La nouvelle

Lundi 29 Mai 2006 - 14hrs44

Ce matin, au Centre Hospitalier de Compiègne où je venais chercher les résultats de mes dernières biopsies, à 11 heures 44, j’apprenais de la bouche même du Docteur Andary, en présence de sa secrétaire, que j’avais un cancer. Je ressortais de son cabinet quelques vingt minutes plus tard après avoir un peu discuté avec ce chirurgien urologue qui me suit depuis 2004 avec, malgré tout,… le moral.

Cancer, ce mot ne doit pas nous effrayer ni surtout devenir un mot tabou de notre langage et principalement du mien aujourd’hui.

Cancer, qui es-tu ? Quelqu’un qui sournoisement s’est introduit en moi ces derniers mois et dont je pouvais déjà connaître de toi les premières prémices qui m’ont fait aussi t’espionner depuis deux ans bientôt.

Alors, cancer, on va te combattre et on va surtout te mettre KO dès le premier round.

                                        18hrs32

C’est bien de jouer les héros ou de faire le fanfaron… mais dans la réalité il n’en est pas forcément de même, on se pose toute une foule de questions et la vie du coup prend un tout autre sens. Déjà, dans ma vie, j’ai été confronté à la mort mais jamais encore à la maladie… Bon, faut pas croire, je garde le moral tout de même.

Alors qu’en est-il exactement, faisons rapidement le point de ce qui m’arrive.

Le 24 Septembre 2004, fatigué et fort grippé, je fais appel à mon médecin traitant mais ce dernier étant alors absent c’est un remplaçant qui vient frapper à ma porte. M’ayant trouvé très fatigué, il me prescrivit un bilan sanguin très complet. Ce bilan révéla un PSA quelque peu anormal et cette fois-ci mon médecin traitant vu en consultation me dirigea sur un spécialiste Urologue (à ma demande au centre Hospitalier de Compiègne auprès du Dicteur Andary que j’avais déjà eu l’occasion de consulter).

Aux vues de ces résultats, le Docteur Andary me fit faire aussitôt des examens complémentaires : une étude plus approfondie de mon taux de POSA et une échographie prostatique. Ces derniers examens faits, leurs résultats n’étant tout de même pas catastrophiques, le docteur Andary décida de me garder sous surveillance et me demanda revenir le voir dans six mois.

C’est donc au mois de Mai suivant qu’après une nouvelle analyse sanguine où mon taux de PSA avait encore anormalement progressé que le Docteur Andary, un peu alarmiste, décida de me pratiquer rapidement une série de premières biopsies de contrôle.

Celles-ci eurent lieu le 24 Mai au Centre Hospitalier avec une petite hospitalisation de jour. Il fut pratiqué ce jour là 19 prélèvements dont les résultats, connus le 5 Juin, ne révélèrent aucun foyer cancéreux.

Il fut cependant décidé ce même jour de poursuivre la surveillance et de se revoir dans un délai de six mois et de me faire faire un nouveau bilan de mon taux de PSA.

Me revoici donc à la mi décembre devant mon « Urologue »… mais avec toujours des résultats pas des meilleurs… un PSA toujours en augmentation, mais ce qui l’ennuie le plus ce n’est pas tant ce PSA que le rapport de ce PSA … des termes un peu barbares pour moi malgré ses explications. Du coup nous reprenons rendez-vous pour dans 3 mois avec une prévision d’une nouvelle série de biopsies immédiates si ce « rapport » continuait à pencher vers le mauvais côté…

Nouvelles analyses, nouveau rendez-vous et un taux qui n’en finit pas de grimper : 15,79 – 16,51 et maintenant 18,73. D’où nouvelles biopsies prévues le lundi 15 Mai à 11hrs 30… partant en croisière je ne pouvais pas me libérer plus tôt et le Docteur Andary devait lui-même s’absenter une quinzaine de jours.

Cette fois-ci, les prélèvements (au nombre de 19) seront effectuées en Consultation et ne nécessiteront pas d’hospitalisation de jour. Heureusement Jocelyne m’y accompagne car je ne sais comment autrement j’aurais faut pour regagner Pont aussitôt… il m’aurait fallu attendre et me reposer un peu avant de pouvoir reprendre le volant de ma voiture.

Et voici les résultats sont tombés ce matin : cancer.

Ce n’est pas vraiment de gaîté de cœur mais bon, ce cancer n’y était pas l’an dernier… alors rien n’est perdu et l’on va se battre. De toute façon il semble très localisé actuellement sur la prostate et il n’a été relevé aucune lésion de la capsule extérieur protégeant la prostate ni d’infiltration des tissus.

Pour l’instant, j’ai juste mis au courant Jocelyne qui m’avait accompagné pour mes biopsies à l’hôpital et qui fut toujours présente à mes côtés en cas de soucis de santé. Dans la mesure du possible, pour l’instant je resterai silencieux sur ce sujet.

La vie suit son cours

Jeudi 8 Juin - 8hrs20

Rassurez-vous, tout va bien… ma vie continue comme si de rien n’était et le moral est toujours au beau fixe comme tous les jours et de plus le soleil et la chaleur sont revenus !!!

J’ai passé ma scintigraphie… elle est excellente… dans la mesure où le cancer ne s’est propagé ni aux os, ni à la moelle épinière… attendons maintenant le scanner que je passerai la semaine prochaine et ensuite route vers la Bretagne, direction La Planche chez une Odile qui je crois va aussi avoir besoin de moi…

Ce jour, je vais chez des amis qui ont rassemblé d’autres amis pour mon anniversaire… cela me touche profondément et d’autant plus qu’ils ont aussi invité Jocelyne… ce sera la première fois de toute ma vie d'adulte solitaire que quelqu’un organise quelque chose pour mon anniversaire… d’habitude c’est moi qui invite pour faire la fête… Alors aujourd’hui sera encore une belle et heureuse journée… profitons-en.

Vendredi 9 Juin - 6h 54

Tout d’abord une précision : cette page que j’ai crée sur moi n’a nullement l’intention de me faire plaindre ni dans l’après-moi ni dans le temps de moi… elle n’a qu’un but : faire partager un moment fort de ma vie.

Hier mes « ti’potes », c’est ainsi que j’appelle les gens qui pour moi forment désormais le noyau de notre association et sont fortement soudés entre eux, m’ont fait un très grand plaisir : celui de m’avoir invité à déjeuner pour un excellent repas d’anniversaire dans une ambiance chaleureuse et fort sympathique… on a bien ri et cela fut pour moi,  mais aussi pour tous une grande détente.

Ce qui m’a aussi touché de leur part c’est que ce déjeuner d’anniversaire avait été prévu avant que je leur apprenne ce souci de santé qui m’arrivait et donc était fait non pas dans un esprit de pitié mais dans un réel esprit d’amitié et de camaraderie et cela m’a fait chaud au cœur.

Ce matin je me suis encore levé de bonne heure, 6 heures, quoique couché à minuit très légèrement passé. Malgré tout, je ne peux pas dire que je ne dorme pas… bien au contraire… mon sommeil est souvent profond et excellent mais lorsque je me réveille le matin, je n’aime plus rester au lit car alors mon esprit part vagabonder et je n’aime pas…

19h 05

En fait je me rends compte avec cette soif de taper, taper et taper encore que j’ai en moi comme une envie folle de ne pas partir sans avoir fini la mission que je me suis fixé vis-à-vis de mes aïeux et principalement de mon admirable grand’mère…

Et puis je viens d’apprendre par Henri ce que je savais déjà sur Odile et dont il ne fallait surtout pas parler… Il le tenait bien sûr de Michel… Ah la la quelle famille, vous comprenez mieux pourquoi pour ma part, j’ai opté pour le silence… j’imagine mal mes enfants l’apprenant pas bouches interposées et se gâchant tout leur été alors que pour ma part je veux les protéger au maximum…

Ce matin j’ai envoyé un mail à ma petite sœur mais me suis bien gardé de lui en parler ? pas même une allusion… on verra cela la semaine prochaine…

Mes premières questions

Mardi 30 Mai - 9h

Je n’ai pas passé une excellente nuit et me suis même relevé de 11 heures à 1 heure du matin pour venir me changer les idées qui me trottaient en tête en faisant de l’ordinateur… Ce matin, à 6 heures j’étais à nouveau sur mon clavier !

Que va-t-il se passer maintenant ?

J’ai écouté les explications hier du Docteur Andary mais d’une oreille quelque peu distraite dois-je l’avouer ce matin ! Il semblerait que seule la prostate soit touchée mais, par précaution (!) on va tout de même faire un bilan général pour vérifier tout de même qu’il n’y ait aucune extension de ce cancer. Scintigraphie et Scanner sont déjà au programme, la première lundi prochain au C.I.M.A de Compiègne (juste derrière l’hôpital) à 11 heures 15… le second le mercredi 14 à la Clinique Côme en plein centre ville de Compiègne.

Ensuite deux solutions s’offrent à moi.

  1. Un traitement par Radiothérapie qui, dans 30% des cas peut conduire à une guérison totale, ce qui est tout de même peu et qui a l’énorme inconvénient de brûler les tissus de façon suffisamment importante qu’il est ensuite impossible d’intervenir par une opération en cas de besoin.
  2. Une opération « Prostatectomie totale », qui veut bien dire ce que cela veut dire : ablation de l’intégralité de la prostate avec tout ce qui s’en suit mais surtout avec une chance de guérison définitive à 99%. Par contre cette solution a aussi d’autres inconvénients et principalement : tous les risques liés à une intervention chirurgicale !), une incontinence urinaire permanente et définitive dans 3% des cas, des troubles sexuels (mais à 64 ans dans trois jours cela a-t-il encore une très grande valeur par rapport à la vie…)

Alors que choisiriez-vous à ma place ? La même solution que moi, eh pardi !

