de 13 h à 14 h

13 :01 – Vous voyez, pas la peine d’essayer de me semer, vous revoici et cette fois bien coincées au fond de ce petit enclos contre le grillage. Cette fois-ci, à nouveau la harde se laisse approcher… Elle est là, face à moi et pas du tout effarouchée, elle m’observe et semblerait même bien s’amuser de mon « déguisement »

13 :03 – Je me suis trop approché, j’aurais certes pu presque les caresser… Alors d’un bond elles refranchissent le grillage mais se trouvent coincées à nouveau dans un deuxième petit enclos

13 :04 – A mon tour je passe dans ce nouvel enclos. Amusées, elles me regardent m’approcher à nouveau

13 :07 – Mais toutes les bonnes choses on une fin, on se conciliabule une nouvelle fois et la décision est vite adoptée à l’unanimité… « Ah il veut courir… et bien on va encore le faire courir cet humain là ! »

13 :10 – En moins de 3 minutes, elles m’ont refranchi un nouveau grillage, cette fois-ci cependant il y avait un petit passage qu’elles avaient dû ouvrir précédemment… et les revoilà déjà loin sur le route du retour, direction droit sur la forêt, leur tanière d’origine, en suivant le même itinéraire qu’à l’aller…

13 :16 – Gentiment cependant elles m’ont pris en pitié ou vraiment se moquent-elles bien de moi tout en me narguant car, après m’avoir laissé me dépatouiller pour franchir à mon tour tous les obstacles ne voilà-t-y pas qu’elles m’attendent face au talus où se trouvent mes quatre petits noyers

13 :17 – Elles me regardent tout tranquillement approcher, sachant très bien que d’un bond elles seront à nouveau hors de ma portée et je les approche encore… le temps ne passe pas vite et se traîne heureusement ; j’ai tout le temps de les admirer… remarque le temps que je mets entre mes prises de vue

13 :17 – Cette minute ne s’est pas encore achevée, que les voilà à nouveau dans leur course… Sur cette photo on voit très nettement leur grand nombre, chose que l’on remarque moins bien lorsqu’elles restent trop groupées… Je te rappelle toutefois qu’il y a là 78 têtes dont 7 cerfs… Il y en a un d’ailleurs dont je ramasserai bien les bois l’une de ces prochaines semaines.

13 :20 – Lorsque l’on connaît bien les lieux, on voit bien qu’elles s’en vont tout tranquillement en remontant tout simplement la même trace qu’à l’aller… Auraient-elles décidé enfin de revenir en forêt ? Devant nous le noyer en bordure de route près du cimetière du point du pont. Que faire d’autre que de me mettre dans leurs propres traces et de marcher sur ce boulevard si savamment tracé.

13 :21 - Toujours tout aussi tranquillement, elles descendent le champ face à notre grand noyer, tu sais celui où en voulant bêtement cueillir une noix sur une branche en contrebas, j’ai glissé et me suis cassé tout net un doigt de la main !

13 :22 – D’ailleurs le voici ce noyer et cette fichue branche cause de mon malheur et, en fond, ma harde qui à nouveau m’attend.

 13 :23 – Pendant ce temps, une voiture qui montait avait fait halte au bord de la haie du cimetière et un homme jeune de sa vitre de portière ouverte mitraillait avec son appareil de photos. Il a dû faire de splendides photos ; il avait lui un bon téléobjectif. Il m’a avoué juste après que c’était la première fois qu’il contemplait une aussi belle harde et qu’il pouvait prendre autant de photo. Il m’a d’ailleurs remercié (il le pouvait bien !) d’avoir en quelque sorte poussé cette harde en sa direction. La voici maintenant à hauteur de ce fameux noyer en bordure de la route. Maintenant on ne rigole plus… une route, c’est une route et une route c’est toujours dangereux alors on la franchit au pas de charge… en témoigne l’état du talutage après leur passage.

13 :29 - J’ai quelque peu traîné là pour discuter avec ce photographe amateur qui partait aussi en forêt en espérant peut-être voir quelques animaux… parfois il lui arrivait d’en croiser alors, au cas où, s’était-il muni de son matériel… doublement merci alors !!!

