Mes vingt ans

Le soleil se levait à l’horizon opale
L’alouette achevait sa chanson matinale
La joie était partout dans chaque fleur nouvelle
Aux bois, aux prés, surtout au nid de l’hirondelle
Et moi-même joyeux du retour du printemps
Je me suis mis à chanter comme on chante à vingt ans.

Puis je vis s’avancer une enfant blonde et belle
Comment vous retracer ce qui charmait en elle
Et rien qu’en la voyant au bord de l’onde pure
Se pencher souriante, on l’aimait je le jure
Et moi qui l’aperçu hélas ! Quelques instants
Je me mis à rêver comme on rêve à vingt ans.

Je vis le lendemain, non plus au bord de l’onde
Mais au bord du chemin la jeune fille blonde
Alors ils étaient deux à deux, l’âme est joyeuse,
Comme il était heureux, comme elle était heureuse
Et moi-même jaloux de les voir si contents
Je me mis à pleurer comme on pleure à vingt ans.

L'âge d'amour

On dit partout dans le village
Que je suis encore une enfant
Un tel discours vraiment m’outrage
Pourquoi n’aurais-je pas d’amant
Je suis jeune, fraîche et gentille
pourtant nul ne me fait la cour
Mais je ne veux pas rester fille
J’ai seize ans et c’est l’âge d’amour. (bis)

Déjà je vois que mes compagnes
Ont fait choix de leurs amoureux
Le dimanche dans la campagne
Je les vois aller deux par deux
Le dimanche elles se font belles
Et vont aux fêtes d’alentour
Pourquoi ne ferais-je pas comme elles
J’ai seize ans et c’est l’âge d’amour. (bis)

Oui c’est Eugène que je préfère
Lui seul au bal me fait danser
mais plus je m’efforce à lui plaire
Plus il semble me délaisser
Si dans mon cœur il pouvait lire
Que je serais heureuse un jour
Mes yeux semblent pourtant lui dire
J’ai seize ans et c’est l’âge d’amour. (bis)

Toutes mes nuits ne sont qu’un rêve
A la fois doux et turbulent
C’est un amant qui me soulève
Entre ses bras légèrement
Ma vision s’enfuit bien vite
Et le matin quand vient le jour
A mon réveil mon cœur palpite
Car j’ai seize ans et c’est l’âge d’amour. (bis)

L’amour, dit-on, n’est que folie
C’est un plaisir qui dure peu
On dit aussi qu’en cette vie
En fait d’amour tout n’est qu’un jeu
Eh bien ce jeu me fait envie
Je veux aimer, rire à mon tour
En attendant qu’on me marie
J’ai seize ans et c’est l’âge d’amour. (bis).

Le Printemps des Amours

Te souvient-il du beau jour, Madeleine,
Où nous allions comme deux fiancés
Dans le grand bois sur l’écorce d’un chêne
Graver nos noms l’un à l’autre enlacés
Deux rossignols cachés dans le feuillage
En gazouillant, volaient autour de nous
Et semblaient dire dans leur tendre langage
C’est le printemps, mes enfants, aimez-vous.

Refrain

L’arbre grandit la feuille pousse
Et l’écorce garde toujours
Nos deux noms habillés de mousse
En souvenir, en souvenir de nos amours.

De ce beau jour te souvient-il mignonne
Qu’il faisait bon à courir dans les blés
Comme il brillait ton front sous sa couronne
De gros bleuets arrachés dans les prés
Puis au retour comme sur mon épaule
Ta tête aimait gaîment à se poser
Du grand étang nous comptions chaque saule
en échangeant sous chacun un baiser.

Au Refrain

De mon bonheur, voici l’anniversaire
Et je reviens comme au dernier printemps
Revoir encore le chêne séculaire
Où sont gravés nos noms et tes serments
Rien n’est changé de l’aubépine blanche
Je sens dans l’air les parfums les plus doux
Le rossignol lui-même est sur sa branche
mais moi je viens tout seul au rendez-vous.

Au Refrain

Oh ! Dans ton cœur qui sait belle oublieuse
si le passé ne s’éveillera pas
A l’arbre alors tu reviendras rêveuse
Et chercheras la trace de nos pas
mais tout sera de glace à ton passage
Le rossignol en te voyant venir
Indifférent, cessera son ramage
Tout sera mort, tout jusqu’au souvenir.

L’arbre grandit la feuille pousse
Et l’écorce garde toujours
Nos deux noms habillés de mousse
En souvenir, en souvenir de nos amours.

Les Corsaires de Venise

Quand la fraîche et douce brise
Semble caresser les eaux
La Zénéla de Venise
Monte à bord de son bateau
La barque de la fillette
Qui s’éloigne loin du bord
Le pilote qui toujours guette
La prend, la mène à son bord
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

Refrain

La nuit vient, le vent s’élève
Gondolier le temps est noir
Reviens vite sur la grève
Sois prudent, voici le soir
Reviens vite sur la grève
Sois prudent
Sois prudent
Voici le soir.

2ème Couplet

Mais bientôt le téméraire
Emmena la fille en pleurs
Elle crie, se désespère
Il méprise sa douleur
Du sérail, dit-il, ma belle
Viens embellir le séjour
Surtout ne sois pas rebelle
Tu seras sultane un jour.

Au refrain

3ème Couplet

Pars bien vite l’orage gronde
Suis l’objet cher à ton cœur
Moins belle pour le monde
que Zénéla, pauvre fleur
Du pirate et du corsaire
Gardes en le souvenir
Veille sur ta ménagère
Il pourrait te la ravir.

Refrain

La nuit vient, le vent s’élève
Gondolier le temps est noir
Reviens vite sur la grève
Sois prudent, voici le soir
Reviens vite sur la grève
Sois prudent
Sois prudent
Voici le soir.

Les Hirondelles frileuses

Nous les hirondelles frileuses
Nous avons traversé les mers
Des cités tumultueuses
Nous revenons peupler les airs
Notre aile noire fait le givre
Notre duvet craint les antan
Avec l’homme nous aimons vivre
Nous lui ramenons le printemps.

