies avec pommes Duchesses et poires caramélisées
Petite salade composée et de saison
Plateau de fromages italiens et internationaux,
servis avec des crackers, des noix et des fruits secs
Pâtisserie spéciale du chef
Nous n’irons tout de même pas ensuite au Yacht Club voir ce qu’il y a de bons à déguster… d’ailleurs nous sommes bien rassasiés pour cette fin de croisière. Non, nous nous rendrons, après le repas, pour une dernière soirée au théâtre des Folies Bergères où Marie Giraud offre un récital.
Puis, après un dernier tour sur le pont par une belle nuit où la Méditerranée chante tout doucement pour nous, nous regagnons notre cabine.
« L’Océan sonore
« Palpite sous l’oeil
« De la lune en deuil
« Et palpite encore
« Tandis qu’un éclair
« Brutal et sinistre
« Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament
Ou l’ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement
Paul Verlaine
(Poèmes saturniens III)
Dimanche 25 Avril
Après ces 1949 milles marins parcourus (plus de 3.600 kilomètres en bateau !), nous revoici de bonne heure sur le pont pour cette rentrée en rade de Toulon.
C’est à nouveau un Pilote qui est monté à bord et qui effectue les manœuvres. Nos bagages ont déjà tous été ramassés et, dans les coursives du pont inférieur, n’attendent plus qu’à être débarqués.
Adieu aux uns, adieu aux autres, adieu au bateau… mais ce n‘est, souhaitons-le, qu’un « au revoir ».
En bus et bien encadrés nous rejoignons la gare de Toulon où nous attendra une longue attente avant l’arrivée de notre TGV et alors que déjà arrivent de toutes parts de nouveaux croisiéristes qui, tout à l’heure, s’embarqueront à leur tour pour de nouveaux horizons… tandis que nous regagnerons notre demeure en attendant de nouvelles et prochaines aventures.
Un grand MERCI
à l’équipage tout entier,
à tous nos accompagnateurs et à nos guides,
au personnel du bateau : cuisine, restauration, cabine et autres
pour leur gentillesse, l’ambiance générale de la vie à bord et surtout pour
la parfaite organisation
nous ayant rendu une vie plus facile et sans souci durant cette semaine en mer,
aux artistes :
les danseurs de Opera Prima Production, leur acrobate Oxana Solamanchuk
et leur chanteuse Catherine Eterny.
le ventriloque, Christian Gabriel
le chanteur, Yves Duteil,
la chansonnière, Florence Brunold
la chanteuse, Marie Giraud
pour leur sympathique prestation aux folies Bergères
enfin au conférencier-historien :
Jean-Claude Lescure
pour la transmission de son savoir
Bon vent et bonne mer à tous
Philippe et Dominique Morize