FORET  D’HALATTE 

Mes randonnées forestières

à lire absolument

n.b. afin de vous aider à mieux apprécier les récits qui vont suivre et surtout les innombrables photos qui s’y trouvent, sachez que la plupart de ces dernières, lorsqu’elles se situent à droite ou à gauche d’un texte, peuvent être agrandies par un simple clic (pour revenir ensuite au texte original, ne fermez pas votre page mais faites un « retour arrière » par le bouton « Précédent » du menu en haut de votre écran.)

Et maintenant bonnes balades

en ma compagnie…

Un nouveau pavé sur mon site pour essayer de vous faire partager ma passion de la nature en forêt et, si possible, vous faire ainsi prendre votre part à certaines de nos randonnées solitaires - ou accompagnées - au fil du temps qui s’écoule à travers les saisons, bien souvent en plein bois ou fourrés tout en négligeant les grandes allées et les sentiers trop bien tracés.

Nous commencerons, puisque avec le début de cette nouvelle année nous ne sommes encore qu’au plein coeur de l’hiver, par vous parler de la "traque". Nous lui donnerons une suite lorsque le temps des randonnées : "fleurs", "champignons" ou autres sera venu… alors revenez-y au fil des récits que vous trouverez sous cette rubrique.

- La Traque -

Que vous faut-il entendre par ce mot

sortant de ma bouche et que j’ai plaisir à utiliser ?

Il faut y entendre ma quête de tous ces grands animaux qui habitent au cœur même de nos forêts, et que trop souvent je me suis plaint moi-même de ne plus voir aussi fréquemment que dans le passé. Je parcourais alors, quasi journellement, la belle forêt de Chantilly en compagnie de "Rita", ma très fidèle bergère française bien dressée pour rester à mes pieds… mais ces temps sont bien lointains et beaucoup d’évènements se sont déroulées depuis bouleversant ma vie, ma nature et tout mon environnement.

Aujourd’hui je parcours beaucoup plus volontiers la forêt qui vient se nicher en lisière de mon nouveau lieu de résidence… il s’agit de le forêt d’Halatte. Délimitée par les communes de Pont Sainte Maxence, Verneuil-en-Halatte, Senlis, Chamant, Ognon, Villers-Saint-Frambourg, Pontpoint, elle englobe les villages de Fleurines et de Aumont-en-Halatte. Il s’agit, à mon goût, de la forêt demeurée la plus naturelle de la région, ayant conservé un caractère sauvage du fait qu’elle n’offre au public qu’une activité toute pure faite de marches et randonnées.. aussi est-elle agréable à parcourir car vous n’y rencontrerez que des gens amateurs comme nous de solitude et de belles choses. Cette forêt est très vallonnée. Du sommet du Mont Alta (185,2 mètres) on a une vue superbe à 360° presque sur toute la contrée et s’étendant même par temps clair jusqu’à la Tour Effel… Faite principalement de futaies où le hêtre reste dominant on y trouve encore de beaux chênes et on y rencontre aussi de nombreux épineux.

   J’en parcoure les 4300 hectares depuis déjà une bonne dizaine d’années, sortant actuellement deux, trois fois par semaine sur des distances de 25 à 35 kilomètres. Je pense en connaître chaque coin, chaque recoin, chaque taillis, chaque futaie et pourtant, au fil des saisons qui passent inexorablement, je découvre chaque fois de nouveaux aspects de ce que j’ai plaisir à appeler « ma » forêt et dans laquelle il m’arrive encore malgré tout et malgré la connaissance que j’en ai d’elle de m’y perdre quelques instants jusqu’à ce qu’une croix, un poteau, un carrefour, une allée, un je ne sais quoi… me remettent sur le bon chemin…

Les animaux, ces grands animaux que je croisais régulièrement en forêt de Chantilly lorsque je venais d’arriver dans cette contrée et que je me suis si souvent décrié de les voir d’années en années disparaître en nombre de nos forêts, sont pourtant encore bel et bien présents tout autour de nous… en témoignent ces quelques récits qui me suivront au fil de ces prochains jours, semaines, mois, saisons, années (qui sait !)… et ces deux, trois photos de mon album…

   En ce moment par exemple, une grande harde de près de soixante dix têtes a pris possession des flancs du Mont Pagnotte… On y trouve aussi ce que j’ai tendance à appeler « un tir groupé » de quinze à vingt cerfs vivant ensemble en ces mêmes lieux et vous êtes passés peut-être tout auprès d’eux sans même doutés un seul instant de leur présence à vos côtés alors qu’eux vous observaient bien à leur aise…

Ces jours derniers, nous avons ainsi passé toute une journée ou presque à traquer ces animaux, nous n’en n’avons pas vu moins de 104 répartis en trois hardes dont une très grande et quelques spécimens éparpillés. Nous y avons "traqué" cerfs et biches mais y avons aussi levé 4 chevreuils et 1 jeune marcassin qui était certainement accompagné mais nous n’avions pas le temps de le suivre… Et bien, figurez-vous qu’un peu plus tard, dans notre fin de "promenade", nous avons rencontré un couple en quête aussi d’animaux depuis le début de leur après-midi… ils n’avaient, quant à eux, vu qu’un seul chevreuil… et pourtant ce couple que nous avons souvent croisé était dans le même secteur que nous, secteur où nous traquions une jolie harde de 13 biches et 4 cerfs… (voir le récit du 26 Janvier 2005)