Refrain

Adieu, pays des lauriers roses
Où dans les fleurs écloses
Chantent les colibris
Sur le chaume, au flanc des tourelles
Nous revenons fidèles
Chercher nos vieux abris.

2ème Couplet

Des palais aux vastes arcades
Où les rois se tiennent blottis
sous l’arcade des colonnades
Nous voyons naître nos petits
Et pendant que la sentinelle
Veille au seuil de la royauté
Nous fendons l’air à grands coups d’aile
Et nous chantons la liberté.

Refrain

3ème Couplet

Nous aimons la vieille mansarde
Où la marjolaine est en fleurs
Où l’ouvrière nous regarde
Avec des yeux mouillés de pleurs
Il suffit à notre famille
D’une mouche ou d’un vermisseau
Elle, bien tard, pousse l’aiguille
Pour nourrir son fils au berceau.

Refrain

4ème Couplet

Nous aimons les toits des chaumières
Aux murs de lierre garnis
Là les grandes roses trémières
Poussent leurs fleurs jusqu’à nos nids
Le pays naïf nous aime
Nous respectons ses fruits, ses blés
Si les moineaux faisaient de même
Leurs nids ne seraient pas troublés.

Refrain

5ème Couplet

Quand nous rasons les cheminées
Des prisonniers ou des martyrs
Nous sommes toutes consternées
De leurs sanglots, de leurs soupirs
Ainsi que vous, les hirondelles
Aiment à construire des maisons
Mais elles s’aiment trop entre elles
Pour jamais construire des prisons.

Refrain

L'Aveugle

J’ai senti dans ma chevelure
La brise odorante du soir
L’été prodigue à la nature
Ses fleurs, ses parfums son espoir
Cependant une magique lyre
Semble s’éveiller sous mes pas
L’été règne dans un sourire                           )
Oh ! Oui, oh ! Oui, mais je ne le vois pas.     ) bis

Quand pour le bal toute parée
Ma fille vient baiser mon front
Mon sœur la suit à la soirée
Et je me dis « Ils la verront »
Si quelqu’un murmure : c’est elle
Je tressaille au bruit de ses pas
Je sens qu’elle doit être belle                         )
Oh ! Oui, Oh ! Oui, mais je ne la vois pas.    ) bis

Elle est la sans cesse à toute heure
M’entourant de ses soins pieux
Elle pleure lorsque je pleure
Et sa gaîté me rend joyeux
Quand viendra ma dernière aurore
Je pourrai mourir en ses bras
Je pourrai l’embrasser encore                         )
Oh ! Oui, Oh ! Oui, mais je ne la verrai pas. ) bis

Les toasts à la Patrie

Dans un banquet où chacun à la ronde
Vidait sa coupe à son dernier amour
Où l’on trinquait à la brune, à la blonde
O* l’on fêtait ces idoles d’un jour
Un homme dit : « Buvez à vos maîtresses
Indifférents, buvez à vos plaisirs
Noyez vos cœurs dans de folles ivresses
Je porte un toast à d’autres souvenirs.

Refrain

Je bois aux légions des fils de la patrie
Marceau, Hoche et Kléber, à tous ceux dont le nom
Au rang des défenseurs de la France envahie
Rayonne en lettres d’or aux murs du Panthéon.

2ème Couplet

Ceux là pour qui je lève ici mon verre
Avaient dans l’âme un amour plus sacré
Car leur idole était une guerrière
Sans maquillage et sans chignon doré
Elle ignorait cet argot de vos filles
La liberté de ses baisers ardents
Ne souillait pas l’honneur de vingt familles
Et vers la gloire entraînait ses enfants.

Au Refrain

3ème Couplet

Je bois à vous, soldats de ma patrie
Qui sans habits, sans souliers et sans pain
sur le chemin de la France meurtrie
Alliez au pas escortés par la faim
Je bois à vous, ô phalanges stoïques
A vous soldats, généraux de vingt ans
Ou fiers marins du Vengeur héroïque
Que l’Océan a gardé dans ses flancs.

Au Refrain

Belle Patrie, te reverrai-je un jour ?

Un vieux guerrier poursuivi par l’orage
Contait sa peine à l’écho du vallon
L’écho caché sous un épais feuillage
De cette voix étrangère au bocage
Redit ainsi la plaintive chanson.

Refrain

Terre chérie, objet d’amour
Belle patrie, te reverrai-je un jour
Belle patrie, te reverrai-je un jour.

2ème Couplet

J’ai tout perdu quand j’ai quitté la France
Vingt ans de gloire et le malheur d’un jour
Méritaient-ils cette longue souffrance
que n’ose hélas adoucir l’espérance
Je suis banni, le suis-je sans retour.

Au Refrain

3ème Couplet

Proscrit servant sur ce sol de vaillance
Où mes exploits illustrèrent mon bras
Seul au passé je garde souvenance
Et mes enfants traînent leur existence
Où tant de fois j’affrontai le trépas.

Au Refrain

4ème Couplet

Le pain d’exil est nourriture amère
Pour un Français mon destin est affreux
Mais je saurai supporter ma misère
Et je pourrai à mon heure dernière
Revoir encore le toit de mes aïeux.

Au Refrain

Une chanson française dans un cabaret d'Alsace

Dans un cabaret de l’Alsace
pour trinquer à l’ancien pays
Autour d’une table ont pris place
Des citoyens aux traits hardis
Ils viennent d’une voix sonore
D’entonner un refrain français
Quand la fille au nœud bicolore
Entre et leur dit « Amis, cessez. »

Refrain

De leurs soldats la patrouille s’avance
Ecoutez le bruit de ses pas
Pauvres proscrits, chantez, chantez plus bas
Si vous voulez chanter la France.

2ème Couplet

Pour vous rappeler la Patrie
Buvez ce vin de mes coteaux
La vigne autrefois fut rougie
Du sang vermeil de nos héros
que chacun me tende son verre
Et le vide au pays absent
Jamais une bouche étrangère
N’en boira, j’en fais le serment.

Refrain

De leurs soldats la patrouille s’avance
Ecoutez le bruit de ses pas
Pauvres proscrits, chantez, chantez plus bas
Si vous voulez chanter la France.

