RAID au Nord

du Lac St Jean

du 15 au 22 Février 2003

Pré Voyage

Mercredi 12 Février 2003

6 heures 50, « Jour J – 2 », c’est par ce texto que je viens de réveiller, comme j’ai coutume de le faire chaque matin d’un jour normal d’école, mon « titounet de titi » car, pour nous, depuis maintenant une semaine le compte à rebours s’est déclenché !

18 heures 30, je sors de mon bain dans lequel j’ai délassé un instant tous mes muscles endoloris par cette dernière journée d’entraînement où j’ai parcouru trente petits kilomètres en tout terrain forestier, par monts et par vaux, par sentes et sentiers, par tailles et futailles. Je n’ai croisé que deux sangliers au cours de cette ultime randonnée… me sera-t-il donné, dans mon prochain périple, de croiser sur mon chemin quelques ours polaires ou même plus simplement quelques loups ?

Les bagages sont définitivement bouclés. Je pense ne rien avoir oublié de ma check-list : vêtements polaires, sacs de couchage grand froid, matériel de survie, trousse de secours mais aussi petits accessoires : couteaux, sifflets, carnets de bord… Tout a bien été paraphé par mes soins.

Et pourtant ce soir je ne réalise toujours pas ce départ si proche. Mais que je me rassure, demain soir sera un autre jour : l’arrivée de ma « tornade blanche » me sortira de ma torpeur et me mettra bien vite au cœur de la réalité.

Mais il me tarde d’attendre…

Vendredi 14 Février 2003

12 heures, un grand soleil m’a mis du cœur au ventre et la température qui a quelque peu rafraîchi l’atmosphère commence à me mettre dans le bain… demain, à la même heure, nous serons confortablement installé à bord d’un gros porteur de la Compagnie « Air Canada » quelque part entre Paris et Toronto au-dessus de l’Océan…

20 heures, mon « titi » est arrivé et nous avons commencé par un énorme éclat de rire en allant sur Internet consulter la météo de la région du lac St Jean au Québec : température maximum annoncée pour demain, jour de notre arrivée : - 28° … ça promet !!!

de Pont Sainte Maxence à Québec

Samedi 15 février 2003

6 heures, notre lever fut matinal et rapide et nous ne nous accordâmes pas le temps d’un instant de délassement au creux de nos lits ; après une douche tonifiante nous voici déjà devant les bols de nos petits déjeuners. L’excitation est à son comble et très rapidement nous prenons la route de l’aéroport.

8 heures 15, nous sommes devant le portail d’entrée du parking qui durant toute cette semaine abritera ma voiture… Nous avons rendez-vous à 8 heures 30 très exactement et j’ai un peu de temps de répits. Il s’agit d’un petit parking offert par des particuliers au cœur même du village de Roissy. Votre voiture y est gardée en toute sécurité et, après l’établissement d’un état de cette dernière, on vous accompagne à votre aérogare de départ et on vient vous rechercher lors de votre retour… le tout pour un prix légèrement inférieur au « parking à tarif réduit » de l’aéroport pour un service mille fois supérieur… Vous pouvez trouver ce service sur

www.transpac.fr.

9 heures 30, Ces quelques formalités accomplies, nous voici dans le hall de l’aérogare au milieu d’une foule comme je n’en ai jamais connue à Roissy Charles-de-Gaulle… vacances de février obligent... aussi ne m’attarderai-je pas sur ces quelques deux heures que nous passerons là…

11 heures 30, nous sommes en salle d’embarquement. Heureusement que nous avions prévu très large avec Dominique, ce qui nous a permis d’enregistrer nos bagages presque dans les tous premiers… nous n’avons pu avoir de place près d’un hublot mais dans la rangée centrale légèrement en avant des ailes… que nous importe pourvu que nous ayons pu être placés côte à côte.