13 :30 – Il ne me reste plus qu’à me remettre en route car ma harde est déjà loin

13 :31 - Et là elle se laisse à nouveau approcher… et je sais aussi qu’elle se trouve confrontée à un léger problème : il y a devant elle, au niveau des deux arbres que tu aperçois (encore deux noyers… il en a beaucoup dans la région… tu comprends pourquoi je ramasse autant de noix à chaque automne !), un chemin en contrebas qu’elles ne peuvent que sauter ; le sentier fait entre 2 mètres et 2 mètres 50 et est bien à 3 mètres en dessous du niveau des deux champs ! Alors que va faire ma harde ? Sauter sans doute.

13 :32 – Tandis que je commence mon approche, elle est légèrement revenue en arrière et je pense qu’elle va rentrer en forêt par ce cul de sac face à elle sur la gauche.

13 :33 – Je poursuis mon approche m’abritant de mon mieux en restant sur le sentier ici en léger contrebas afin de moins de faire remarquer.

13 :34 – Elle semble perplexe, regardant à nouveau en direction du sentier… c’est plus alléchant la plaine…

13 :35 – Nouvelle discussion, les avis doivent être partagés… Je vois même que maintenant les cerfs s’en mêlent… Et toi, au fait… on t’avait oublié… Arriveras-tu à nous suivre si on saute ? Alors c’est dit… on y va. Prêt ? Partez ! Bé non… on t’a bien eu hein ! C’était une blague et demi-tour rapide. Et hop, c’est reparti

13 :37 – Allez on y va, suis nous si t’as encore le courage de nous suivre ! Là bas, de l’autre côté de la plaine, c’était pas mal finalement.

13 :39 – Ben alors tu viens ou tu viens pas ? On va pas t’attendre comme ça toutes les 2 minutes, faudrait savoir !

13 :40 – Bon, tu fais la gueule ou t’es trop fatigué ? Allez on est sympa nous, on revient ! et cette fois-ci on ne rigole plus, car quand ça démarre… et ça arrache.

13 :43 – Ah oui ! c’est vrai on l’avait quelque peu oublié cet obstacle. On ne fait plus les malignes maintenant… alors on hésite !!! Non mais des fois, tu rigoles ou tu plaidantes toi… tu ne nous as jamais vu franchir l’obstacle ? Et tu vois tous on le passe aisément. Allez, essaie d’en faire autant !

13 :45 – Le temps que j’arrive… je dois bien reconnaître que le saut était beau !

13 :46 – Bon une petite minute pour franchir l’obstacle mais moi je n’ai pas pu le sauter vraiment… et ma harde est déjà tout là-bas près de la forêt… Si elle y entre vais-je ensuite la retrouver… pourtant c’est ce qui serait le mieux pour elle.

13 :49 – Et bien, une fois de plus tu vas voir que je vais pouvoir l’approcher à nouveau, une fois de plus elle m’attend juste sur la lisière.


13 :50 – Elle ne bouge toujours pas, m’observant amusée semble-t-il. Aller, une pause de face, une autre de "derrières", une encore… de profil cette fois et celle-là, allure martiale… comme au défilé… pas mal non ?

6 Mars 2005

Durant quelques jours, mon chéri, j'ai interrompu cette lettre ; je vais te la reprendre aujourd'hui et essayer de la mener à bien jusqu'à son terme en espérant que rien ne viendra me distraire. Mais où en étions-nous ? Ah oui, il est 13 heures 52 et ma harde m'attend :

"Bon alors, qu'est-ce que tu fais ? Tu comptes nous laisser longtemps ainsi ? Tu suis ou tu suis pas ?"

13:52 - "Alors, si vous voulez bien encore de moi, on y va... Eh, attendez-moi tout de même ! Soyez sympa !"

(tu remarqueras peut-être au centre les cabrioles d'un cerf)

13:56 - Nous sommes toujours en plaine, entre la lisière de la forêt et le chemin en contrebas. La harde à nouveau s'est arrêtée sur le sol couvert de neige.

13:58 - On hésite... Ira-t-on par ici… ou par là ?

13:59 - "Bon, personne ne se décide ... Ah ! ces femelles ! Alors, moi j'y vais par là et... qui m'aime me suive ! Eh là ! Nous, on t'aime, attends-nous... Cet humain, ce n'était que pour nous distraire un peu... n'en fais pas une crise de jalousie. Ca y est, la harde s'est décidée une nouvelle fois mais s'en va dans le sens opposé que je lui aimerais bien voir prendre : la forêt... cette forêt où je voudrais qu'elle se renfonce... en repassant devant nos noyers et en longeant la petite sente engoncée.

 

suite n°3 de ce récit en cliquant ici