3ème Couplet

Mais l’un d’eux qui sur sa poitrine
Portait l’étoile de l’honneur
Dit en dressant sa fière mine
« France, je bois à ta grandeur »
Et tandis que devant la porte
Les soldats passaient lentement
Ses compagnons d’une voix forte
Redirent tous en se levant.

Refrain

De leurs soldats la patrouille s’avance
Qu’importe le bruit de ses pas
En souvenir de nos anciens soldats
Chantons une chanson de France.

Le Baiser des Adieux

Avril tisse une robe verte
À toutes les branches des bois
Et seul, dans ma chambre déserte
Mon cœur se souvient d’autrefois.
Toi qui fus toute ma jeunesse
Avec les baisers du printemps
O Lise, infidèle maîtresse
Reviens au nid de nos vingt ans (bis)
Que ma lèvre à ta lèvre encore un soir se grise
Des chansons du passé, des éclairs de tes yeux
Et quand tu partiras que tout mon cœur se brise
Dans le dernier baiser (bis) de nos derniers adieux.

2ème Couplet

O ma brune capricieuse
À l’ancien nid si tu reviens
Reployer ton aile oublieuse
Tu verras si je me souviens.
Dans un cadre entouré de lierre
Au mur tu te retrouveras
Près de l’étagère où mon verre
Garde ton bouquet de lilas (bis)
Que ma lèvre à ta lèvre encore un soir se grise
Des chansons du passé, des éclairs de tex yeux
Et quand tu partiras que tout mon cœur se brise
Dans le dernier baiser (bis) de nos derniers adieux.

3ème Couplet

Si la brise en passant t’apporte
Le doux écho de nos amours
Pour venir frapper à ma porte
Laisse ta robe de velours.
Tu n’as pas besoin de dentelles
Pour ensoleiller mon grenier
Et tu me sembleras plus belle
Sans les perles de ton collier (bis)
Que ma lèvre à ta lèvre encore un soir se grise
Des chansons du passé, des éclairs de tes yeux
Et quand tu partiras que tout mon cœur se brise
Dans le dernier baiser (bis) de nos derniers adieux.

La voix des Fleurs

Te l’as-t-on dit, les fleurs ont un langage
Pour le savoir mignonne si tu veux
Dans le jardin mettons nous en voyage
Ouvre ton cœur encore plus que tes yeux
Vois, le soleil est près de disparaître
Ses feux pourpres embrasent l’horizon
Sens-tu dans l’air ce parfum qui pénètre
Parfums de fleurs, de mousse et de gazon.

Refrain

Vois les fleurs frémissantes sous la rosée en pleurs
Se dresser plus brillantes en leurs fraîches couleurs
Entends leur voix charmante
Entends parler les fleurs.

2ème Couplet

Te souvient-il des blanches pâquerettes
Que tu cueillais sur le bord du chemin
En un instant tu voyais les pauvrettes
Pencher la tête et mourir dans ta main
C’est leur destin de se faner si vite
Ces tendres fleurs, oracles des amants,
Pour te parler te trouvaient trop petite
Pour les cueillir il faut avoir seize ans.

Au Refrain

3ème Couplet

Le lis trop lourd sur sa tige tremblante
Penche isolé dans sa blanche candeur
Auprès de lui la rose triomphante
A tous les vents semble jeter son cœur
Un peu plus loin myosotis et pervenche
Me font rêver à l’azur de tes yeux
Ces tendres fleurs où ta lèvre se penche
parlent d’amour à mon cœur amoureux.

Au Refrain

4ème Couplet

Mais le sais-tu le seul parfum qui dure

Est remplacé dans la plus humble fleur
Qui tomberait pour moi de ta ceinture
après avoir reposé sur ton cœur
Je la mettrais, mignonne dans un livre
Si le destin vient à nous désunir
La fleur fanée à l’amour peut survivre
J’écouterais parler ton souvenir.

Au Refrain

Ma Jeanne

J’ai retrouvé, charmant trésor
Les bonnes lettres de ma Jeanne
Bouquets, serments que sais-je encore
Bien vite tout cela se fane
Je voyais en les regardant
Les belles pages de ma vie
Aveux échangés en rêvant
Courses folles dans la prairie.

Refrain

Bouquets fanés, fleurs sans parfum
Chiffons, rubans, bouts de dentelles
Souvenirs des amours défunts
Oh ! Parlez-moi, parlez-moi d’elle.

2ème Couplet

C’était au temps des boutons d’or
Au temps des aubépines blanches
Je m’en souviens fort bien encore
Le soleil vivait dans les branches
Mon cœur battait à se briser
Jeanne marchait paupières closes
Je cueillis avec un baiser
Un aveu sur ses lèvres roses.

Refrain

Bouquets fanés, fleurs sans parfum
Chiffons, rubans, bouts de dentelles
Souvenirs des amours défunts
Oh ! Parlez-moi, parlez-moi d’elle.

3ème Couplet

Souvent je revois en rêvant
Notre radieuse chambrette
Près du foyer en travaillant
Jeanne dit une chansonnette
mais aux beaux jours quittant le feu
Pour moissonner les fleurs nouvelles
Nous allions sous le grand ciel bleu
Libres comme des hirondelles.

Refrain

Bouquets fanés, fleurs sans parfum
Chiffons, rubans, bouts de dentelles
Souvenirs des amours défunts
Oh ! Parlez-moi, parlez-moi d’elle.

4ème Couplet

Jeanne repose tout là-bas
Au bonheur j’ai fermé ma porte
Je crois que l’on a mis hélas
Mon cœur avec la pauvre morte
Sur sa tombe à chaque printemps
La fleur s’épanouit dans l’herbe
Les oiseaux chantent ses vingt ans
Le soleil rit au ciel superbe.

Refrain

Bouquets fanés, fleurs sans parfum
Chiffons, rubans, bouts de dentelles
Souvenirs des amours défunts
Oh ! Parlez-moi, parlez-moi d’elle.