Cependant aucune décision ne pourra être prise avant le résultat de mon bilan et de toute façon on va déjà ne rien changer à mes projets immédiats et partir à La Planche, Barniquel et le Mesgouëz comme prévu…

Jeudi 1er Juin - 9h 45

Ca va ! Disons plutôt : ça va, ça vient mais le moral teint le coup et je m’en étonne moi-même. Mes nuits sont bonnes mais un peu plus courtes que d’habitude car en général je suis réveillé à 7 heures et pour ne pas gamberger je me lève aussitôt.

Cela n’empêche que je me pose tout de même certaines questions.

  1. J’ai un cancer, je vais faire mon bilan… mais ensuite est-il normal que l’on me laisse ainsi jusqu’au mois de Septembre, Octobre… Si le cancer est vraiment localisé et que le bilan ne montre rien d’autre d’anormal, pourquoi ne pas intervenir sans plus tarder et ainsi être assuré qu’il ne va pas dans les jours, les semaines, les mois à venir gagner du terrain ?
  2. L’an dernier à la fin de mes biopsies qui ne m’avaient guère souffrir au moment des prélèvements mis à part les 3 ou 4 dernières le docteur Andary m’avait dit que s’il y avait cancer je n’avais pas à m’inquiéter car je serais immédiatement pris en main et que le jour où je viendrai chercher mes résultats tout serait déjà organisé. Cette fois-ci, alors que j’ai vraiment « dérouillé » au cours des prélèvements et ce dès le 3ème, et alors qu’un cancer est détecté sur 11 prélèvements (me semble-t-il !) sur 19 (ce n’est pas un mince petit rapport tout de même, le tout en un an de temps !) il ne se passe rien sinon ce bilan et ensuite je suis dans le vague total mis à part le fait d’avoir discuté de la meilleure manière de guérir le mal par cette intervention d’ablation totale de cet organe… et le tout sans parler de date précise… il semble ne pas y avoir urgence… bien au contraire on me dit « Partez en vacances, on verra cela ensuite » (cela me rappelle trop la pauvre petite Sylou, condamnée dès le départ !)
Mais c’est vrai, je ne suis ni médecin, ni chirurgien et encore moins spécialiste en la matière… Alors je fais une totale confiance en la médecine et en mon chirurgien qui me connaît déjà depuis quelque temps même si, pour lui, je ne suis sans doute qu’un patient parmi tant d’autres… mais il m’inspire confiance et je me raccroche à lui… alors laissons le faire et décider.
Il y a aussi le fait qu’on aimerait en parler autour de soi, non pas pour se faire plaindre mais juste pour en parler… comme lorsque l’on perd un être cher et qu’on a cette irrésistible envie de parler de lui et de ne parler que de lui… C’est la même chose que je ressens aujourd’hui mais avec qui en parler ? Je veux tellement protéger les autres.

  • Mon entourage tout d’abord : mes enfants et en priorité mon petit Dominique. Je ne lui en parlerai qu’au cours de notre prochain séjour ensemble mais pas avant - cela ne servirait à rien – mais pas après non plus car alors il aurait bien des questions à se poser sue ce mal qui s’abat brutalement sur moi alors que nous venons de passer un nouveau superbe été ensemble. Je le ferai au Mesgouëz tout en laissant toutefois passer un peu de temps afin qu’il me voit vivre tout à fait normalement et ne puisse du même coup se faire trop de souci ensuite même si et cela je ne pourrai pas l’empêcher, il s’en fera… Du coup pour l’aider lorsqu’il se retrouvera seul chez lui en Septembre et que l’échéance de l’opération arrivera j’en parlerai à Sidonie (sa sœur) et à sa maman aussi afin qu’il soit bien entouré dans l’épreuve. Il faut aussi que je pense à son avenir au cas où… il n’est qu’au seuil de sa vie et je dois continuer, coûte que coûte, à assurer cette dernière.
  • Et puis mes deux autres aînés… mais eux c’est un peu différent dans la mesure où ils sont établis et bien établis déjà dans leur vie avec  un petit noyau familial autour d’eux. Je les verrai sans doute au début du mois d’août car ce sera pratiquement le seul moment où je pourrai réunir mes trois enfants ensemble et je tiens à ce qu’ils soient réunis tous ensemble comme de véritables frères et sœurs qui vont avoir à se serrer les coudes. Je chargerai sans doute Do de leur annoncer le cancer de leur papa et de leur demander leur aide aussi pour lui-même. Ensuite je leur expliquerai un peu plus en détail.
  • Il y aura aussi le reste de ma famille, je veux parler de mes frères et de mes sœurs… Cela se fera plus tard sauf pour ceux que je vais rencontrer au cours de mon prochain périple : Odile, Marie-France et Yves afin que par la suite ils ne se pose pas la question de savoir pourquoi j’ai, pour eux, manqué de confiance en ne leur en parlant pas mais il faudra aussi que ce secret soit conservé par eux et par eux seuls. Les autres ne le seront que juste avant l’opération. Je veux éviter ainsi la multiplication des conseils des uns et des autres… j’ai assez à faire moi-même de tri déjà dans ma tête !
  • Il y  aussi et je ne l’oublie pas non plus car c’est sans doute la seule personne sur laquelle je vais pouvoir compter au jour le jour comme elle me l’a déjà prouvé maintes fois, je veux parler de Jocelyne. Je voudrais la ménager aussi car je ne voudrais pas qu’à cause de moi elle se complique et se gâche sa vie.
Et puis mes seuls véritables amis autour de moi je ne peux leur en parler, eux aussi il me faut les ménager : Riri est cardiaque et pas bien actuellement, Tonton a aussi maintenant ses problèmes de cœur avec sa pile... quant à Isabelle avec le départ de sa petite Elodie encore trop récent elle est aussi à protéger et à sur protéger. Je n’ai trouvé que Serge à qui parler hier, et… Josiane à qui écrire… mais qu’en sera-t-il demain ?

Mais ne pensez pas que je sois pessimiste, je vais m’en sortir et je garde le moral même si parfois je gamberge… ne gambergeriez-vous pas à ma place ?… Et puis la vie continue malgré tout à tourner et il faut vivre avec… aussi je vais partir car si je veux m’alimenter dans les deux prochaines semaines il me faut bien aller m’approvisionner quelque peu.

Vendredi 2 Juin 00h 50

C’est fou cette bête là car elle vous bouffe sournoisement à l’intérieur et tu ne sens rien… alors tu l’oublies et tu n’y portes plus attention… et puis soudain elle te turlupine dans la tête, tu gamberges et pour te changer les idées alors tu te lèves et tu viens chercher à te changer les idées… C’est ce qui m’arrive encore cette nuit… Ce n’est pas facile d’être seul mais c’est moi qui l’ai voulu… et comme je l’ai demandé à Jocelyne : « On ne change rien à nos habitudes ». Peut-être était-ce trop lui demander mais c’est peut-être aussi mieux comme cela… je ne sais plus vraiment !!!

En vacances tout de même

Lundi 24 Juillet - 9h 28

Scanner

Comme le temps passe ! Je suis au Mesgouëz et je profite de ce que mon Dominique dort encore pour venir rajouter quelques mots ici.

Il s’en est passé bien des choses depuis ce dernier 9 Juin où j’avais suspendu cette écriture.
Tout d’abord, j’ai terminé mes examens par un scanner passé le 14 Juin et dont je n’aurais les résultats qu’une dizaine de jours plus tard… ce qui ne m’a pas empêché de partir comme prévu vers de nouveaux horizons. Les résultats, que j’ai pu obtenir grâce à la complicité de mon ami Serge après qu’il les ait récupérés à Compiègne sont quasiment aussi excellents que ceux de la scintigraphie.

Je dis « quasiment » car si du côté cancer ils ne révèlent aucune extension (pour le moment !), il a été décelé un angiome côté foie qui nécessitera des examens complémentaires et un nouveau scanner… bref, on verra cela plus tard et pour l’instant ne songeons qu’à nos vacances.

Séjour à La Planche

Je suis donc parti, en compagnie de mon amie Jocelyne, le vendredi 16 Juin sur la Planche pour un séjour d’une dizaine de jours chez ma sœur Odile. Ce séjour fut toutefois prolongé afin de ne pas laisser cette dernière trop seule toute la journée jusqu’aux résultats de ses propres examens annulant du même coup notre passage chez mon autre sœur Marie-France et notre petit périple programmé dans les Monts d’Arrée.

Que dire de ce séjour ? Pas grand-chose sinon que tout s’y passa admirablement bien. Odile m’avait auparavant parlé au téléphone de son propre cancer et je lui révélais le mien dès mon arrivée… ceci nous permis de nous épauler mutuellement et de passer de bonnes journées ensemble.

La vie en effet continue son cours et j’en oublie quelque peu ma santé… je me sens d’ailleurs en excellente forme hormis une fatigue plus générale et me gagnant plus rapidement sitôt que je sors de mon « train-train ».

Séjour au Mesgouëz

Arrivé au Mesgouëz, j’ai récupéré Dominique… puis les Nicolas sont arrivés pour la « fiesta » annuelle d’Annie et Olivier et à mon grand bonheur ont pu rester ici, sous la tente pour le couchage mais en famille pour tout le reste, une bonne petite semaine… ce fut pour moi un grand bonheur car cela ne m’était jamais arrivé de ma vie de me retrouver ainsi en vacances avec cette petite famille.