Tout à l’heure, dans la file d’attente, j’ai été apostrophé par un jeune couple qui avait repéré nos étiquettes « Atalante » sur nos sacs à dos et qui se rend aussi à Girardville. Mais, au milieu de toute cette foule, nous l’avons perdu de vue…

14 heures, c’est en bus que nous avons rejoint notre avion, garé très loin de l’aérogare ; il s’agit d’un « Boeing 747-400 ». Installés à bord, nous avons pris du retard car il nous a fallu attendre certains passagers non encore enregistrés à cause des files s’accumulant devant les stands d’enregistrement un peu partout. Finalement nous avons quitté notre aire à 12 heures 20 mais, après dix minutes de circuit, nous avons été mis en attente en bout de piste durant une bonne vingtaine de minutes encore. Enfin, à 12 heures 50 très exactement à ma montre, notre « Boeing » quittait le sol.

Assez rapidement, notre palier de vol (35000 pieds) ayant été atteint, le déjeuner : salade, poulet (pour Do), saumon (pour moi), fromage, gâteau, café, vin blanc (pour moi), coca (pour Do) nous fut servi et nous permit un bon moment de tuer le temps. Pour ma part, maintenant, je vais me plonger dans une lecture passionnante : « Le Chant du Grand Nord » (livre circonstancié !) tandis que Do a sorti sa Game-Boy et  va chercher à se distraire entre deux films projetés sur les écrans de télévision du bord.

Après avoir survolé l’Irlande, nous nous dirigerons sur le Groenland, région au-dessus de laquelle nous bifurquerons vers Toronto en survolant les villes de Québec puis de Montréal.

15 heures 40 (heure française), afin de nous mettre tout de suite au diapason nous changeons nos montres : 9 heures 40, heure québécoise.

Le voyage se passe sans trop de mal mais nous sommes très fréquemment secoués, traversant d’assez grosses turbulences d’une bonne vingtaine de minutes chacune nous obligeant, à la demande express du « Commandant de Bord » de rester attachés. Mais nous en prenons vite l’habitude et n’en sommes pas le moins du monde perturbés.

14 heures 20 (heure locale), nous nous posons à Toronto ; au sol la température n’est que de – 12 degrés, nous avons connu bien pire lors de notre dernier voyage.

Toronto

Avant notre prochaine correspondance, nous avons environ deux heures d’attente mais nous sommes fatigués et restons en salle d’embarquement après une fouille minutieuse au contrôle de police... attentat oblige. Ici, nous allons être abordés par un deuxième couple qui a aussi pris le même avion que nous à Paris et qui se rend aussi à Girardville... ils ont aperçu nos badges de bagages et se sont ainsi permis de nous aborder. Par eux, nous apprenons qu’en principe nous sommes les seuls inscrits au raid « chiens de traîneaux » mais cela ne nous déplait guère.

Comme à l’enregistrement à Paris on nous a donné des places séparées, je discute avec le personnel de l’aéroport et arrive à me faire changer nos places pour deux places côte à côte sur la dernière rangée... l’essentiel en fait est de ne pas se quitter.

Incident au décollage à Toronto

Notre départ est fixé à 17 heures 50 pour une arrivée sur Québec à 19 heures 15. Nous embarquons presque à l’heure à bord d’un « airbus A319 » composé de 29 rangées de 6 places. A peine installés et les portes verrouillées, je perçois un bruit étrange comme le crissement du moteur d’une voiture qui ne veut pas démarrer. Le temps passe, nous ne quittons pas notre aire de stationnement et le même bruit persiste.

18 heures 45, la voix du Commandant de bord se fait entendre : Mesdames et Messieurs les passagers, je vous prie de bien vouloir m’excuser mais il semble que nous ayons une défaillance de réacteur. Il va donc vous falloir patienter car nous allons devoir soit réparer soit changer le réacteur. Notre nouvelle heure de décollage ne peut donc pas être déterminée actuellement. Je vous prie cependant de bien vouloir ne pas quitter vos places. » D’accord !

Cinq minutes ne se sont pas passées que brutalement nous entendons le bruit « normal » du réacteur et notre avion s’élance sans plus tarder sur la piste malgré une certaine appréhension qui nous serre les tripes. Bien vite nous atteignons notre palier et vitesse de croisière : 25000 pieds et 700 kilomètres/heure.