Le soldat de Marsala

Nous étions au nombre de mille
Venus d’Italie et d’ailleurs
Garibaldi dans la Sicile
Nous déployait en tirailleurs
J’étais un jour seul dans la plaine
Quand je vis en face de moi
Un soldat de vingt ans à peine
Qui portait les couleurs du roi
Je vis son fusil se rabattre
C’était son droit. J’arme le mien
Il fit quatre pas, j’en fis quatre
Il visa mal, je vise bien.

Refrain

Ah ! Que maudite soit la guerre
Qui fait faire de ces coups là
Qu’on verse dans mon verre
Le vin de Marsala.

2ème Couplet

Il fit demi-tour sur lui-même
Pourquoi diable m’a-t-il raté
Pauvre garçon, il était blême
Vers lui je me précipitai
Ah ! Je ne chantais pas victoire
mais je lui demandai pardon
Il avait soif, je le fis boire
D’un trait il vida mon bidon
Puis je l’appuyai contre un arbre
Et j’essuyais son front glacé
Son front sentait déjà le marbre
S’il pouvait n’être que blessé.

Au Refrain

3ème Couplet

Je voulus panser sa blessure
J’ouvris son uniforme blanc
La balle sans éclaboussure
Avait passé du cœur au flanc
Entre le drap et la chemise
Je vis le portrait en couleur
D’une femme vieille et bien mise
Qui souriait avec douceur
Depuis j’ai vécu, Dieu sait comme
Mais tant que cela doit durer
Je verrai mourir le jeune homme
Et la bonne dame pleurer.

Refrain

Ah ! Que maudite soit la guerre
Qui fait faire de ces coups là
Qu’on emporte mon verre
C’était à Marsala.

Il faut aimer un jour

Oh ! Vous qui jurez follement
De n’aimer jamais dans la vie
Ah ! Renoncez à ce serment
Car d’honneur c’est une lie
Ou vous avez connu l’amour        )
Ou vous le connaîtrez un jour.      ) bis

De la nature c’est la loi
Tout doit aimer sur cette terre
Jeunes fillettes croyez moi
Ne gardez pas un ton sévère
Puisqu’il faut connaître l’amour    )
N’attendez pas au dernier jour.     ) bis

Voyez ce jeune troubadour
Qui chante et redit sur sa lyre
Plaisirs et souvenirs d’amour
A sa maîtresse, il semble dire
Pourquoi résister à l’amour              )
Puisqu’il faut le connaître un jour.   ) bis

Moi-même autrefois je voulais
 Ne pas aimer et rester sage
J’ignorais ce que je disais
Et j’ai bien changé de langage
Je vous vis et soudain l’amour         )
Me dit-il « il faut aimer un jour. »    ) bis

J'attends

Que fais-tu là, pauvre poète
Dans tes quatre murs, enfermé,
Ton âme rêveuse inquiète
N’a donc plus soif d’air parfumé
Le premier bourgeon va s’ouvrir
Aux premiers souffles du printemps
Que fais-tu là quand tout respire.

J’attends. (ter)

2ème Couplet

La nature a fait sa toilette
Elle a pour de prochains ébats
Mis sa robe de violettes
Et son écharpe de lilas
Viens et mêle ta poésie
A tous les échos palpitants
Pourquoi veux-tu fuir la vie.

J’attends. (ter)

3ème Couplet

N’es-tu que l’ombre de toi-même
Que faut-il donc pour t’émouvoir
Te dire que celle qui t’aime
Implore tes baisers ce soir
Au souvenir de ses doux charmes
Que ton cœur s’ouvre à deux battants
Que fais-tu les yeux pleins de larmes.

J’attends. (ter)

4ème Couplet

J’attends que mon pays recouvre
La vie avec la liberté
J’attends que cette porte s’ouvre
A la France ressuscitée
J’attends l’Alsace et la Lorraine
Qu’un jour nous donnera le temps
J’attends la revanche prochaine.

J’attends. (ter)

Mes illusions

Il est pour nous un âge exempt d’alarmes
Dont nous aimons tous à nous souvenir
Je t’ai connu ce passé plein de charmes
Hélas pour moi trop tôt il dût finir
Quand je quittai mon paisible village
Dans l’avenir je voyais des beaux jours
Rêves charmants qui berciez mon jeune âge
Illusions, égarez moi toujours.

2ème Couplet

Quand je connus les besoins de la vie
Lorsqu’à seize ans je courus les hasards
Tout souriait à mon âme ravie
Mon cœur s’ouvrit pour aimer tous les arts
O poésie aimable enchanteresse
Grisant mon cœur de séduisants discours
Tu me promis une éternelle ivresse
Illusions, égarez moi toujours.

3ème Couplet

Quand je connus les baisers d’une femme
Quand de l’aimer un jour je fis serment
On me disait « ce n’est qu’un peu de flammes »
L’amour hélas, ne dure qu’un moment
Et cependant, ô ma Jeanne, je t’aime
Comme au printemps de nos jeunes amours
L’homme a vieilli mais le cœur est le même
Illusions, égarez-moi toujours.

4ème Couplet

On me disait « il n’est plus d’espérance
N’aspire plus au repos, à la paix
De ton pays longue fut la souffrance
Espoir, bonheur n’y rentreront jamais »
Et cependant une aurore nouvelle
Se lève au loin chassant de noirs vautours
La liberté va renaître avec elle
Illusions, égarez-moi toujours.

5ème Couplet

Bercez moi donc, ô riantes chimères
Endormez moi dans une douce erreur
Les mérites sont parfois bien amères
Pour être heureux il faut croire au bonheur
quand le destin voudra que je succombe
Prêt à descendre aux ténébreux séjours
Je veux encore vous voir près de ma tombe
Illusions, égarez-moi toujours.