L'annonce à Nicolas et Dominique

Malheureusement cependant pour des raisons que je ne voudrais pas expliquer ici et qui m'ont fait bien des fois changer les textes de ces évènements pour en arriver à celui-ci plus conciliant peut-être malgré tout le mal qu'il m'y fut fait, mes plans de protection de mes enfants ont été quelque peu perturbés… la vie n’est pas toujours ce que l’on espèrerait qu’elle soit et ne nous réserve pas toujours le meilleur d’elle-même.

Bref, je me suis trouvé à annoncer un peu brutalement à Nicolas mon état de santé et Dominique qui était à portée de voix  l’a du même coup appris de la même façon. Je crois que pour l’un comme pour l’autre ce fit un coup dur à digérer… je l’ai mieux mesuré à hauteur de Dominique. Quant à Nicolas, je ne suis même pas sûr que sa  femme  n’aie pas réussi à le convaincre que son « père le faisait chanter comme il avait auparavant fait chanter son ex avec des maladies totalement imaginaires ! »

Bref et re bref…

Je pus fort heureusement ainsi consoler très vite mon « petit » Dominique, bouleversé par ce qu’il venait d’apprendre et me disant avec de grosse larmes dans les yeux : « Papa, tu n’as pas le droit de mourir ! ». Avant le dîner tandis que j’emmenai Do dans l’allée des pâtures puis du côté du lavoir afin de le rassurer de mon mieux, lui expliquant tout ce que je savais sur ce fichu cancer et ma future opération sans rien lui en cacher non plus, Jocelyne parlait longuement et très gentiment avec Nicolas.

Dès le lendemain, nous primes le temps de discuter Nicolas, Dominique et moi très calmement et je pus ainsi faire le point avec l’aîné de mes trois enfants. Je lui ai demandé de conserver pour lui toute cette discussion que je leur faisais très confidentiellement sur ma santé leur expliquant les raisons qui me poussaient aujourd’hui à leur demander de ne pas en parler à la famille avant que je ne décide de le faire  moi-même en temps utile. Ainsi les « pendules » purent être remises à l’heure avec Nicolas qui a été très gentil avec moi.

Voilà… les choses ne sont pas toujours comme nous aimerions qu’elles se passent… mais la vie est ainsi faite. Je crois que, si ma belle-fille semble camper sur ses positions malgré les apparences et que mon attitude vis-à-vis d'elle s’en trouvera désormais très marquée, Nicolas quant à lui s’est beaucoup rapproché de moi et a été ensuite très prévenant.

Fin séjour au Mesgouëz

Jeudi 28 Juillet - 19h 05

Toujours seul avec Dominique au Mesgouëz, notre séjour touche cependant à sa fin. Côté moral tout va, tout vient avec des hauts et des bas depuis quelques temps, du sans doute à une fatigue ressentie plus ouvertement depuis quelques jours, fatigue aussi que je peux attribuer à nos gros travaux de jardinage !!! Et puis l’échéance approche et je me fais de nouveau quelques soucis… mais tout cela va bien vite rentrer dans l’ordre.

En tout cas Domi est adorable pour moi, m’aidant dans tout ce que j’entreprends et me donnant beaucoup de câlins, me donnant et m’en demandant aussi tout autant en retour. Il est très proche de moi, très attentionné et… super…

Séjour à Lisle

Mercredi 9 Août - 12h 02

La vie continue… après notre retour de Bretagne et une petite semaine à Pont, nous sommes, Do et moi, à Lisle où j’ai mis au courant mon frère Yves. Tout semble bien se passer.

Do est toujours aussi gentil avec moi mais je le sens inquiet bien que je tente de le rassurer de mon mieux et malgré la bonne ambiance dans laquelle nous nous retrouvons ici. Avant-hier soir, participant à la prière du soir qu’Yves récitait avec son petit fils Sébastien, Yves ayant demandé à Dominique s’il avait une intention de prière à nous faire partager, ce dernier dit : « Pour que mon papa se porte bien et qu’il vive longtemps ! » Cela prouve bien son état d’anxiété dans le fond de son cœur. Nous essayons cependant de nous distraire et je pense que nous y parvenons même si l’échéance approchant mon propre état d’esprit change un peu tout en me laissant malgré tout un pas trop mauvais moral.

Mais comme toujours le mal se fait sournois en moi… il ne se manifeste guère si ce n’est peut-être par une fatigue plus grandissante  et un mal de dos mais qui ne me permet pas non plus de l’attribuer à quoi que ce soit de particulier…

Jeudi 10 Août - 9h 55

Que le temps passe vite tout à coup ! Dans deux semaines nous serons déjà sur la route de notre retour et je commence à appréhender cette rentrée où la réalité va à nouveau brutalement refaire surface et où tout va se précipiter. Aussi j’appréhende maintenant ces jours prochains qui arrivent à trop grands pas. Je voudrais en vivre d’autant mieux mais la fatigue me gagne de plus en plus quoique celle-ci doive être liée en grande partie à notre vie actuelle : hier bonne balade en montagne dont j’ai ramené un mal de jambe ! Et puis, parfois je vois mon Titi tout seul dans un coin, pensif… et je m’inquiète pour lui car je le sens, quoiqu’il m’en dise, soucieux…

Séjour à Villard de Lans

Mercredi 16 Août - 17h 46

Dernière étape de nos vacances… et je commence et à perdre le moral et à me faire du souci devant l’échéance qui arrive… d’autant que depuis quelques jours je ne me sens plus au mieux de ma forme : fatigue et maux divers dans le dos, le ventre me donnent à penser…

Samedi 19 Août - 9h 44

Aucune manifestation ni de Nicolas, ni de mes amis hormis Fifi… décevant ! Heureusement Domi m’aide à tenir le coup par sa gentillesse et ses « câlins »… mais je ne dors pas très bien la nuit et me refais du souci comme au début…

Qu’en sera-t-il dans un mois ? Serai-je opéré ? Guéri ? Ou alors handicapé à vie ? Pire un petit tas de cendres enfermé dans le caveau de Plouezoc’h ? Ce que je sais avec certitude c’est que j’aurai été attaqué dans mon « intégrité » d’homme…

J’en suis au : «  Le referai-je encore ? ». On en est toujours à vouloir vivre intensément tout ce que l’on fait comme si c’était la dernière fois que l’on pouvait le faire… aussi cette soif de vivre qui m’anime… Mais à Villard le temps n’est guère aux réjouissances non plus !

Mardi 22 Août - 9h 00

Cette nuit j’ai fait un rêve étrange… c’est d’ailleurs la première fois depuis fin mai que l’un de mes rêves a un rapport quelconque avec mon mal : j’étais à mon rendez-vous avec le docteur Andary et celui-ci qui avait une mine très peu réjouie en m’accueillant m’apprenait que mon cancer avait gagné le tibia ( !!!) et il me donnait de six à un an de survie ! Est-ce une prémonition ? Je n’en sais rien si ce n’est que ce rêve est le reflet de mon état d’esprit actuel… et des soucis que je me fais pour mon Titounet tout particulièrement…

Mais ceci ne va pas nous empêcher de partir en montagne pour toute la journée… afin de profiter au maximum de ces trois jours qui nous restent à passer ici. De quoi demain sera-t-il fait  ?

Mercredi 23 Août - 17h 36

Personne ne peut empêcher qui que ce soit de penser… et il n’est pas interdit de penser… même s’il est préférable parfois de ne pas trop penser ou même de ne pas penser du tout…

Dernière ligne droite

Samedi 26 Août - 17h 39


Je n’aime pas ce temps qui court et ces choses qui s’achèvent les unes après les autres… La Planche, le Mesgouëz, Lisle, Villard… vous reverrai-je un jour ? Demain, c’est mon Dominique qui va s’en aller… vivons-nous notre dernière journée ensemble ? De quoi demain sera-t-il fait ?

Samedi 16 Septembre - 8h 56

Oui, le temps passe à une allure folle. Non seulement me voici rentré de Villard mais aussi, après toutes ces bonnes vacances avec Dominique, de nouveau seul à la maison.

J’ai rencontré Aude et ai pu enfin la tenir informée… Là aussi les choses ne se sont pas passées comme je l’aurais souhaité car elle était seule avec les enfants chez elle lorsque je m’y suis rendu pour dîner… mais c’est ainsi… Désormais, par mail puis par un court paragraphe dans le Léniouz, notre journal mensuel familial, toute ma famille a été prévenue.

Et me voici entré dans la phase finale, la moins amusante et la plus soucieuse certes pour moi : elle va me conduire à l’intervention qui se déroulera au Centre Hospitalier de Compiègne le jeudi 28 septembre prochain, dans maintenant 12 jours et j’ai grande hâte que tout soit terminé…

J’ai rencontré le docteur Andary le lundi 4, c’est ce jour que la date fut choisie ; j’ai dû me refaire une prise de sang… elle n’est pas très bonne, avec un taux de PSA encore en augmentation et surtout avec, cette fois-ci, des leucocytes présents dan les urines ; lundi j’ai rendez-vous avec l’anesthésiste, mardi radio de la prostate au SIMA de Compiègne… et puis peut-être un peu de tranquillité ensuite jusqu’à mon hospitalisation le 27 en fin d’après-midi.