Tenue et matériel adéquat

D’abord de la préparation : on ne se rend ni en traque, ni en affût avec des vêtements aux couleurs vives… ne prendre que des vêtements aux couleurs sombres - genre treillis militaires kakis et légèrement moulés au corps afin de ne pas faire de bruit par des frottements entre les jambes à hauteur des genoux – vêtements en parfaite harmonie surtout avec l’environnement qui vous entoure et dans lequel ils vous permettront de vous incruster et de vous fondre… Les vêtements dit de "camouflage" sont l’idéal et si possible de la tête aux pieds ; je veux dire : casquette avec grille de vue vous voilant la face tout en vous permettant d’observer, chemise, pantalon, gants, bottes ou grosses chaussures de marche… pour ma part, je préconise une bonne paire de bottes légères et souples car, en toute saison, le sol des sentes n’est pas toujours très praticable !!! L’essentiel est de ne laisser aucune surface de votre corps en apparence.

Dans la préparation, il ne faut pas oublier aussi le matériel : le sac à dos (en harmonie avec les vêtements choisis), un sac facile à porter, léger et pratique afin d’y enfourner boissons chaudes (à ne jamais oublier au sein de l’hiver) ou rafraîchissantes pour les autres saisons, et un petit casse-croûte, juste de quoi se restaurer légèrement, rapidement et reprendre des forces (sandwichs, œufs durs, fruits secs ou du genre banane… quelques bonbons pour vous donner quelques sucres pourront aussi être les bienvenus.). Y prévoir aussi un vêtement de pluie pour palier à toute averse fine ou brutale et parfois même plus qu’orageuse. Y laisser aussi un peu de place libre pour y enfourner le petit trop plein de vêtements qu’on ne supporterait plus au bout de quelques temps de marche ! Et puis la paire de jumelles (privilégier des jumelles légères et d’un bon rapport de rapprochement… pour ma part j’utilise des 10 x 50, ce qui est un minimum) que vous porterez au cou prête à l’emploi. Quant à l’appareil de photos, il sera aussi à portée dans la poche de votre veste ou même gardé en pleine main, surtout en approche, prêt à l’emploi… l’animal parfois vous surprend et il ne s’attarde guère en pose photo pour vous faire plaisir… un appareil numérique de préférence avec zoom électronique car il vous permettra de mitrailler et de sélectionner ensuite (en cas d’utilisation du zoom, placer votre réglage "qualité" sur le plus grand poids… vous perdrez moins de pixels au cours du rapprochement… mais l’appareil de photo n’est pas une nécessité, il est parfois un poids, et le meilleur souvenir est celui que vous graverez dans un petit coin de votre cerveau à travers les pupilles de vos yeux… de préférence gardez les appareils trop sophistiqués avec grand angle, téléobjectif pour l’affût mais cela sera le thème d’un autre débat… Prévoyez aussi un bon bâton de marche que vous utiliserez non pas comme une canne mais comme un appui nécessaire parfois dans certaines situations d’équilibre hasardeux !

Attitude à adopter

D’abord le silence… mais le silence cela ne veux pas dire uniquement de ne pas parler… on ne parlera qu’à voix basse et on mettra au point avant le départ une stratégie de la parole par geste ou par tout autre moyen ; lorsque j’emmène en ma compagnie un ou deux compagnons (ne jamais partir avec des groupes importants, le nombre de trois représente un maximum mais sachez toutefois que mes meilleurs traques ont été en solitaire !) j’ai pour ma part l’habitude d’utiliser le sifflet comme ceux que nous utilisions durant nos raids dans le Grand Nord Québécois avec Dominique… un coup, deux coups, une brièveté, une longueur… il y tout un code à s’initier ; le téléphone portable est aussi un outil précieux, si l’on est seul c’est une sécurité (un incident est bien vite arrivé ! en 2003, je me suis cassé un l’annulaire en tombant tout bêtement !)... si l’on est à deux ou trois, c’est un moyen de communiquer pratique et discret mais alors de grâce n’oubliez pas de vous mettre en position "vibreur". Il faut aussi apprendre à marcher… en silence. Savoir poser le pied au sol, sur une feuille morte ou au sein d’une flaque d’eau est tout un art si l’on ne veut pas se faire remarquer… les animaux sont autant à l’affût de nous que nous le sommes d’eux avec cette différence c’est que ces derniers sont mille fois plus malins, rapides et agiles que nous-même et ils auront déguerpi bien avant même que nous les ayons vus…