Québec

Nous atteindrons Québec cinquante cinq minutes plus tard et nous posons à 19 heures 55... dehors la température affiche les – 20°... c’est encore très supportable.

Dès notre arrivée dans le hall de l’aéroport nous sommes accueillis par Steve qui assure en général les liaisons avec la base d’Aventuraid. Tout en récupérant nos valises (je vous fais grâce de ma valise dont la fermeture éclair a été arrachée !), nous faisons connaissance avec les autres participants :

Ø      Christine et sa fille Charlotte (13 ans), arrivant tout droit de Marseille via Paris direct et qui se sont en fait inscrites au raid « chiens de traîneaux » (nous serons donc quatre participants)

Ø      Valérie et Philippe (jeune couple) en provenance de Lyon via Paris et Toronto

Ø      Elyane et Georges, comme moi retraités, en provenance de la région parisienne

Ø      Frank et ses deux enfants, Luc et Clément (ce dernier de l’âge de mon Dominique) en provenance eux de Mulhouse via Paris et Toronto.

Nous n’avons guère mangé depuis ce midi mais le temps presse car la route est longue aussi nous nous embarquons sans tarder dans le « 4X4 » de Steve.

de Québec au Lac Saint Jean

Tout au long de la route je suis surpris du peu de hauteur de neige que nous rencontrons et pourtant nos autres compagnons s’extasient devant cette dernière... il faut avouer qu’en 2001 nous avions du être plus que sérieusement gâtés. Après de multiples haltes : rafraîchissements boissons pour Steve ( !), nous finissons par arriver à notre chalet dans les environs de Girardville... il est 1 heure 15 du matin.

Bien que l’heure fut fort matinale, je suis frappé de ne trouver personne à notre arrivée pour nous accueillir ; cet accueil si chaleureux que nous avions rencontré deux ans auparavant tout de suite auprès de notre guide accompagnateur puis par l’ensemble sans exception de tout le personnel de nos pourvoiries, accueil qui nous avait si agréablement surpris et dont nous gardions le plus fabuleux souvenir. Il est vrai qu’ici nous étions  d’abord chez des Français...

Aussi, après nous être vus décerner nos chambres respectives par Steve, nous sommes abandonnés à notre triste sort et ce sans manger... Aussitôt le départ de notre chauffeur, il ne nous reste donc qu’à faire nos lits avant que de pouvoir nous y étendre et... « dodo », la journée a été longue certes mais... nos ventres crient « famine » !!!

1er jour : entraînement

Tout au long de la route je suis surpris du peu de hauteur de neige que nous rencontrons et pourtant nos autres compagnons s’extasient devant cette dernière... il faut avouer qu’en 2001 nous avions du être plus que sérieusement gâtés. Après de multiples haltes : rafraîchissements boissons pour Steve ( !), nous finissons par arriver à notre chalet dans les environs de Girardville... il est 1 heure 15 du matin.

Bien que l’heure fut fort matinale, je suis frappé de ne trouver personne à notre arrivée pour nous accueillir ; cet accueil si chaleureux que nous avions rencontré deux ans auparavant tout de suite auprès de notre guide accompagnateur puis par l’ensemble sans exception de tout le personnel de nos pourvoiries, accueil qui nous avait si agréablement surpris et dont nous gardions le plus fabuleux souvenir. Il est vrai qu’ici nous étions  d’abord chez des Français...

Aussi, après nous être vus décerner nos chambres respectives par Steve, nous sommes abandonnés à notre triste sort et ce sans manger... Aussitôt le départ de notre chauffeur, il ne nous reste donc qu’à faire nos lits avant que de pouvoir nous y étendre et... « dodo », la journée a été longue certes mais... nos ventres crient « famine » !!!

Dominique et Charlotte auront chacun un traîneau, Dominique avec 2 chiens pour commencer, Charlotte : trois. Quant à Christine et moi-même nous aurons aussi chacun notre traîneau attelé de quatre chiens chacun.