J’essaye de garder le moral mais ce n’est pas tous les jours très facile bien que je me dise qu’en fin de compte ce n’est pas si grave que cela, que nombre d’hommes de mon âge ont ce même mal et s’en sortent fort bien… ce sera ma première opération et en ce sens je dois m’estimer heureux de ne pas avoir déjà été opéré de nombreuses fois comme d’autres… d’avoir toujours eu une santé au mieux et de ne pas avoir connu le mal comme certains membres de ma famille : Hervé ou même Odile et Armelle… Et je ne cite pas ici ma pauvre maman qui a eu une fin de vie si difficile... alors de quoi oserais-je me plaindre !

Alors je n’ai pas le droit de me plaindre… garder la tête haute et rester au mieux de ma forme pour mes enfants surtout et principalement pour mon Dominique toujours aussi gentil, agréable et tendre avec son papa…

Mais aussi pour tous ceux qui m’apportent leur aide : mes deux autres, chacun à leur manière certes mais je me sais bien présent dans leur esprit, mon gendre qui plusieurs fois depuis a essayé de me joindre par téléphone et avec qui j’ai dîné avant-hier soir, mon amie Jocelyne qui sera à mes côtés tout au long de mon hospitalisation et qui prendra grand soin de moi durant ma convalescence à la maison, mes frères et sœurs qui pour la quasi-totalité m’ont appelé, mes amis qui se sont manifestés d’une façon ou d’une autre : Josiane, Christelle, Henri, Philippe, Jean-Yves… qu’ils en soient ici tous remerciés… leur pensée à tous et à chacun en particulier est pour moi d’un grand réconfort.

Dimanche 17 Septembre - 19h 44

Voici venir une nouvelle semaine que j’appréhende car c’est d’elle que dépendra et mon sort et mon avenir… Demain à 15 heures 30, j’ai rendez-vous avec le médecin anesthésiste qui s’occupera de moi au cours de l’opération (si cette opération toutefois est maintenue !). Mardi à midi un quart c’est un autre rendez-vous cette fois-ci qui m’attend… il a en effet été décidé de me refaire repasser un IRM et c’est ce que je crains actuellement car je ne voudrais pas que l’on y découvre que ce cancer est sorti de ma prostate et a gagné d’autres organes ou même certaines parties osseuses de mon corps, ce qui expliquerait cette fatigue dont je n’arrive pas à me défaire et ces maux de dos que je ressens de plus en plus fréquemment.

Enfin j’en saurai un peu plus mardi soir lorsque j’aurai rencontré le radiologue qui pourra me donner un premier diagnostic après le passage de mon IRM… alors je verrai mieux en mon avenir immédiat ou plus lointain… mais où serai-je dans quinze jours… dans mon lit d’hôpital entre de bonnes mains aux petits soins des infirmières et entouré du soutien de Jocelyne à mes côtés et de l’affection de mes enfants et de toute ma famille… ou bien déjà… là bas… sous la dalle et réduit à l’état de cendre…

Mes idées ne sont pas toujours très bien ancrées dans ma tête et pourtant je lutte pour n’en rien laisser paraître et garder un bon moral…

Vendredi 22 Septembre - 9h 49

Et voilà une nouvelle semaine qui touche bientôt à sa fin et me laisse un petit peu soucieux au point d’en avoir mon téléphone portable en permanence allumé et à portée de main dans l’attente hypothétique d’un appel de mon chirurgien, appel que je ne souhaite pas car il serait, me semble-t-il de mauvais augure…

Cette semaine fut en effet fort bien remplie :
  • Lundi : anesthésiste,
  • Mardi : IRM,
  • Mercredi : Prise de sang,
  • Jeudi : re-prise de sang,
et enfin aujourd’hui un peu de repos avec un déjeuner Association à Chantilly.

J’ai donc vu mon chirurgien lundi après-midi. Une conversation de plus d’une demi heure avec un chirurgien très sympathique et même un peu blagueur qui m’a mis en confiance tout de suite… de plus c’est le chef de service et c’est lui qui me prendra en main. Il m’a longuement expliqué comment il pratiquerait… qu’il commencerait, après une anesthésie locale, par me placer un cathéter dans la colonne vertébrale (il m’a même déjà montré entre quelle et quelle vertèbre il l’introduirait) et ensuite seulement il m’endormirait totalement pour l’opération. Ce cathéter agira en fait comme une péridurale au moment de mon réveil et par son intermédiaire il me sera injecté automatiquement et en permanence durant les premières vingt quatre heures un produit qui me permettra un réveil en toute douceur et ensuite de ne pas souffrir… puis, au cours des deux jours suivants, ce sera moi qui directement à l’aide d’une petite pompe reliée au cathéter pourrait régler le débit en fonction de mes besoins pour ne pas souffrir. Il m’a expliqué à nouveau et en détail le déroulement de l’opération qui commencera le jeudi 28 à 9 heures du matin et devrait être terminée à 13 heures avec peut-être un petit débordement sur le début de l’après-midi en cas de complications. Puis m’ayant prescrit un électrocardiogramme, il est parti avec moi (pour se dégourdir les jambes, m’a-t-il annoncé) à travers tout l’hôpital, laissant ses autres clients dans la salle d’attente, jusqu’au service de cardiologie… nous avons ainsi pu continuer à faire connaissance et à blaguer même car à un moment il nous avait presque perdus dans les couloirs et ne savait plus trop où on était car, toujours pour se dégourdir les jambes on avait pris les escaliers et non les ascenseurs et que nous nous trouvions dans les sous-sols (dans cet hôpital il n’y a qu’un étage, un ré de chaussée et un sous sol… Enfin ce fut un très bon contact qui m’a bien mis en confiance…

Mardi, retour sur Compiègne pour passer une IRM… Ô la, la, quand il s’agit de la prostate, voilà une chose pas très agréable à passer… Tout d’abord on vous fait déshabiller dans un petit salon et on vous demande de revêtir une chemise toute transparente dans une matière que je n’ai pas su déterminer car il ne faut ni nylon, ni synthétique. Vous ne devez d’ailleurs avoir ni maquillage, ni paillette, ni appareil auditif ou dentaire, ni bijou (sauf ceux de famille qu’heureusement vous avez le droit de conserver !!!) sinon vous vous exposez tout simplement à un risque de décès ou de cécité complète au cours de l’examen (c’est gai et rassurant !!!). Ensuite on vous fait entrer dans la salle d’examen et on vous installe sur une table… Là une infirmière est venue me voir et m’a très gentiment expliqué tout ce qui allait se passer (cette infirmière était très gentille, je dois l’avouer, et sûrement très psychologue avec ses patients). Ensuite c’est un médecin radiologue qui est arrivé, on a discuté un instant pour me re-expliquer ce que l’infirmière m’avait déjà dit… puis, alors que l’infirmière restait près de moi et tentait de me rassurer en me tenant presque par la main, le médecin m’introduit jusqu’à hauteur de la prostate et par là où vous pouvez l’imaginer une sonde qu’il a légèrement gonflé ensuite (à vous enlever toute envie et pour le restant de vos jours d’être ... !!!)… cette petite intervention était faite sous anesthésie locale… Ensuite on m’a mis un casque anti-bruit sur les oreilles puis on m’a    glissé à l’intérieur d’un long tube duquel je n’avais que le sommet du crâne qui dépassait… Comme m’avait dit le radiologue une IRM est un examen beaucoup plus pointu qu’un simple scanner… et demande ensuite une étude minutieuse de quelques jours avant d’avoir un résultat définitif… il m’avait toutefois précisé que, comme je l’avais demandé, il pourrait sans doute me donner un aperçu de résultat un quart d’heure après la fin de l’examen. Bon, après il n’a rien voulu me dire, il m’a paru un peu gêné lorsqu’il est revenu me voir et m’a simplement dit, après m’avoir demandé si je revoyais mon chirurgien avant l’opération, que les résultats aussitôt traités seraient envoyés directement à ce dernier ! KES ZA DIR et KES ZA KO ? Je ne sais pas !!! mais j’espère que cela n’est pas de mauvais augure et je me fais, il faut tout de même me l’avouer, un tout petit peu de souci… enfin je me dis que cela ne sert à rien… il n’y a qu’à attendre… Bref je dois tout de même vous avouer avoir mon portable en permanence allumé avec moi au cas où mon chirurgien m’appellerait afin de me voir un de ces prochains jours… J’espère toutefois qu’il n’en sera rien !!! L’espoir n’a jamais tué personne. Ceci dit tout le monde "il a été gentil avec moi".

Rien à dire par contre sur les prises de sang qui ne furent que des prises de sang banales dont j’irai chercher les résultats ce soir.

Samedi 23 Septembre - 9h 45

Premier jour de l’automne… connaîtrai-je l’hiver ?

Il me tarde aujourd’hui que tout cela soit terminé mais je crois que je vais maintenant vers ce 28 septembre l’esprit calme et serein… Je n’ai sans doute pas beaucoup dormi cette nuit, couché à 21 heures, éteins après le film télévisé à 22 heures 30, je me suis relevé à 23 heures et mis sur mon ordinateur jusqu’à 2 heures ce matin… mais ensuite j’ai dormi d’un sommeil profond et réparateur… celui des justes.