Ensuite l’observation… l’observation permanente… l’observation visuelle et auditive, parfois même olfactive… rester aux aguets du moindre mouvement suspect dans l’environnement immédiat ou un peu plus lointain… rester à l’affût du moindre bruit… de la moindre odeur même. Cette observation, cette quête permanente vous mettra dans un état très spécial : vous aurez parfois l’impression de ne plus respirer, parfois d’avoir donné l’ordre à votre cœur de se mettre en veilleuse pour un court instant. Sachez vous arrêter parfois et balayez alors doucement tout votre horizon à la jumelle en vous attardant sur toute tâche, toute souche, tout point suspect. Tous vos sens resteront alors en éveil et vous comprendrez ce qu’est la nature car vous en serez partie prenante et entière…

Ce n’est pas toujours facile, et je dois bien vous l’avouer, de marcher sans faire de bruit, à l’écoute du moindre bruissement, en observant en l’air si vous ne voyez rien de suspect… tout en jetant un oeil dans le même temps là où vous posez le pied afin de ne pas trébucher ou faire craquer une branche morte ! Cela s’apprend uniquement par la patience et l’habitude mais cela rapporte tant !

Ne prenez pas les grandes allées bien larges et fréquentées ou alors marchez-y en bordure ; préférez les sentes, les sous-bois, les taillis. Suivez les lisières des hautes futaies plutôt que de vous y aventurer pour les traverser… n’oubliez pas que, là, là où vous ne les avez pas encore devinés, mille paires d’yeux parfois vous observent ! Je tiens sur ordinateur des statistiques à la suite de chaque de mes randonnées : nombre d’animaux vus, nombres de fleurs cueillies etc. etc. … aussi un jour une amie m’a offert un petit dessin qu’elle avait fait ironiquement à mon intention : on y voyait un beau cerf, assis devant un écran d’ordinateur sur lequel on pouvait lire : « vu un humain ! »… très drôle !!! mais si près de la réalité !!!

Une quête récompensée

Ca y est enfin… ils sont là… vous venez de les voir bouger lentement pour se défiler à votre vue… à la jumelle vous les distinguez nettement… vous pouvez même les comptabiliser : il y a des cerfs, des biches, des jeunes, des plus âgés… il y a là certainement une belle harde… vous allez pouvoir l’approcher, la suivre, la traquer… mais ce n’est pas partie gagnée d’avance… tout se mérite…

Tout d’abord aucun mouvement brusque, dirigez-vous directement sur elle, lentement mais sûrement… sans vous arrêter, en faisant le moins bruit possible… Elle vous a vu mais elle ignore si danger ou pas… chaque partie de votre corps est protégé… pour elle vous êtes soit une ombre qui remue au vent, soit quelque retardataire qui s’avance tranquillement dans le bois… Elle vous observe… certains animaux se sont figés, la tête tournée vers vous… d’autres poursuivent tranquillement leur quête de nourriture au sol. Soyez prêt et si vous avez votre appareil de photo, allumez-le, visez, mitraillez… mais cool, restez vigilant autant que ces animaux le sont par rapport à vous. Votre cœur bat plus vite, votre respiration se ralentit, tout votre être est en osmose avec cette beauté que la nature offre présentement à vos yeux… Profitez-en, goûter et savourez cet instant magique car il ne va pas durer… S’il le faut arrêtez-vous dans une ombre, tout doucement et ne bougez plus… admirez le temps que vous pourrez.

Soudain, l’un d’entre eux va quelque peu s’apeurer, il va détourner son regard, vous allez le sentir inquiet… il remue : un pas, deux pas… il s’arrête à nouveau… vous observe encore une fois… Un autre, intrigué à son tour va faire de même puis un autre encore… ça y est : ils ont compris… alors à petit trot tout d’abord ils s’en vont semant parfois la panique dans toute la harde qui du même coup s’enfuit sur une seule et même trace… et il ne vous reste plus alors qu’à la suivre…

Votre traque ?

Dès lors c’est au sol que tout va se passer, la trace (parfois comme un véritable boulevard dans les feuilles desséchées), facile à voir et même repérable à la jumelle de loin… mais parfois aussi trace d’il y a quelques minutes, ces minutes qui les avait conduit cette harde en ces lieux. Il faut donc rester attentif, ne pas s’aventurer n’importe où, n’importe comment… contourner le bosquet, repérer les traces sur les allées bordantes. Vous l’avez vue s’enfuir par là... elle a gravi ce vallon bien à votre vue et vous êtes sûrs de votre coup… Au sommet du vallon, elle a bien souvent changé de direction et vous n’y avez vu que du feu… elle a bien joué… à votre tour maintenant de la déjouer en vous armant de patience et de savoir faire, ce savoir-faire que les trappeurs d’hier et les traqueurs d’aujourd’hui n’ont appris que par leur quête permanente et dont ils ne donnent aucune recette dans aucun livre… pas plus d’ailleurs que je n’en ferai davantage sur ce site.

A vous désormais de vous prendre en main, bon pied, bon oeil… Puissiez-vous à votre tour faire de belle et bonne traque. Soyez heureux au sein de nos forêts mais respectez comme il se doit cet environnement privilégié qui est le leur aujourd’hui et que nous nous devons de transmettre demain à nos enfants et après-demain à nos petits-enfants dans l’immensité des générations qui se succèdent.

Alors peut-être votre quête sera-t-elle récompensée comme la nôtre

car au détour d’une sente

voici le ROI de nos forêts dans toute sa splendeur