Dominique et Charlotte seront pourvus en chiens provenant du chenil de Jonathan, Christine et moi en chiens appartenant au chenil de Gilles. L’ensemble de ces derniers vient en effet une semaine pénible et ont besoin de quelque repos avant de pouvoir reprendre la piste.

S’en suit un petit cours théorique fait par Jonathan sur la façon d’harnacher les chiens, de les atteler aux traîneaux et de mener ces derniers. Puis pour nous mettre en train, de la théorie nous passons directement à la pratique : passer les harnais, amener nos chiens, les atteler et départ presque immédiat pour un petit tour de trois quarts d’heure dans les environs immédiats.

Ne pensez surtout pas que tout cela est facile et s’acquière du premier coup. Les chiens aussitôt qu’on les approche ont compris que, pour eux, a sonné l’heure du départ et alors ils entrent dans une excitation folle décuplée par celle de tous ceux qui restent au chenil. Ce n’est donc pas facile déjà de leur passer le harnais alors qu’ils sont (heureusement d’ailleurs !) encore attachés à leur chaîne. Mais ce n’est pas le pire... il faut ensuite les conduire, un par un, à leur traîneau respectif et là pas question d’en lâcher un seul sans le risque d’une bagarre généralisée dans tout le chenil.

Ces chiens sont adorables avec... nous... mais intraitables entre eux... ils ont leur domaine et ne vous avisez pas de traverser leur territoire avec un autre chien. Et pourtant comment faire ? Les chiens sont installés de façon si serrée que leurs chaînes se touchent pratiquement l’une l’autre... Il faut tenir le chien et croyez-moi ce n’est pas aisé car il tire et parfois il est plus fort que nous ; il cherche la bagarre, tous crocs dehors (d’ailleurs pas question d’opérer ce travail les mains à nues mais bien protégées par nos gros gants de ski !) avec ses compagnons que l’on va devoir croiser tout au long de notre longue traversée... C’est un véritable cauchemar ! mais quand il faut, il faut... alors à force d’autorité, de force et de patience on y arrive.

L’attelage est plus facile mais il faut respecter la place de chacun le long de la ligne car chaque chien a un rôle bien défini au sein du groupe : il y a les tireurs à l’arrière et ceux qui font la piste à l’avant. Ensuite il ne reste plus que la conduite : savoir se faire obéir à la voix en deux ou trois ordres brefs mais sans appel : « allez » pour les faire démarrer ou avancer ainsi que, selon le ton employé, pour les encourager sur la piste - « stop » pour les stopper ; ensuite il y a le fonctionnement du frein afin de maintenir en permanence la ligne tendue mais aussi pour freiner les chiens dans les passages difficiles.

Car oui, il y a des passages difficiles. Les virages tout d’abord ; en terrain dégagé ce n’est guère un problème sinon qu’il faut veiller à ce que le traîneau ne chavire car alors si, vous, vous tombés, les chiens eux ne vous attendent pas et peuvent très bien continuer leur chemin sans vous ; en forêt, c’est déjà beaucoup plus dur car les pistes sont souvent étroites, sinueuses et il ne faut en aucun cas se prendre un arbre, ce qui aurait pour conséquence d’arrêter brutalement les chiens avec un risque de blessures mais aussi de briser purement et simplement le traîneau car l’allure est vive par endroit et, si vous laisser votre traîneau flotter, il peut ne pas suivre tout à fait la même courbure que celle des chiens... il va filer tout droit dans la forêt et tourner brutalement à la tension de la ligne et... il est alors souvent déjà trop tard : « bang » dans l’arbre... Il y a les virages mais aussi les dénivelés avec des descentes fort raides dans lesquelles il faut retenir le traîneau en freinant pour garder la ligne tendue mais pas trop pour ne pas empêcher les chiens de prendre suffisamment d’élan pour la prochaine remontée.