Le cimetière du village

Voyez ce champ couvert de fleurs
Qui longe le vieux presbytère
Là dorment d’humbles laboureurs
Qui passèrent sans bruit sur la terre
A l’entrée un saule puissant
Entoure une croix qu’il ombrage
Cette croix dit : Voici, passants       )
Le cimetière du village.                    ) bis

2ème Couplet

Comme il est calme et recueilli
Le champ que le trépas habite
L’hiver ne l’a jamais vieilli
L’été le soleil le visite
Lorsque le mois de Mai vermeil
Parfume tout sur son passage
Il semble sourire au soleil       )
Le cimetière du village.          ) bis

3ème Couplet

Là, jamais de marbre orgueilleux
Ni d’épitaphe mensongère
On y doit reposer bien mieux
Car chacun a son coin de terre
Partout, sous la mousse abrité
On lit un nom, pas davantage
Il enseigne l’égalité                )
Le cimetière du village.          ) bis

4ème Couplet

Dirait-on qu’en ce frais séjour
La mort de ses lèvres cruelles
Bois votre sang, jeunesse, amour
Et nous laisse un peu d’immortelles
Pourtant c’est là que Rose dort
Rose, ma mie au doux visage
Il renferme tout mon trésor    )
Le cimetière du village.          ) bis

5ème Couplet

Quand vient le dimanche au matin
En revenant de notre église
Je vais un bouquet à la main
Fleurir le lit de ma promise
Je lui parle comme au bon temps
Et ça me donne du courage
Il flétrit les fleurs de vingt ans           )
Le cimetière du village.                     ) bis

6ème Couplet

Laissez moi pleurer un moment
Sur cette tombe encor ouverte
Ce sera là mon logement
Quand ma chambre sera déserte
O ma mie, ô *Rose, de toi
Dans mon cœur il reste une image
Qu’il ne peut prendre qu’avec moi    )
Le cimetière du village.                     ) bis

Encore un baiser

Vois tu la voile qui s’agite
Avec la brise du matin
Adieu, ma Laure, je te quitte
Je pars pour un pays lointain
Aujourd’hui le vent est propice
La mouette annonce un beau jour
Que toujours le ciel nous bénisse
Qu’il te conserve à mon amour.

Refrain

Ma Laure, aimable et tendre il faut nous séparer
Adieu, laisse-moi prendre encore un doux baiser. (bis)

2ème Couplet

Lorsque sous le ciel un nuage
Soudain viendra frapper mes yeux
Je lui dirai : sur mon virage
Porte mes soupirs amoureux
Tu verras, Laure, ma maîtresse
Les lieux de nos tendres amours
Demande leur si sa tendresse
Pour moi se conserve toujours.

Ma Laure etc.

3ème Couplet

Lorsque je verrai l’hirondelle
Sur le grand mat se reposer
Je comprendrai que de ma belle
Elle m’apporte un doux baiser
Je lui dirai : « Tu viens de France
M’apportes-tu des mots d’amour
Dis moi pour calmer ma souffrance
Qu’on demande au ciel mon retour.

Ma Laure etc.

Les trois Fauvettes

Par un doux matin de printemps
Trois fauvettes, assez friponnes
A travers les bleuets des champs
S’en allaient courir, folichonnes
Les lutinant par leur babil
Trois pinsons suivaient les coquettes
Ah ! Disaient-ils, voici l’Avril
Mais dangereux pour les fauvettes.

Refrain

Daignez accepter nos trois ailes
Murmuraient les petits pinsons
Car nous sommes tous les trois garçons
Et vous êtes trois demoiselles
Tous les six au bois nous iront
Cueillir la fraise sans façon
Mesdemoiselles.

2ème Couplet

Elles prirent un petit bois
Fuyant la plaine ensoleillée
Mais les pinsons en tapinois
Les suivirent sous la feuillée
Elles disaient aux polissons
Nous demeurons dans nos familles
Pour la rose nous concourons
Car nous sommes d’honnêtes filles.

Daignez accepter nos trois ailes etc.

3ème Couplet

Près d’un l’on s’arrête
Et les fauvettes vagabondes
Becquetèrent par ci, par là
Des raisins dans les vignes blondes
Puis nos trois pinsons un peu gris
S’offrirent à servir de guides
Pour reconduire dans leurs nids
Les trois demoiselles timides.

Daignez accepter nos trois ailes etc.

4ème Couplet

A travers les étroits sentiers
Chacun à sa particulière
Se mit à prendre des baisers
D’une façon fort cavalière
Puis ils les menèrent chez eux
Mais les belles d’un air sévère
Dirent, finissez petits gueux
Que penseraient nos pères et mères.

Daignez accepter nos trois ailes etc.

5ème Couplet

Le lendemain, pour réparer
L’honneur des trois jeunes personnes
Les trois gueux vinrent demander
La main des petites friponnes
La noce se fit un matin
Sur un frêne du voisinage
On prit pour chanter au lutrin
Tous les rossignols du bocage.

Refrain

Daignez accepter nos trois ailes
A minuit dirent les pinsons
O belles nous vous conduirons
En tourtereaux, nos tourterelles
Ey bientôt nous vous donnerons
Dix ou quinze petits pinsons
Mes demoiselles.

Le baptême d'une poupée

Trois enfants de six à sept ans
Toutes petites filles
Causaient un beau jour de printemps
Sous d’ombreuses charmilles
Chacune était à deviser
Etant fort occupée
Il s’agissait de baptiser
Une énorme poupée.

Refrain

Sans bruit sur les souples roseaux
Où le créateur sème,
La tribu des petits oiseaux
Présidait au baptême.

2ème Couplet

Moi, dit d’un ton officiel
La fille d’un notaire
Je voudrais sa robe bleu ciel
Ce sera beau j’espère
Quand à son nom, parmi beaucoup
Je choisirai Marie
Sa fête sera le quinze août
A la saison fleurie.

Au refrain

3ème Couplet

Quant à moi dans mes sentiments
Mon avis est contraire
Dit la seconde des enfants
Noble et riche héritière
Je veux l’habiller tout en blanc
C’est la couleur divine
Et la baptiser noblement
Du nom royal d’Hermine.

Au refrain

4ème Couplet

Tout ça est fort beau, j’en conviens
Ajouta la dernière
Elle était, si je m’en souviens
Fille d’un prolétaire
Je trouve qu’en fait de couleur
Le rouge est bien plus crâne
Et je l’appellerai sans peur
Du nom de Marianne.

