23 Janvier 2005

Hier dimanche, j’avais prévu de poursuivre mes frappes sur mon site car la météo m’avait été donnée mauvaise pour cette journée aussi n’étais-je résigné à ne pas sortir… Et pourtant le grand soleil et le ciel merveilleusement bleu qui trônaient au dessus de ma tête à la sortie de ma messe dominicale m’ont fait changer d’avis. Vite de retour à la maison, j’avalais un casse dalle au pâté de foie, me préparais un petit paquet de « palets breton » pour la route et, après avoir mis ma « tenue » de traqueur, me voici en forêt.

Décidément, lorsque je pars seul en traque, j’ai toujours beaucoup de chance. A peine m’étais-je enfoncé de deux petits kilomètres en sous bois que je retombais sur ma grande harde de la semaine dernière… à la jumelle je ne comptabilisais pas moins de 54 biches et 4 cerfs (mais il y en avait beaucoup plus… disons certainement pas loin de soixante dix… c’est impressionnant mais magnifique…) et, comme à mes bonnes habitudes, me mis à les traquer. J’adore la traque… suivre les animaux de loin tout en essayant de les approcher, en les recherchant à la trace lorsqu’ils ont pu disparaître à ma vue en prenant soudainement un peu d’avance ou tout simplement en faisant un détour pour essayer de me « rouler dans la farine »… mais je ne suis pas encore né de la dernière pluie et ce n’est pas une harde, aussi grande soit-elle, qui va me « squouïser » ainsi aussi facilement ! Après quelques ruses de ma part, je les retrouvai assez aisément et pu rester ainsi plus de deux heures en leur compagnie avant de, pour ne pas trop les effrayer bien que je pense les avoir habituées un peu à ma présence, les laisser retrouver un peu plus de tranquillité

En revenant par un petit chemin sous les sous-bois, j’aperçu tout d’un coup une bande de chasseurs qui s’apprêtait à se mettre en poste tout le long d’une grande sente que, d’après mes calculs, ma harde allait très certainement traverser… alors je suis reparti en arrière, suis rentré dans les bois entre les chasseurs et mes animaux (je suis certainement parfois un peu inconscient mais je n’ai pas de « cornes » suffisamment hautes, faut-il croire, pour qu’on m’ait jamais confondu avec un beau dix cors…). Ainsi remontant à la rencontre de ma harde, je la retrouvais à près d’un petit kilomètre… elle avait en effet pris la mauvaise direction (disons celle qu’il ne fallait surtout pas qu’elle prenne pour l’heure) alors, pour une fois, me montrant à elle sans trop faire de bruit toutefois, j’arrivais à lui faire faire demi-tour et a la dévié de la trajectoire de chasse… J’étais content et heureux de moi-même… « Alors la chasse est bonne ? », me permettais-je de lancer à mes chasseurs lorsqu’un peu plus tard je les retrouvais fidèles à leurs postes… « Non ! on n’a rien fait et pourtant on nous avait signalé la présence d’une belle harde dans ce secteur ! » AH ! ha ! ha ! j’en ris encore !!!

Mais ce n’était pas tout, remontant ensuite en forêt dans un autre coin, ma route croisa celle de onze cerfs ensemble…

ça arrive en cette période de l’année où on peut en voir comme je dirai en « tir groupé ». Je les contemplai un peu avant que de les suivre car ils prenaient la même direction que moi… mais nos chemins déviaient au bout d’un petit quart d’heure (vous remarquerez qu’avec moi, lorsque je suis en forêt, tout est « petit » quand je parle du temps !)…

Et ma journée n’allait pas se terminer là… Souvent le soir, il y a, à un carrefour de forêt - appelé le "poteau hétéroclite" - une bande de copains, grands amateurs de nature et surtout d’animaux avec les uns de puissants appareils photos, les autres rien que leurs yeux pour admirer le spectacle qui en ce lieu s’offre souvent à eux : le passage de grands animaux… d’ailleurs dans ce coin de forêt il y a été construit par quelques-uns de ces étranges "énergumènes", trois abris d’affût que je vais aussi bientôt utiliser dans l’espoir de pouvoir faire avec mon zoom numérique d’assez jolies photos.

Et bien, imaginez-vous qu’à ce carrefour où je les retrouvais pour un brin de causette (n’y a pas que les femmes qui ont ce privilège !), nous entendîmes soudain les aboiements d’un gros chien qui semblait courser un animal… puis des cris suivis de gémissements… Une magnifique biche se faisait attaquer par un berger allemand dont le maître, resté sur une allée, avait perdu tout contrôle après l’avoir laissé vaquer en toute liberté… ce qui strictement INTERDIT dans nos forêts.

Ce promeneur, malveillant quoiqu’on en dise, ayant réussi finalement à rattraper sa bête fauve, prit la fuite aussitôt avoir rejoint sa voiture stationnée à notre carrefour. Pas trop malin ce mec là… son numéro était aussitôt relevé par les personnes demeurées sur place et il lui en coûtera cher dès le début de cette semaine.

La pauvre biche avait été sérieusement attaquée, elle ne pouvait plus guère avancer, faisait un bond et retombait aussitôt assise sur le sol… elle avait une large plaie près de l’oreille mais avait surtout la mâchoire inférieure pendante et, à première vue, une patte arrière brisée. Elle nous regardait avec de grands yeux effrayés et quelque peu hagards mais nous ne pouvions plus rien pour elle qu’essayer d’abréger ses souffrances au plus vite. Aussi, grâce à nos téléphones portables, avons-nous pu joindre le garde forestier de service ce dimanche là et il ne tarda pas à arriver avec son… fusil… le pauvre animal fut aussitôt abattu.

Bien triste fin de promenade mais excellente journée tout de même…

Messieurs les promeneurs, pour l’amour du Ciel et surtout de notre nature,

ne laissez pas vos chiens, surtout ceux de bonne taille, divaguer en ces lieux privilégiés.

 Respectez notre nature et ses hôtes

et vous, homme inconscient de ce dimanche soir,

avez-vous songé un seul instant à ce que vous avez fait de votre animal

en lui laissant le goût du sang

alors que tant d’animaux mais aussi d’enfants se trouvent en nos forêts…

Pitié pour eux tous.