Dès notre premier départ en cette matinée sera fixé l’ordre de la traînée : Jonathan ouvrira la piste, suivi de Dominique, Charlotte qui précèdera Christine restera dans la trace de Dominique ; pour ma part, ayant déjà pratiqué la conduite d’un traîneau deux ans auparavant, je fermerai la marche. Cette place, privilégiée peut-être car elle me permettra d’avantage d’aller à mon rythme et d’étudier le parcours et ses difficultés en voyant passer les autres, me gênera pourtant au niveau de la prise des photos car je n’aurai que le dos de mes prédécesseurs et Do sera un peu trop éloigné de moi. Et pas question d’en prendre ni au moment d’un départ, ni en cours de course, ni même à l’arrivée... les chiens sont trop impatients pour bien vouloir patienter...

Ce premier tour sera rapide et sans trop de technicité : une prise en main des traîneaux et une complaisance avec nos chiens respectifs... y compris les étapes obligatoires d’harnachement, d’attelage, de dételage, de dé harnachement et ce sans vous reparler de ces « cauchemardesques » traversées du chenil.

A midi nous échangerons rapidement nos premières impressions dans la salle de repos de la base d’Aventuraid autour de quelques légumes crus que nous trempons dans diverses sauces et d’une bonne pizza faite par Marie, le tout suivi d’un simple yaourt et arrosé d’eau bien pure et bien fraîche...

Nous ne tarderons pas à repartir pour une nouvelle virée un peu plus longue et surtout déjà un peu plus technique : virages, descente et montée de rives, passage de rivière gelée et le tout à travers un paysage de rêve.

Nous regagnons notre base aux environs de 16 heures 30 et, après nous être occupés chacun de nos propres chiens et avoir rangé nos traîneaux, nous terminerons l’après-midi en discussion avec Jonathan afin de faire un peu plus ample connaissance avec nos hôtes.

Gilles et Marie pour commencer. Ils sont tous deux d’origine française et se sont installés dans cette région du Québec il y a une quinzaine d’années. Gilles, Marseillais a une formation de professeur d’éducation physique. Marie, Parisienne quant à elle, possède une formation d’infirmière. Ils se sont l’un comme l’autre bien intégrés dans ce pays et de par leur formation personnelle ils se complètent très bien au sein de leur entreprise.

Jonathan est un pur Québécois et il ne s’est guère éloigné de Girardville, région natale de sa famille. Il travaille en collaboration avec Gilles et Marie tout en continuant de s’occuper des terres de ses parents et de leur petite ferme. Comme la quasi-totalité des Québécois, il est bien entendu chasseur, son gibier de prédilection étant l’orignal... pour cela il est prêt, même sur un seul week-end en période de chasse, à parcourir des centaines et des centaines de kilomètres pour gagner son territoire.

Retour à l’auberge, enfin ce que l’on appelle l’auberge « Aventure-Skimok », moi je dirai : « notre chalet », très confortable certes mais rien d’une auberge au bon accueil bien typique de ce pays comme nous y avions été habitués lors de notre dernier séjour de Pourvoirie en Pourvoirie.

En attendant le reste de la troupe, partie la journée pour une visite du zoo sauvage de Saint-Félicien, tel que prévue dans leur programme de séjour, puis, pour les amateurs et en compagnie de Marie, à un match de hockey, nous en profitons pour nous doucher, et faire quelques rangements... Je me plonge ensuite dans la poursuite d’un livre passionnant que j’avais entamé dans l’avion : « Le chant du Grand Nord », livre qui est tout à fait d’actualité. Pendant ce temps, Do a trouvé une télévision, un magnétoscope, quelques cassettes et divers jeux de société.

Au retour des autres et après que les uns aient fait réchauffer les mets préparés par Marie et apportés par Gilles, que les autres aient mis la table, nous dînons en nous remémorant les péripéties de cette première journée. Ensuite, corvée vaisselle avant de rejoindre nos chambres respectives pour un repos bien mérité.