Au refrain

5ème Couplet

Des discours on en vint aux mots
Et dans cette épopée
L’on faillit mettre en trois morceaux
L’innocente poupée
Lorsqu’une voix parmi les fleurs
Leur dit « Enfants, silence
Que sa robe ait les trois couleurs
Son nom sera la France.

Petit pinson

Petit pinson en déployant tes ailes
Regarde au loin, contemple l’horizon
De mon ami porte moi des nouvelles
Viens chaque soir autour de ma maison
Ecoute moi, petit oiseau sublime
En voltigeant à travers le ciel pur
Si toutefois sur un port maritime
Tu l’aperçois sous les rayons d’azur.

Refrain

Petit pinson sur les vagues tremblantes
Si tu voyais un vaisseau balancé
Par les grands vents, sur les eaux mugissantes
Viens m’avertir j’attends mon fiancé.

2ème Couplet

Il est parti ce fiancé que j’aime
Sa mère et moi nous le pleurons toujours
Dans le Tonkin d’un courage suprême
Il vit d’espoir, pour moi pour ses amours
Il est là bas ce soldat héroïque
Avec honneur défendant son drapeau
Pour la Patrie et pour la République
Il quitte tout son pays son hameau.

Refrain

3ème Couplet

Quitte les bois, viens chanter dans la plaine
sous le ciel bleu redis moi chaque soir
Avertis moi, dis fort, de ta voix pleine
S’il faut toujours espérer le revoir
Petit pinson répondit d’un ton sage
Ecoute moi sans beaucoup m’approcher
Dans le Tonkin les Français sont en cage
Aux opportuns tu peux le reprocher.

Refrain

Petit pinson sur les vagues tremblantes
Si tu voyais un vaisseau balancé
Par les grands vents, sur les eaux mugissantes
Viens m’avertir j’attends mon fiancé.

Vendue !

1er Couplet

Pourquoi courber votre tête polie
Et dans votre âme étouffer un soupir
N’êtes vous pas encore la plus jolie
Sous ces bijoux qui vous vont à ravir
Un mot, un seul, vous faisant grande dame
Tout fut à vous, le présent, l’avenir
On vous envie et cependant votre âme
Cache un regret qu’a trahi ce soupir
Et ce regret dans votre âme abattue
Je l’ai surpris et vous le dis tout bas.

Par ce seul mot vous vous êtes vendue,
Car vous ne l’aimez pas,
Non vous ne l’aimez pas.

2ème Couplet

Il vint à vous, vous le vîtes à peine
Mais on vous dit il est riche et puissant
De nos salons vous deviendrez la reine
Et vous aurez un luxe éblouissant
Luxe et beauté vous serez sans rivale
Dites un mot, pas de sottes pudeurs
En découvrant la couche nuptiale
Sous un drap d’or vous trouvez le bonheur
Et vous, coquette, à ces discours émue
Vous dites oui, vous le dites tout bas.

Par ce seul mot vous vous êtes vendue,
Car vous ne l’aimez pas,
Non vous ne l’aimez pas.

3ème Couplet

De ces marchés qu’on accomplit sans honte
De ces baisers échangés sans amour
Le cœur un jour vient vous demander compte
Et les regrets arrivent à leur tour.
Sous ces bijoux invincibles charmes
Colifichets qui vous vont à ravir
enfant, demain vous verserez des larmes
Car devant vous s’ouvre un sombre avenir
Malheur, malheur à qui se prostitue
Le cœur fut fait pour l’amour ici bas.

Et cet hymen où la femme est vendue,
Dieu ne le bénit pas,Dieu ne le bénit pas.

Viens mon idole

Il est dans nos cités des rumeurs importunes
Il est des yeux jaloux aux murs de nos palais
Adieu Venise, adieu, je pars pour les lagunes
Confiant nos soupirs aux yeux toujours discrets.

Refrain

Viens mon idole
Dans ma gondole
Les flots sont bleus
Comme tes yeux
La brise est folle
La lame est molle
Donnons un jour
Tout à l’amour. (bis)

2ème Couplet

Ainsi parlait Eole à sa jeune maîtresse
Mollement appuyé sur son sein palpitant
La gondole fuyait, Eole avec ivresse
Souriait à l’amour doucement répétant.

Refrain

Viens mon idole
Dans ma gondole
Les flots sont bleus
Comme tes yeux
La brise est folle
La lame est molle
Donnons un jour
Tout à l’amour. (bis)

3ème Couplet

Mais un jour la tempête éclata furieuse
Et l’on vit sur les bords ramenés par les flots
Deux corps gisant sans vie et la lame moqueuse
Semblait vouloir sur eux faire entendre ces mots.

Refrain

Viens mon idole
Dans ma gondole
Les flots sont bleus
Comme tes yeux
La brise est folle
La lame est molle
Donnons un jour
Tout à l’amour. (bis)

Le mari règne et ne gouverne pas

Que lis-tu là ma gentille Thérèse
Maman, tu sais qu’à Paul je vais m’unir
J’ouvre le code article 213
Mais sa teneur ne peut me convenir.
Ecoute bien, je veux enfant naïve
Par mes conseils te tirer d’embarras
Quand femme veut, sais-tu ce qu’il arrive,
Le mari règne et ne gouverne pas. (bis)

2ème Couplet

Si ton mari parfois a la sottise
De prononcer un solennel, je veux
Ne réponds pas mais avec mignardise
Passe tes doigts mignons dans ses cheveux
Qu’entre tes dents glisse le mot mon ange
Ce que l’on dit tout haut, on le demande tout bas
Par ce moyen bien qu’il te semble étrange
Le mari règne et ne gouverne pas. (bis)

3ème Couplet

Le mardi gras, ou bien la mi-Carême
Eveillent-ils en toi le goût de bal
Au premier mot de colère tout blême
Ton mari tonne, alors trouves toi mal
L’instant d’après le plus joli costume
Ajoute un charme à tes jeunes appâts
Est-ce un miracle, eh ! Non, c’est la coutume
Le mari règne et ne gouverne pas. (bis)

4ème Couplet

Aux premiers temps s’il se montre intraitable
Pour ce qu’il nomme un visiteur malsain
Il aimerait mieux recevoir le Diable
Que cet intrus, ce damné de cousin
Dis comme lui, chasse Arthur et ces ruses
Aboutiront à ce que chapeau bas
Ton gros jaloux lui fera des excuses
Le mari règne et ne gouverne. pas (bis)

5ème Couplet

Pauvres maris, race aimable et docile
Votre puissance est grande en vérité
Ah ! Vous croyez que la femme est servile
Quand le lion par la manche est dompté
A nos désirs, mes bons, il faut vous rendre
Nous possédons Messieurs les potentats
Bien plus de miel qu’il n’en faut pour vous prendre
Le mari règne et ne gouverne pas. (bis).