Je ne voudrais surtout pas que tout ceci, ce document, soit mal interprété… il ne se veut ni exhibitionniste, ni voyeuriste… juste moi… avec mes états d’âme comme je peux au fil de ce temps qui passait trop vite au départ pour mon goût et que maintenant je voudrais voir courir plus vite pour mettre enfin ce prochain jeudi au titre de mon passé…

J’ai toujours le moral, du moins ça va… et comme parfois j’aime à le dire « ça… ça vient ». Peut-être qu’avec le temps et mon état physique normal ou presque je ne me sens plus concerné, que je vis comme une autre aventure mais qu’en sera-t-il ce mercredi soir lorsque je vais me retrouver face à la réalité… tout seul dans ma chambre d’hôpital… et ce jeudi matin lorsque le processus final va se mettre en route… Je n’en sais rien… et ne veux pas y penser… alors je m’active comme je peux et j’essaye de vivre une toute autre histoire.

Mercredi 27 Septembre - 10h 52

Et voilà on yest… demain à cette même heure je serai encore sur la table d’opération (enfin je l’espère… car en cas contraire ce serait plutôt mauvais présage ! mais cela aussi on ne peut pas ne pas y songer !!!). Alors le processus va se mettre en route dès cet après-midi avec mon hospitalisation… il n’y aura plusqu’à se laisser mener… mais le moral est encore là… peut-être aussi parce que je ne réalise pas… peut-être aussi parce que j’ai fini par m’y habituer…

Ce midi Marie-France et Guy, de passage à Paris, doivent venir déjeuner à la maison, leur visite me permettra d’oublier un peu et de ne pas trop penser. Jocelyne étant fort heureusement à la maison depuis lundi matin, je n’ai à me préoccuper de rien quant à la préparation de ce repas. Je recevrai aussi des appels téléphoniques de mon frère Hervé et de mon copain Riri.

Mon hospitalisation

Mercredi 27 Septembre - 22hrs

Cette fois-ci… on y est et encore… on y est plus que jamais.

C’est Jocelyne qui, très gentiment, m’a accompagné au CHR de Compiègne où je me suis vu, aussitôt mon arrivée (vers 17 heures), attribuer ma chambre, une gentille petite chambre individuelle toute de blanc tendue… Pas eu beaucoup le temps de m’ennuyer depuis mon arrivée : démarches pour avoir le branchement téléphonique et la télévision dans ma chambre, installation rapide, visites infirmières (laïus d’explications sur le déroulement de la matinée de demain puis rasage), médecin (re même laïus) puis dîner (soupe, steak haché, purée, yaourt), départ de Jocelyne (19h), appel téléphonique de Nicolas pour me souhaiter « bonne chance » et « Bon courage », puis de Jocelyne à son arrivée à la maison… J’appelle Dominique qui a essayé de me joindre sur mon portable… A 21h, passage de deux infirmières (Véronique et Isabelle) pour le train-train quotidien (température, tension). De nouveau à 23h, passage infirmière de nuit, re-température, re tension… elle me donne aussi un cachet d’"Alpragolam" pour me décontracter et m’endormir… Je lis un peu et éteins à 23h ½.

Et que dire de plus… J’y suis… J’y reste et comme me l’a dit le docteur Andary ce soir : « Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer », alors tout va bien se passer… le processus s’est véritablement mis en route… pour l’instant tout va bien, tout se passe bien et tout continuera à bien se passer… J’ai une confiance totale en mon chirurgien et je n’ai vraiment pas à me plaindre, ni de mon état physique, ni de mon état moral… tout le monde est très attentionné autour de moi…

Jeudi 28 Septembre 8h 45

Réveillé à 6 heures par l’infirmière, j’ai été prendre ma douche (avec passage total à la "Bétadine"). J’ai du me rendormir car une infirmière vient de me réveiller à l’instant… tout à fait calme et serein. Pour l’instant présent, j’ai en effet un moral d’acier et je ne "stresse" en aucune façon contrairement à ce que je pensais tous ces jours derniers où malgré tout j’appréhendais beaucoup cette "première" dans ma vie… mais je pense aussi à ces réflexions que nous avons eu cet été, Odile et moi, sur la comparaison qu’elle me faisait entre "la mort" et "le sommeil", comparaison à laquelle j’adepte totalement en ce moment et qui sera prochainement l’objet de l’un de mes prochains chapitres dans "Mes grands thèmes de réflexion" sur ce site… vous voyez je crois en l’avenir…

                                        23h 30

Et voilà… c’est fait… et, après cette opération dont je me suis fait tant de soucis en Juin mais dont l’appréhension s’est estompée peu à peu ensuite (grâce sans doute à cette réflexion faite avec ma petite soeur Odile et dont j’ai fait mention ce matin),  je me sens bien et je vais bien… très bien même… un peu de fatigue certes mais juste due au "choc" opératoire… et je suis même étonné de moi-même… Que ce soit dans la salle de préparation attenante au "bloc" où j’ai attendu quelques minutes en compagnie d’autres patients tous aussi bien harnachés que moi, que ce soit dans le bloc où l’on m’a fait rentré pleinement conscient, où je me suis glissé moi-même sur la table d’opération où l’on m’a "ficelé" et où le docteur Andary (mon chirurgien) puis le docteur Lepetit (mon anesthésiste) sont venus me rendre une dernière petite visite avant que je m’endorme, je n’ai jamais eu d’appréhension… n’est-ce pas là l’essentiel.

Que vous dire du déroulement de mon opération ? Peu de choses en réalité et je ne me contenterai de vous raconter ici juste ce que j’ai pu vivre moi-même… le reste ne serait que pure imagination et pourrait être contredit par tout le personnel présent autour de moi et qui fut seul maître de ma destinée durant ces quelques heures où je n’ai plus été conscient de ma vie…

A 8h 50, on est venu me chercher dans ma chambre et, sans quitter mon lit, on m’a brinquebalé à travers les couloirs, puis l’ascenseur, et à nouveau les couloirs jusqu’à la salle de préparation attenante aux blocs opératoires où déjà trois lits de patients attendaient. Je fus immédiatement pris en main (si l’on peut dire) par une infirmière qui, très gentiment, s’est approché de moi afin de m’expliquer (mais peut-être avec encore un peu plus de détail) le déroulement de ce qui allait se passer dans les minutes à venir… puis elle m’a affublé d’un protège-tête et d’un cathéter au niveau du pli intérieur de mon coude droit. Au bout de dix minutes environ, mes trois autres patients ayant disparu derrière un rideau, vînt mon tour… moi aussi, on me fit passer le "rideau". J’entrai dès lors dans un long couloir mais fut immédiatement dirigé vers la première porte à gauche. J’entrai dans une pièce qui, à première vue, ne ressemblait point du tout à l’idée que je me faisais d’une salle d’opération telle qu’on le voit dans les films… c’était une pièce qui me paraissait normale avec quelques appareils et comme une sorte de lit élevé et étroit en son centre. On stoppa mon lit (celui de ma chambre) auprès de cet autre « lit » (en fait la table d’opération) et on me demanda de m’y glisser… ce que je fis sans toujours d’appréhension, plus occupé à regarder mon environnement qu’à songer à la suite…

Une infirmière s’approcha alors de moi et toujours avec autant de "gentillesse" (j’insiste sur ce mot car il est pour moi la chose primordiale qui m’a accompagné tout au long de ce début de journée comme d’ailleurs, dois-je l’avouer, tout au long de mon temps depuis mon arrivée) le déroulement de tout ce qui allait se passer. Puis le docteur Andary s’approcha à son tour et, après m’avoir serré la main puis tâté mon ventre, il me confirma ce qu’il m’avait dit la veille : « Vous allez voir, tout va très bien se passer. ». Ensuite on me "ligota" sur cette table (je veux dire qu’on passa autour de ma taille et de ma poitrine deux sangles puis on me demanda d’étendre mes bras dans deux gouttières placées perpendiculairement à la table et l’on m’y attacha aussi de telle sorte que je me retrouvai les bras en croix et que j’eus à ce moment une pensée émue pour Notre Seigneur aux mains desquelles un court instant je remis mon avenir…

L’aide anesthésiste alors près de moi pour me dire qu’on attendait désormais l’arrivée de l’anesthésiste et que le docteur Andary soit prêt ; une fois de plus j’eus le droit au récit de tout ce qui allait se passer… mais ce qui était rassurant dans ces dires mainte fois répétés, c’est que personne ne se contredisait et que, dit peut-être avec des mots différents, le processus décrit était toujours le même.