Au terme de cette première journée je ne suis pas peu fier de mon « Titi des Titi » qui s’est vraiment, malgré les difficultés rencontrées, conduit en véritable petit chef et en « musheur » de premier ordre à tel point qu’il a d’ailleurs été décidé d’adjoindre à son attelage un chien supplémentaire afin de lui donner un peu plus de vitesse. Il faut dire aussi pour être tout à fait juste avec tout le monde qu’il ne nous a fallu que cette première journée de piste pour nous mettre au diapason des chiens et eux au nôtre, pour apprendre à harnacher, à atteler et à conduire sans encore trop d’incidents de parcours... ceux-ci viendront peut-être les jours prochains mais pour l’instant prenons une bonne dose de sommeil avant le prochain départ.

2ème jour : Raid

Lundi 17 février 2003

Le lever sera un tout petit peu plus matinal que la veille et dès 7 heures nous sautons du lit. La température est ce matin légèrement plus clémente que la veille et ne s’affiche plus qu’à - 30 degrés... nous qui avions connu des températures bien plus extrêmes nous nous en désolons...

Nouvelle journée d’entraînement à travers forêts et toundra, rivières et lacs. Journée assez technique, pistes et sentiers relativement chaotiques et sinueux qui nous voudront d’ailleurs, avouons-le sans fausse honte (j’aimerai bien vous y voir !) au moins une bonne chute par personne dans un certain virage d’une super bonne poudreuse au bas d’une rive et juste avant d’attaquer le lit de la rivière « Mistassini ».

Contrairement à la veille nous sommes partis cette fois-ci pour la journée entière avec notre « frichti » pour le midi. Aussi nous arrêterons-nous en plein cœur de la forêt pour « casser une petite croûte ».

La halte sera fort sympathique. Après avoir fait coucher les chiens à même la piste,

Jonathan s’aventurera dans la neige molle pour aller couper trois ou quatre vieux arbres morts

que je me ferai ensuite un plaisir de débiter à la scie tandis que Charlotte, Christine et Dominique seront de corvée « petit bois ».

Jonathan nous donnera alors une véritable leçon pour mettre en route un magnifique brasier sur une neige immaculée. Il commence par aligner côte à côte six petits rondins de bois posés à même la neige. Par-dessus, il monte, en changeant chaque fois de sens, quelques autres rangées de six nouveaux rondins. Sur le tout, il pose des écorces d’arbres, quelques brindilles puis quelques bons morceaux de bois. Le tout ne tarde pas à s’enflammer et le tour est joué... il ne reste plus qu’à y déposer la cafetière que l’on a eu soin de remplir préalablement de neige et d’attendre que cette dernière se mette à chanter pour pouvoir nous réchauffer d’un bon bouillon de viandox. Ensuite tandis que nous buvons en essayant de ne pas nous ébouillanter, Jonathan nous fait griller quelques saucisses qui seront-elles aussi les bienvenues. Le tout sera accompagné de pâté et de fromage.

Il est curieux de voir aussi que la neige sous notre base de feu, au fur et à mesure du temps qui passe, fond à la chaleur de ce dernier et que notre foyer s’enfonce peu à peu dans le sol... il nous faudra bientôt presque nous pencher au-dessus du trou ainsi formé pour faire griller nos saucisses... Cela a pourtant un énorme avantage lorsque tout est fini, c’est qu’en fort peu de temps tout est recouvert car il n’est bien sur pas question de partir après le repas sans avoir au préalable tout remis en état...

L’après-midi se passera comme la matinée à travers de très jolis paysages dont j’essaye de fixer l’essentiel sur mes pellicules mais ce n’est pas toujours facile de tenir le traîneau sans oublier le pied léger sur le frein, de guider les chiens, d’avoir l’œil à tout et de fixer en même temps le passé sur le futur.

Retour au chenil, retour au chalet, douche, jeux pour les uns, lecture pour les autres.

C’est à ce moment que nous voyons débarquer deux nouveaux venus : un couple de Français, en principe attendu mais totalement « paumé » dans cette grande pièce de séjour du chalet où ils ont débarqué leurs valises et réclament les responsables. C’est Christine qui essayera de les rassurer et arrivera à prévenir Gilles et Marie de cette nouvelle arrivée pourtant bien programmée. Ils se joindront donc à nous mais participeront les jours suivants à un raid de « moto-neige » et nous ne les croiserons finalement que lors des repas pris tous ensemble.