Le rosier blanc

Vers le déclin d’une belle journée
Le clair soleil sur la cime des monts
Semblait sourire à la lune argentée
En la baisant de ses derniers rayons
Sous les rameaux de la verte feuillée
Un gai linot écoutait tendrement
Pierre jurer à sa Jeanne adorée                     )
Amour, amour, au pied du rosier blanc.       )bis

2ème Couplet

Tu vas partir, prends cette rose blanche
Et sur ton cœur garde là bien toujours
Pour ton retour j’irai chaque Dimanche
Prier le Dieu des combats, des amours
Puis un baiser comme un souffle d’Archange
Fit tressaillir le linot gazouillant
Qui croyait voir de blanches ailes d’ange    )
Les unissant au pied du rosier blanc.           ) bis

3ème Couplet

Six mois passés et la guerre acharnée
Semait le deuil et répandait le sang
Au bruit de mort Jeannette désolée
A deux genoux priait pour son amant
Mon Dieu, mon Dieu, rendez moi petit Pierre
Mon fiancé pour qui je souffre tant
Et le linot répétait la prière
Que faisait Jeanne au pied du rosier blanc.

4ème Couplet

Un soir fatal une lettre maudite
disait hélas ! Qu’elle était sans espoir
Les yeux hagards Jeannette prit la fuite
Poussant des cris, folle de désespoir
Le lendemain voyant close sa porte
Chacun cherchait le cœur brisé saignant
Et l’on trouva la pauvre fille morte
Près du linot au pied du rosier blanc.

Le billet de retour

C’était un matin printanier
Et pour voir ma marraine
J’allais à Boissy St Léger
Par la gare de Vincennes
Il y avait foule au guichet
Quand un jeune homme aimable
Me dit je vais prendre votre billet.

Refrain

Merci, prenez, lui dis-je, un billet de retour
Il avait tant de grâce
Que je n’osais plus à mon tour
Lui donner trois francs en retour
Pour le prix de ma place.

2ème Couplet

Nous fîmes, cela se comprend,
Ensemble le voyage
C’était un jeune homme charmant
Choisi dans son langage
Lorsque nous fûmes à Saint-Léger
Il me dit d’un air tendre.
Je m’en vais vous accompagner
Je voulus m’en défendre.

Refrain

Mais il avait gardé mon billet de retour
Il avait tant de grâce
Que je n’osais plus à mon tour
Refuser son bras en retour
Pour le prix de ma place.

3ème Couplet

Je connais un endroit charmant
Où l’on déjeune à l’aise
Acceptez dit-il en riant
Il y aura de la fraise
Pendant que d’un air très poli
Sa main pressait la mienne
Je pensais : Accepter ainsi
C’est bien un peu sans-gêne.

Refrain

Mais il avait gardé mon billet de retour
Il avait tant de grâce
Que je n’osais plus à mon tour
Rien lui refuser en retour
Pour le prix de ma place.

4ème Couplet

On prit de l’omelette au lard
Du petit vin qui pique
Je rougissais sous son regard
Mais cela se complique
Voilà qu’à dessert tout à coup
Sans que je m’y attende
Il m’embrasse, là, sur le cou
Je vis une réprimande.

Refrain

Mais il avait gardé mon billet de retour
Il avait tant de grâce
Que je n’osais plus à mon tour
Le gronder trop fort en retour
Pour le prix de ma place.

5ème Couplet

Les rossignols et les pinsons
Chantaient sous la feuillée
Nous courûmes par les buissons
Pour finir la journée
Quand de partir le moment vint
Je lui dis d’un air grave
Voici l’heure du dernier train
Dépêchons nous Gustave.

Refrain

Mais il avait gardé mon billet de retour
Il avait tant de grâce
Que je n’osais plus à mon tour
Le gronder trop fort en retour
Pour le prix de ma place.

Une drôle de rencontre

C’était un jour de fête
Plutôt c’était un soir
Que je fis la conquête
D’une brune aux yeux noirs
Elle était jeune et belle
Moi j’étais un peu gris
En me rapprochant d’elle
Tendrement je lui dis.

Refrain

Charmante tourterelle
Vois la lune étincelle
Viens goûter, ô ma belle
Le bonheur d’un instant
O ravissante femme
Idole de mon âme
Je t’offre avec ma flamme
Un dîner chez Brébant.

2ème Couplet

Elle avait taille fine
Et des yeux langoureux,
Auprès de ma divine
Ah ! Que j’étais heureux
Je la pris par la taille
Voyez son embarras
Et d’une voix canaille
Je lui disais tout bas.

Refrain

3ème Couplet

Après souper ma flamme
Allait en grandissant
Et j’obtins pour mon âme
Un aveu consolant.
Ma mignonne était tendre
J’étais entreprenant
Et je finis par prendre
Ce que prend un amant.

Refrain

4ème Couplet

Mais hélas ! Cette histoire
Finit très drôlement
Et vous pouvez m’en croire
Ce fut bien épatant
Car la particulière
Ah ! Quel guignon ! C’était
La fille de ma postière
Qui de loin me disant.

Refrain

Il est parti

(Le 19 novembre 1886)

Je possède un ami d’enfance
A qui j’ai donné tout mon cœur
Auprès de lui, j’ai l’espérance
De trouver un jour le bonheur
Pourtant vers un lointain rivage
Un matin il s’est envolé
Et mon âme dans son voyage
Suit le malheureux excité.

Refrain

Il est parti, l’ami fidèle
Qui revenait du temps de nos amours
Me répéter sous la tonnelle
Bien tendrement qu’il m’aimerait toujours.