Enfin, voici le docteur Lepetit, toujours aussi souriant : « Ah ! Bonjour Monsieur Morize, alors comment allez-vous ce matin ? Pas trop d’appréhensions j’espère car vous allez voir tout va très bien se passer et le docteur Andary est un excellent chirurgien. » - « Non pas de problème et je suis très calme et serein. » - « Bien, veuillez vous asseoir, je vais vous installer la péridurale, vous n’allez rien sentir mais cela servira aussitôt l’opération terminée de vous brancher sur une pompe anti douleur… Voilà c’est fait, vous voyez, jusque là tout va bien, vous pouvez vous rallonger… » puis en passant sur ma droite et posant sa main sur le cathéter fixé à mon bras : «  Bon je vais vous inject……………………………………… »

Et me voici, sans m’en rendre absolument compte parti je ne sais où dans le pays des "Milles et Une Nuits". Je ne vous raconterai pas ce qui s’est passé dans les secondes, les minutes et les heures qui ont suivi car je ne le pourrais pas et heureusement car je n’aimerai pas avoir pu être suffisamment conscient pour pouvoir vous le raconter…

Ce que je peux seulement vous dire c’est que, vers je ne sais trop quelle heure, je me suis éveillé dans une chambre que je ne connaissais pas, la "salle de réveil", et que je m’y suis éveillé, me semble-t-il ou alors je n’en garde aucun souvenir, comme je m’éveille chaque jour de ma vie… mis à part que j’étais dans mon lit d’hôpital et que surtout j’avais de la "tuyauterie" partout… bien sûr deux perfusions fixées sur mon bras gauche afin d’apporter le "sucre" nécessaire à mon organisme, deux autres m’apportant les calmants nécessaires (de la "naropétine"), un tuyau sortant de ma colonne vertébrale (la "péridurale" et reliant la "pompe à douleur", deux "rodons" (tuyaux) sortant de mon ventre (chacun de chaque côté du gros pansement me couvrant le milieu du bas ventre) et relié à des "poches" attachées sur les rebords du dessous du lit et enfin cet affreux tuyau me sortant du "zizi" et relié à une autre "poche" ne cessant de se remplir… d’urine… Pardonnez-moi ces détails mais c’est là la Vérité Vraie… aussi ne nous y attardons pas davantage… je sens que longtemps ce sera là mon seul supplice…

Je suis reconduit presqu’aussitôt après avoir repris tous mes esprits (j’ai l’impression tout du moins de ne pas m’être éternisé en salle de réveil !) dans ma chambre… il doit être aux environs des 17 heures. Quasiment à la porte de cette dernière, je croise Jocelyne dans le couloir ; cette dernière venait d’arriver avec un très joli pot de fleurs et, ne voyant personne (pas même mon lit) dans ma chambre commençait à s’inquiéter sérieusement et était allé trouver les infirmières pour leur demander ce qui se passait… elle m’apporte aussi des mails de mes amis Phiphi et de Jean-Claude et me fait part des appels d’Odile et Nicolas hier soir à la maison). Peu après avoir été à nouveau installé dans ma petite (ce terme n’a rien de péjoratif, bien au contraire… je l’aime bien ma « petite » chambre), on frappe à la porte… c’est mon gentil gendre qui me fait l’immense et fort agréable surprise d’entrer… Cemil toujours aussi adorable et attentionné pour moi…

Je ne tarde pas non plus à appeler Dominique afin de le rassurer sur mon sort… Un peu plus tard, je reçois des appels de Nicolas et d’Odile.

Bien sûr pas de dîner pour ce soir… je suis à la diète complète…

Puis, mes soirées et mes nuits seront toutes les mêmes marquées par le passage régulier des infirmières : 18h ½, 21h ½, minuit et demi et enfin 6h ½.

Vendredi 29 Septembre - 1h15 du matin

J’ai du mal en fait à dormir alors j’allume pour lire un peu mais auparavant pour noter quelques réflexions.

Drôle d’impression à cette heure de la nuit… Tout s’est tellement bien passé hier que j’ai véritablement dans l’idée que mon opération… "c’est pour tout à l’heure"… et cette idée gamberge dans ma tête. Réveillé hier à 6 heures du matin, puis quelque ré-endormi ensuite et surtout plongé dans un long sommeil de 8 heures et demi jusqu’aux environs des 16 heures trente… j’ai comme l’impression de n’en être en fait qu’à ma soirée de préparation et que tout à l’heure on va venir me chercher pour me conduire au "bloc". Heureusement tout de même il n’en est rien… toutes mes perfusions et tuyauteries me ramènent à la réalité… c’est fini… Mais s’il fallait y retourner et… si cela n’avait pas été qu’un rêve alors… oui, j’y retournerai sans appréhension aucune…

                                        22 heures

Afin de ne pas avoir à vous ennuyer, chaque jour, avec la même chose, je vais noter ici en fait ce qui me semble être l’horaire normal de mes prochaines journées.
  • Tout démarre peu avant 6 heures, soit avant le départ du service de nuit… par le passage de l’infirmière et de l’aide soignante pour la tension, la température, la vérification des "poches" de perfusion et le changement des poches d’urine et de déchets en provenance des "rodons"… Ensuite il y a un peu de bruit dans les couloirs au moment où les unes s’en vont tandis que les autres arrivent mais ce n’est guère dérangeant.
  • Vers 8 heures, passage de l’infirmière (prise de sang et remise de médicaments : 2 "Doliprane-500", 1 "Tardyferon-80" et 1 "Contramol-100") suivi du petit déjeuner (habituellement : café au lait, jus d’orange, tartines, beurre et confiture)
  • Toilette
  • Passage médecin dans la matinée (le docteur Andary passera quasiment au moins une fois par jour même s’il m’a pas pu assurer la visite du matin)
  • Vers midi, passage à nouveau de l’infirmière pour à nouveau une remise de médicaments (2 "Doliprane-500")
  • Vers 13 heures, déjeuner et après-midi de repos quasi tranquille… Jocelyne, qui sera fidèle quotidiennement et, afin de me laisser me reposer un peu, ne viendra en règle générale qu’aux environs des 17 heures pour repartir après mon dîner vers 19 heures, 19 heures 30.
  • Aux environs de 18 heures, repassage de l’infirmière pour de nouveaux médicaments (idem au matin : 2 "Doliprane-500", 1 "Tardyferon-80" et 1 "Contramol-100"), suivi du dîner.
  • A 22 heures, passage cette fois-ci de l’infirmière de nuit avec 2 "Doliprane-500", accompagnée de l’aide-soignante avec une bien venue petite verveine ou camomille au choix
  • Dans la nuit passage du service de nuit (souvent vers minuit trente).
Noté à la fin de mon séjour… les médicaments me seront très rapidement fournis dès le matin pour l’ensemble de la journée dans une petite boite spéciale à médicaments) Dans la journée mais principalement dans la matinée se succèderont divers service : nettoyage des chambres et cabinet de toilette, infirmières et aides-soignantes pour la prise des température, tension et le contrôle des "perfusions" et "poches" diverses… On n’a guère le temps de s’ennuyer et le temps passe relativement vite d’autant que chaque fin d’après-midi Jocelyne vient me tenir compagnie, que je reçois aussi quelques visites des uns ou des autres et que chaque jour je suis inondé ou presque d’appels téléphoniques… MERCI d’ailleurs à tous)
Et voici maintenant que fut cette journée du Vendredi 29 Septembre

Matinée calme où après le petit déjeuner, l’infirmière me fera lever et asseoir pour une courte demi-heure dans mon fauteuil mais, me sentant mal et près de la syncope au bout d’un quart d’heure à peine, elle me recouchera sans tarder, je suis parait-il aussi blanc qu’un linceul…

En fin de matinée on vient m’enlever le système antidouleur automatique fourni par la "pompe" que l’on va désormais me laisser gérer tout seul à ma guise, sachant toutefois que la dose est chaque fois mesurée automatiquement et que la pompe ne peut être actionnée coup sur coup… sans un minimum d’attente.

Dans la matinée je reçois les appels de Geneviève, d’Aude, d’Henri, de Cemil, puis de Serge, dans l’après-midi ce sera le tour de Phiphi, de Jean, de Marie-France, de Marie-Odile, d’Yves (qui m’appelle de Washington où il se trouve actuellement) et enfin dans la soirée celui de Nicolas et enfin de Cyprien.

Dans l’après-midi, l’infirmière qui a pris son service pour la durée du week-end vient me voir et me conseille de me servir au maximum de ma pompe anti douleur : « Il vous faut enrayer la douleur chaque fois que vous la sentez venir car si elle s’installe il sera alors difficile de l’enrayer et cela ne sert à rien dans un hôpital où l’on est sous surveillance constante de souffrir inutilement. » Ce n’est aussi ce que pense le docteur Andary et surtout le docteur Lepetit (mon anesthésiste) qui est à l’origine de ces "pompes" au sein de ce Centre Hospitalier… aussi je vais désormais la mettre en fonction aussitôt que je sentirai la douleur arriver… c'est-à-dire en fait, pour l’instant, quasiment en permanence car aussitôt que le temps de ses effets passe elle revient inlassablement…

Au cœur de la soirée, 21h10, le docteur Andary vient me voir et reste un peu dans ma chambre afin de m’expliquer comment s’est déroulée l’opération qui fut un peu plus longue que la normale, ma prostate, plus grosse que prévue, ayant offert quelque difficulté à son extraction et ayant nécessité de rouvrir plus largement. Il me confirme aussi son opinion sur les pompes anti douleur et me tient à peu de choses près les mêmes propos que son infirmière. Je m’en servirai donc dorénavant sans  aucun scrupule…

Samedi 30 Septembre - 21h

Au cours de la nuit dernière, il s’est passé un petit évènement qui aurait peut-être pu être dramatique et qu’il me convient de noter ici.
M’apercevant, sur le coup des 22 heures 30, que je n’ai pratiquement plus de produit dans la poche alimentant la "pompe", je fais appel à l’infirmière de nuit afin de lui demander de la renouveler. Immédiatement elle se met à l’œuvre mais s’aperçoit que, le liquide de cette poche étant à un niveau très bas, une bulle d’air est parvenue à se glisser à l’intérieur du tuyau. Il convient dès lors d’arriver à supprimer cette bulle d’air afin qu’elle ne puisse pénétrer à l’intérieur de ma colonne vertébrale à laquelle est reliée la "péridurale". Le personnel du service n’étant pas trop formé pour ce genre d’opération et ne sachant trop comment faire, cette petite intervention représentant tout de même quelques risques, elle fait appel, comme cela leur est prescrit en cas de problème) à l’infirmière de garde au bloc, personnel totalement adéquat et formé sur ce type de matériel.

