Hommage à mon frère

Charles Maurice Bonnal

par Henri Bonnal

à Toulon, le 23 Septembre 2004

Cher Maurice, toi qui fus pour moi plus qu’un grand frère, en l’absence de notre père mort au champ d’honneur, le 25 septembre 1915, nous voulons te dire, Marithé et moi, ainsi que nos proches et nos amis qui nous entourent, l’émotion qui nous étreint en portant notre regard sur la plaque qui donne ton nom à cette voie de la nouvelle Base Navale de Toulon.

Les pensées qui nous assaillent excluent toute tristesse qui aujourd’hui n’a pas sa place en nos cœurs ; une profonde admiration et une grande fierté sont les sentiments qui occupent notre esprit en ce moment privilégié de recueillement.

60 ans après ta tragique disparition, le moment tant attendu d’une reconnaissance officielle pour ta conduite héroïque est enfin venu, sans que ta fille Martine et notre frère François, trop tôt disparus l’an dernier, aient la joie d’être à nos côtés aujourd’hui.

Ce geste significatif n’a été possible que grâce à la volonté affirmée du président et des dirigeants de l’Association des Anciens Marins du « Malin » qui m’ont accueilli dans leurs rangs pour honorer ta mémoire et comme ancien marin de « L’Indomptable ».

Je remercie la Marine qui, en accédant à leur demande, honore un de ses officiers, qui, en résistant contre l’envahisseur et en se sacrifiant pour son pays, a fait sienne sa devise : « Honneur et Patrie » portée par ses bâtiments.

Passant en ces lieux, les marins d’aujourd’hui et de demain qui ont la chance de vivre libres dans un pays en paix auront présent à l’esprit le sens que tu as donné à ta vie. Dans la lignée de nos traditions familiales, l’esprit de résistance qui t’animait t’a conduit à privilégier l’ennemi occupant le territoire national.

Ils se souviendront de ces valeurs essentielles qui restent d’une brûlante actualité et réagiront contre les formes nouvelles d’un totalitarisme toujours prêt à ressurgir.

Quant à nous, nous nous félicitons du privilège qui nous est donné de nous recueillir et prier en ce lieu, faute de pouvoir le faire en cette lointaine Pologne où tu reposes quelque part depuis 60 ans ; depuis qu’un jour de mars 1944 tes bourreaux nazis, à qui tu opposais une grande force morale et beaucoup de dignité, ont mis fin à ton calvaire dans cet enfer organisé. Ton nom restera inscrit pour des générations comme un exemple de courage et d’abnégation.

à la mémoire du Commandant Bonnal

Pour la 1ère fois hier matin, une rue a été

baptisée dans l’enceinte de la base navale

« Soyez remercié Cdt Bonnal, vous êtres toujours vivant, vous êtres l’honneur de nos marins », c’est par ces mots que l’amiral O’Neill a dévoilé la plaque baptisée du nom du capitaine de corvette Charles Maurice Bonnal.

Var Matin du 24-09-04

Souvent considéré par les Toulonnais comme une ville dans la ville, l’arsenal de Toulon n’avait paradoxalement jusqu’à présent que des rues anonymes. Depuis hier matin, ce n’est plus le cas. Sur proposition de l’Association des anciens marins du croiseur léger Malin, et en présence du contre-amiral Thierry O’Neill, adjoint territorial du commandant de la région maritime Méditerranée, une première rue a été baptisée Rue capitaine de corvette Charles Bonnal, du nom d’un héros de la Marine nationale mort en mars 1944 dans le camp polonais de Maidanek.

Comme s’est plu à le rappeler le « petit » frère Henri Bonnal, l’inauguration de la plaque, 60 ans après la disparition de celui qui fut pour lui « beaucoup plus qu’un frère aîné », est « le moment tant attendu d’une reconnaissance officielle pour (sa) conduite héroïque ». Car force est de constater que Charles Maurice Bonnal ne fut pas un marin ordinaire. Encerclé à Ouistreham lors de la débâcle de 1940, il s’échappa et parcourut à bicyclette plus de 600 km en zone occupée pour se mettre à la disposition du commandement !

Un peu plus tard, en 1943, à peine démobilisé, il rejoint les forces françaises combattantes et entre en relation avec une organisation de passages clandestins vers l’Espagne. C’est justement en tentant de faire passer de l’autre côté des Pyrénées un groupe de parachutistes alliés évadés que le capitaine de corvette Bonnal, trahi par le contrebandier espagnol qui lui servait de guide, est blessé et fait prisonnier par les Allemands. Amené au camp de Roy-Allieu près de Compiègne, Charles Maurice Bonnal est ensuite déporté vers Buchenwald Dira, puis dans le camp de concentration et d’extermination de Maidanek où les nazis le fusilleront le 25 mars 1944.

Remercié par la famille du marin honoré et les anciens du Malin, l’amiral O’Neill a tenu à retourner ces remerciements. « Je vous remercie d’avoir pris l’initiative de célébrer la mémoire de nos valeureux héros ». Et d’expliquer que « les jeunes ont besoin de modèles, de visages, de noms. Le capitaine de corvette Bonnal est désormais le visage de l’honneur, des valeurs que les jeunes viennent chercher dans la marine. »

P.-L. P.

Prière du Marin

Au nom du Père qui a séparé les eaux d’avec le ciel et la terre

et du Fils qui foule et apaise la tempête

et de l’Esprit qui plane au-dessus des océans.

Vierge Marie, Reine des flots,

à qui les marins, même mécréants, ont toujours été dévots,

vois à tes pieds tes fils qui voudraient se hausser jusqu’à toi.

Obtiens leur une âme pure comme brise de mer.

Un cœur fort comme les flots les portent,

une volonté tendue comme voile sous le vent,

une attention qui veille sans mollir comme gabier dans la hune,

un corps bien armé pour les luttes contre les tempêtes de la vie.

Mais surtout, Ô Notre Dame,

ne les laisse pas seuls à la barre,

fais leur relever les écueils où ils s’échoueraient

avant d’ancrer, près de Toi, au port de l’Eternité.

Rappel généalogiquie lien de parenté par alliance

Le Général BONNAL a eu 9 enfants dont : Maurice - commandant de l'armée de terre - né en 1872 et décédé en 1915. Ce dernier a quatre enfants :

1 - Maurice Charles - officier de Marine né le 25/10/1908 et fusillé le 25/03/1944

2 - Jacques - prêtre jésuite - né le 01/07/1911 et décédé le 20/11/1971

3 - François - officier aviateur - né le 28/04/1910 et décédé le 25/12/2003, il était alors Colonel

4 - Henri - dit Riquet - né en 1916, après la mort de son père et toujours en vie.

Parmi les 9 enfants du Général Bonnal, il y a Henriette épouse de Louis PRAT et mère entre autres d'Anne Marie épouse de Franz MORIZE (le Mesgouëz)