2ème Couplet

Avant de quitter la vallée
Il me laissa pour souvenir
Une rose toute fanée
Comme gage de l’avenir
C’est un doux trésor de tendresse
Que je garde fidèlement
Et que souvent avec tristesse
Je contemple pieusement.

Il est parti etc.

3ème Couplet

Mais à l’instant sur ma fenêtre
Un coquet messager d’amour
Vient de déposer une lettre
Qui m’annonce son gai retour
Tout en lisant les douces choses
Que contient ce billet joyeux
Mon cœur pense aux nombreuses roses
Que nous cueillerons tous les deux.

Refrain

Il va venir, l’ami fidèle
Qui si souvent du temps de nos amours
Me répétait sous la tonnelle
Bien tendrement qu’il m’aimerait toujours.

C'est toi

(Romance)

Ce qu’il me faut à moi pour que mon triste cœur
Renaisse à l’espérance et reprenne courage
C’est le bois frémissant et le paisible ombrage
Où l’on rêve au bonheur
Pour entrevoir le calme dans mon ciel noir d’orage.

Ce qu’il me faut à moi, c’est toi (bis)
C’est toi (bis) Oh ! C’est toi.

2ème Couplet

Ce qu’il me faut à moi quand la brise du soir
Caresse avec amour les fleurs de la vallée
Quand je t’appelle en vain de ma voix désolée
Comme un rayon d’espoir (bis)
Pour ranimer en moi la croyance envolée.

Ce qu’il me faut à moi, c’est toi (bis)
C’est toi (bis) Oh ! C’est toi.

3ème Couplet

Ce qu’il me faut à moi qui n’ai plus dans mon cœur
Qu’un morne désespoir qui dessèche ma vie
C’est un doux mot d’amour à mon âme ravie
C’est un peu de bonheur (bis)
Pour donner à mon cœur ce bonheur qu’il envie.

Ce qu’il me faut à moi, c’est toi (bis)
C’est toi (bis) Oh ! C’est toi.

L'île des baisers

C’est l’heure où dans les cieux
Scintillent les étoiles
Sur les flots ténébreux
La mort étend son voile
Un doux bruit de baisers
Passe sous la ramure
Les couples enlacés
Disent dans un murmure.

Refrain

Glisse ô barque légère      )                                                 
Sur les flots cadencés        )
Ah ! Glisse avec mystère   )
Vers l’île des baisers.       ) bis

2ème Couplet

Mignonne embarquons nous
C’est l’heure du mystère
Au doux rendez-vous
Viens et fuyons la terre
Dans cette nuit d’amour
Entends le bois frissonne
Et jusqu’au point du jour
Nous chanterons mignonne.

Glisse etc.

3ème Couplet

Mes yeux dans tes grands yeux
Ma lèvre sur ta lèvre
Rose en voguant tous deux
Donnent à mon cœur la fièvre.
Nous reviendrons le soir
Grisés ma toute belle
Par ce doux chant d’espoir
Sur notre balancelle.

Glisse etc.

Le Magenta

(Souvenir maritime)

Moi j’étais là dès ta naissance
J’ai salué ton noble essor
Quels fiers élans, quel torse immense
Tu nous coûtas des monceaux d’or
Et par la nuit lugubre et sombre
Grand lutteur, tu t’es affaissé
Quand au matin s’enfuyait l’ombre
Pour toi la vie avait cessé.

Refrain

Il n’est donc plus, ce géant de la flotte
Qui sur les mers si longtemps me porta
Vieux matelot, je pleure et je sanglote
Adieu, adieu, mon vaillant Magenta.

2ème Couplet

Sais-tu dis moi, la destinée
Que mon amour rêvait pour toi
Combats sanglants, lutte acharnée
Cris de colère et cris d’effroi
Je te voyais comme les braves
Sous le feu debout sans broncher
parmi le sable et les épaves
Il nous faudrait t’aller chercher.

Il n’est donc plus (etc.)

3ème Couplet

Ami, j’aurais voulu moi-même
Clouer au mat ton pavillon
Et puis dans ce moment suprême
Narguer la mort et le canon
Couler au cri « Vive la France »
Comme un vrai marin du Vengeur
Oui, c’était là mon espérance
Je te survis pour mon malheur.

Il n’est donc plus (etc.)

4ème Couplet

Aux profondeurs du vaste abîme
Vous disputer, ô saints débris
Puis remonter calmes et sublimes
En fredonnant nos airs chéris
Beau Magenta toi que j’adore
C’est là le vœu du loup de mer
J’irais pour te revoir encore
Plonger vivant jusqu’à l’Enfer.

Il n’est donc plus (etc.)

Le dernier aveu

Trop d’amour m’a tuée, je vais mourir, Madame,
L’éternité déjà pèse sur ma douleur
Mon dernier mot pourtant ne doit pas être un blâme
mais un dernier aveu fait pour l’ami du cœur
Ah ! Je l’ai bien aimé, lui, si bon, si sincère
Mais dans mes yeux, ses yeux n’ont point lu mon émoi
Lucie je meurs pour lui qui ne m’aima qu’en frère (bis)
Vous avez son amour, aimez le bien pour moi.

2ème Couplet

Je l’aidais à pleurer une patrie absente
Quand nous errions tous deux sur la terre d’exil
Pour ses baisers d’ami, j’eus des baisers d’amante
Buvant d’un amour pur le poison trop subtil
La France au beau ciel bleu, m’est aujourd’hui moins chère
En vous y rencontrant j’ai tressailli d’effroi
Lucie, je meurs pour lui qui ne m’aima qu’en frère (bis)
Vous avez son amour, aimez le bien pour moi.

3ème Couplet

Oh ! Je vous en conjure, aimez le bien Madame
Celui que d’adorer, mon cœur avait fait vœu
Et puisque enfin son âme est la sœur de votre âme
Cachez lui le secret de mon dernier aveu
S’il évoque parfois mon image éphémère
D’une amie au tombeau, retracez lui la foi
Adieu, je meurs pour lui que ne m’aima qu’en frère (bis)
Vous avez son amour, aimez le bien pour moi.