Après lui avoir expliqué par téléphone le genre de problème auquel elle se trouvait confronté elle se fit tout bonnement et simplement "envoyer aux plotes" par cette infirmière du "bloc" lui disant qu’elle n'a pas le temps et qu’elle n'a qu’à se dépatouiller toute seule avec les bases de la formation qu’elle a du subir…

Bien gênée de cette réponse, mon infirmière revient avec la notice d’emploi et une aide-soignante mais après avoir bien étudié la notice et bien regardé le matériel, ne se sentant pas en force d’intervenir, elle rappelle l’autre infirmière lui demandant d’avoir la gentillesse de bien vouloir monter dans le service pour lui montrer comment faire.

C’est alors une furie que nous voyons arriver dans ma chambre, l’air pas du tout content d’avoir été dérangée. C’est à peine si, au bout de dix minutes, elle me dira un petit bonjour glacial, moi qui n’y suis cependant pour rien et bien stressé du même coup de ce qui m’arrive et qui semble pouvoir avoir des conséquences assez désastreuses sur mon état de santé… En rien elle n’aidera mon infirmière, se placera juste derrière elle les bras croisé et l’air revêche, lui disant seulement : « Mettez en pratique vos connaissances, je reste derrière vous. »… puis elle repartira sur un : « Bon, vous avez compris, je vous laisse. »

Alors mon infirmière et mon aide-soignante se mettront à l’œuvre, installant comme tout un petit champ opératoire et, je ne sais comment, parviendront à me sortir de ce mauvais pas. Il est alors minuit trente et je peux enfin m’endormir tranquille.

Je n’en veux en rien à ces deux personnes de mon services, tout le monde ne peut avoir la formation souhaitée sur tous les instruments  modernes et quelque peu sophistiqués d’un Centre Hospitalier d’autant que dans ce même Centre il y a, à portée de mains, du personnel compétent, lui, et prévu à cet effet ; Mais je reste néanmoins très surpris et choqué de l’attitude de cette femme, infirmière de métier, spécialisée en ce domaine, qui, non seulement par rapport à moi-même, n’a eu aucun geste de professionnalisme mais surtout par rapport à ses collègues  a été aussi désobligeante et méprisante…. Cela méritait d’être signalé ici… cela aurait mérité d’être sanctionné…

Mais ne nous arrêtons pas à ce petit problème qui s’est déjà dans mon esprit bien vite noyé au milieu de tout le professionnalisme et la gentillesse de tout le reste du personnel : médecin, infirmières, aides-soignantes, personnel de service de toute sorte… Je me sens tout de même en sécurité et entre de bonnes mains… Merci aussi à vous tous et à vous toutes…

Dimanche 1er Octobre - 21h

Un nouveau mois qui commence… Qu’en sera-t-il de ma sortie et de ma convalescence ?

Une visite a principalement marqué cette journée m’apportant l’amour de ma fille et beaucoup d’affection. En effet Aude m’a fait l’énorme surprise de débarquer en plein après-midi, un peu rapidement certes mais quelque peu pressée par ses enfants demeurés à la maison, m’a-t-elle dit…avec Cemil sans doute.

Ma séance "fauteuil" se passe bien cette fois-ci… un progrès de mon état général à noter. J’ai cependant de gros problèmes de "fuites" et cela me gène beaucoup… sans cette "énorme" gêne qui m’oblige à me changer fréquemment… tout irait bien, me semble-t-il…

De nombreux coups de téléphone à nouveau : Henri, Lowagie, Marie-France, Phiphi, Odile, Michel, Dominique, Armelle. Message par e-mail des Cyril.

Lundi 2  Octobre - 21h

Ma dernière nuit fut à vrai dire, ma première bonne et véritable nuit… Heureusement le libre cours à la mise en fonction de ma "pompe" m’y a aidé sinon je crois sincèrement que j’aurais souffert le martyr !!!

La journée, côté médical, sera marquée par l’ablation de ma "péridurale" qui se fera sans problème aucun problème… je ne m’en rends même pas compte. Il ne va pas en être de même pour l’ablation du premier "rodon", celui de gauche… cette intervention va me faire un mal de chien mais heureusement ce mal ne sera que très passager… mais enfin ce n’est tout de même pas "de la tarte" comme l’on dirait plus vulgairement… Pour le deuxième "rodon" il faudra encore attendre un peu car il continue de couler légèrement. Par contre, on m’enlèvera aussi l’une des deux perfusions… En échange il va me falloir boire énormément : deux litres d’eau par jour si possible… Là encore ce n’est pas "de la tarte"…

Heureusement que ma journée ne fut pas basée que sur ces évènements médicaux, côté personnel elle fut aussi marquée par le passage d’Andary, toujours aussi agréable, et deux visites : celle de Jean qui a fait l’effort de venir de l’autre côté de Paris jusqu’à moi par le train… et par Serge et Réjane… la visite de jean m’a fortement touché.

J’ai eu aussi aujourd’hui un assez long entretien avec une élève aide-soignante qui avait un grand questionnaire à remplir… elle doit passer un examen d’ici à quelques jours et m’avait choisi pour cobaye mais en ayant dû aussi en choisir deux autres elle ne savait pas trop sur lequel elle tomberait. Aussi est-ce elle qui ce matin a fait ma toilette car je ne suis toujours pas totalement indépendant sur ce plan… et doit encore me laisser faire, allongé sur mon lit… je me souviens alors de ce que maman me disait : « C’est ce qu’il y a de moins drôle car quoique l’on fasse on reste toujours très prude avec l’éducation stricte que nous avons reçue. »

De nouveaux appels téléphoniques : Odile, Henri, Annie, Nicolas. J’essaie par contre d’appeler Aude et Dominique mais il me semble que je n’ai déjà plus d’unités et mes essais d’appel restent vains.

Mardi 3 Octobre - 18h 50

Trois évènements à noter en cette fin de journée : tout d’abord l’ablation de mon deuxième "rodon"… cela se passe un peu mieux que pour le premier peut-être parce que j’y étais mieux préparé ayant déjà eu à la subir une fois. Le deuxième est aussi d’ordre médical… après les séances journalières fauteuil qui se sont passés de mieux en mieux, me voici debout et aujourd’hui je vais même marcher un peu tout seul jusqu’au bout du couloir, du même coup je me sens déjà mieux et si ce n’était ce problème toujours "stressant" de mes "fuites" de plus en plus abondantes il me semble, tout irait pour le mieux et je pourrais déjà envisager une sortie…

Troisième évènement enfin, la visite de mes "copains" Phiphi et Riri" sur le coup des 15 heures… et exceptionnellement je les raccompagnerai jusqu’au hall d’entrée de l’hôpital au moment de leur départ…

En dehors de tout ce temps, beaucoup de repos, allongé sur mon lit et, fatigué ce soir, j’éteindrai dès la fin des nouvelles à la télévision sans même attendre ma petite verveine du soir…

Enfin juste avant de reposer ce crayon, notons les appels du jour : Cemil, Jean, Henri, Eric et Serge ainsi qu’un e-mail de la "famille des 5 A" et un autre d’Armelle, tous deux apportés par Jocelyne toujours bon pied, bon œil et fidèle à sa visite chaque fin d’après-midi.

Mercredi 4 Octobre - 21h

Nouvelle journée d’hôpital et tant que ce fichu problème de "fuites" qui m’horripile véritablement, j’espère en avoir d’autres encore ici… je ne me vois pas partir ainsi… Pour tout le reste, ça va… ah ! s’il n’y avait pas cet "merdouille" qui me gâche totalement mon existence actuellement, tout irait pour le mieux du monde… d’autant que l’infirmière ce matin m’a réveillé par un « Alors, prêt à partir ? »… Prêt ? je le voudrai bien mais en l’état cela est impossible…

Aussi aujourd’hui, mis à part une marche forcée dans les couloirs et jusqu’au hall d’entrée, je fais repos pratiquement toute la journée avec lecture et sieste. Visite cependant aussi à noter de Mireille, Hervé et Riri puis, après leur départ et en compagnie de Jocelyne je ferai aussi un petit tour sur la terrasse de l’hôpital… il y a du soleil et cela fait du bien.

Discussion aussi avec le personnel : le docteur Andréa qui envisage une sortie possible pour Vendredi, l’infirmière de jour sur sa carrière en "service de cardiologie" (13 ans) avant d’aboutir ici en "service d’Urologie", le docteur Andary qui me donne "carte blanche" quant à ma date de sortie : vendredi… lundi… à ma guise et selon l’état dans lequel je me sentirai.

Autres appels téléphoniques d’Henri (journellement fidèle au poste et cela me touche beaucoup) et ce jour plusieurs fois d’ailleurs dans le courant de la journée, Phiphi aussi. De mon côté j’écris à Domi pour le rassurer un peu sur mon sort, lui qui était si inquiet tout cet été et jusqu’à mon opération.

Jeudi 5 Octobre - 22 heures 45

Et ces éternels problèmes qui n’en finissent pas et qui s’éternisent… C’est véritablement "soulant" et je ne me vois pas vivre toute une nouvelle vie avec cela… Bon tout le monde m’avait prévenu mais je ne pensais pas que cela pourrait être aussi désagréable et désastreux que cela… Ah ! ma pauvre petite Maman, vous qui avez enduré cette épreuve dans les derniers mois de vie… aidez-moi !

Pas grand-chose à signaler ce jour. Pas mal de marche dans les couloirs le matin et les terre-pleins de l’hôpital… Programmer aussi dans l’après-midi avec le docteur Andary une sortie pour Samedi matin… je pense que tout ira comme il faut et Jocelyne se chargera de me ramener à la maison où le docteur me condamne à beaucoup de repos à la maison et surtout pas d’imprudences. Il me dit que ce problème de "fuites" actuelles est lié au fait que la vessie commence à réagir et à se contracter sur la sonde, sonde avec laquelle je sortirai bien entendu et que je garderai encore une dizaine de jours. Ah ! la ! la ! quelle guigne que cette foutue "sonde" de misère !

A nouveau, en compagnie de Jocelyne, longue promenade sur l’esplanade et dans le couloir de l’oratoire dans lequel nous pénétrons d’ailleurs un instant. Il y avait aujourd’hui dans ce long couloir une exposition réservée au personnel sur de la lingerie des Vosges… Il y a là quelques jolies pièces d’ailleurs !!!

Et toujours des appels téléphoniques : Henri, Serge, Gaston et Claudine, Cemil, Armelle (très longuement), Isabelle, Odile.

Je regarde la télévision ce soir et maintenant vais me décider à éteindre, il est 23 heures.

Vendredi 6 Octobre - 22h 45

En principe ce jour aura été mon dernier jour d’hôpital… en fait j’étais bien ici et j’espère qu’ensuite tout ira bien et que je ne serai pas trop ennuyé avec ces fichues et éternelles "fuites", ce fut encore mon principal souci tout au long de cette journée, journée à nouveau de remise en condition avec de la marche tout au long des couloirs, du hall et de l’esplanade. En fin de matinée, Delphine vient m’installer une "poche de jambe" et m’expliquer comment faire pour la manier, la vider, la changer et pour la nuit passer d’une "poche de jambe" à une "poche de nuit", plus importante que la précédente et identique à celle que j’avais en permanence ici. Le reste du temps lecture, sieste, réponses au téléphone (Aude, Agnès, Michel, Phiphi, Nicolas, Guy et Marie-France en route sur la Bretagne, Dominique).

Ce soir je n’ai plus de télévision, mon temps a été dépassé et je ne l’ai pas prévu… mais je puis bien m’en passer un peu… aussi ai-je lu tranquillement mon "Da Vinci Code" qui est bien entamé tout de même, je dirai même quasiment terminé et je vais éteindre les lumières aussitôt ma camomille avalée… il est 22 heures et demi.

Samedii 7 Octobre - 19h 15

Et me voici de retour au bercail… et bien content de l’être même si je regrette un tout petit peu l’hôpital où je me sentais bien et en sécurité. Mais ici Jocelyne va s’occuper de moi durant tout un grand mois et je sais déjà que je vais être comme un "coq en pâte". Pourvu tout de même que je n’en abuse pas de trop…

Ce matin, réveil à 7 heures 20 et, après un dernier petit déjeuner, je procède à mes quelques rangements en prévision de mon tout proche départ… A 10 heures, arrivée de Jocelyne mais nous attendons que l’infirmière vienne m’enlever les fils de ma cicatrice. Elle viendra opérer à 11 heures et me laissera les dernières consignes : du repos, toujours du repos, un mois complet de repos sans imprudences d’aucune sorte et surtout s’en m’amuser à vouloir porter quelques charges que ce soit. Nous devons encore patienter et attendre la visite du médecin qui me délivrera mon bon de sortie.

A midi n’ayant toujours vu personne je déjeune en compagnie de Jocelyne puis à 13 heures 20, le médecin n’ayant toujours pas donné signe de vie, l’infirmière me remet un bulletin de sortie et me donne rendez-vous  pour que l’on puisse m’enlever ma sonde… il ne nous reste plus qu’à nous en aller et regagner le domicile.

Là je reprends un peu contact avec la vie et l’extérieur… j’ai quelques messages téléphoniques en attente : Christelle, Jean-Yves… je les rappelle l’un comme l’autre mais alors que Christelle est absente je réussi à joindre Jean-Yves. J’appelle aussi Dominique pour le prévenir de ma sortie et envoie quelques mails à droite et à gauche : famille et amis. Le reste de l’après-midi se passera en repos allongé sur le canapé du salon puis soirée au lit devant la télévision après le dîner.


Voici une nouvelle étape de passée… une "Première" par cette opération… pas une "première" malheureusement quant au séjour à l’hôpital. Malgré cette "incontinence" qui persiste et me gâche ma sortie, je vais bien, me sens en forme… pas trop peut-être mais suffisamment tout de même pour avoir un moral d’acier et espoir quant à mon désormais Avenir même si mes ennuis doivent perdurer jusqu’à la fin de l’année… ON en verra bien le bout du tunnel et alors on re sourira à la vie puisque une fois de plus la VIE ne m’a pas fait défaut.


Et tout cela je le dois à plein de gens qui ont été présents tout autour de moi dans la réalité ou dans mon cœur et mes pensées… des gens qui m’ont accompagné durant toute cette épreuve par leur présence à mes côtés (tout le personnel médical si dévoué et si gentil pour moi), par leur visite (celle journalière de Jocelyne, celle de mon gendre le jour même de mon opération, celle inattendue de ma fille Aude, de mon frère Jean, de mes amis, copains et "ti’potes", par leur pensée permanente (Dominique en particulier qui, stressé dans son coin, n’a pu me rendre visite mais a vécu des moments d’angoisse pour moi) et leurs manifestations téléphoniques ou "inter nautiques" pour ne pas dire "inter galactiques" (famille et amis).

C’est grâce à vous tous aussi que je suis ici ce soir et que j’ai gardé le moral et que je conserverai ce dernier afin de m’en sortir le plus rapidement possible maintenant que le mal a été évincé par cette opération. Soyez-en ici TOUS remercié du plus profond de mon être et de mon cœur.

MERCI

La sonde

Dimanche 8 Octobre – 20h 40

Comme le temps aujourd’hui était beau, j’ai voulu sortir faire quelque pas en forêt avec Jocelyne… mais parti au bas du Pagnotte je n’ai pu faire beaucoup de marche (100 m) et me suis très vite allongé sur la mousse et au soleil… il faisait bon certes mais cette première sortie (après tant de temps) ne m’a guère été salutaire et mes "fuites" n’ont fait qu’empirer à mon retour… alors en rentrant me suis-je allongé sur le canapé du salon jusqu’à l’heure du dîner et m’apprête ensuite à passer ma soirée au lit devant un bon film.

J’avais fait en sorte avant mon hospitalisation que quelqu’un de la paroisse de Pont Sainte Maxence vienne me porter la communion les deux dimanches qui suivraient mon retour à la maison et donc ce dimanche-ci… mais je n’ai vu personne… Oubli ou refus du Père Curé… le connaissant, j’opterai sans doute pour cette dernière option !!! Dommage ! On verra bien dimanche prochain…

Jeudi 19 Octobre – 20h 30


Aucun des jours qui ont précédé ce jour ne fut un jour de joie malgré toutes les attentions que Jocelyne, bien présente à mes côtés, a pu me porter, malgré les quelques visites reçues de mes copains, ni même malgré les nombreux appels téléphoniques, les conversations par Internet ou les mails reçus… Ceux furent 11 jours de "merde", de désolation et de souffrance plus morale que physique d’ailleurs… malgré les apparences que j’ai pu en donner… aussi j’ai préféré ne pas retranscrire ici toutes mes pensées personnelles de ces trop longues journées et de ces trop longues nuits. Je n’en noterai donc que l’essentiel.

Tout d’abord ces journées se sont succédées sous le même type… repas en bas… reste de la journée en haut dans ma chambre (où j’avais monté et installé mon ordinateur portable) soit couché (le plus souvent, car c’est ainsi que je me sens le mieux et plus à mon aise) soit assis à mon bureau… Parfois je reçois mes visites en bas au salon, parfois je les reçois dans ma chambre mais c’est chaque fois la même galère… et pourtant ces visites me font du bien et m’aident.

Le Vendredi 13, avec Jocelyne, je retente une nouvelle sortie en forêt car je n’en peux plus de rester enfermé entre mes quatre murs… mais c’est une véritable catastrophe… je rentre pratiquement trempé et je dois me doucher de la tête au pied… j’ai l’impression de "puer la pisse" et cela me navre… je suis dans une vraie galère et je n’en vois pas venir le bout et je ne sais pas comment tout cela va se terminer… je m’inquiète et garde tout en moi-même… des gens restent "incontinent" tout le restant de leur vie… ça jamais je ne pourrai le supporter… et j’en ai déjà ma "claque" de cette véritable "vie de con" !

Mais qu’est-ce qui se passe en moi ? De quoi ai-je à me plaindre de "fuites" alors que je suis sondé et relié à des "poches". Et bien je ne sais pas pour quelle raison mais je fuis et je suppose que ma sonde s’est mal positionnée. Je ne peux que me protéger par du "Sopalin" et ce à raison de deux rouleaux au moins par jour et des serviettes de toilette et pourtant ma "poche" n’arrête pas de se remplir et moi de la vider… Il n’y a qu’en position totalement allongée que cela va… à peu de chose près mais alors c’est la "cata" dès que je veux me lever comme une bouteille d’eau qui en position horizontale se remplit petit à petit et qui se vide brutalement dès qu’on la redresse… voilà comment fonctionne alors ma "vessie" qui coule en permanence au "goutte à goutte".

Merci à tous ceux qui, au cours de cette période, m’ont aidé à avancer pendant ce cap difficile, difficile OUI car vraiment je n’en vois pas encore la sortie ni même un brin de lumière du bout de ce tunnel : mes enfants y compris Cemil mais surtout Dominique, toujours aussi fidèle journellement, l’ensemble quasiment de mes frères et sœurs, mes "potes" enfin…

Enfin demain on doit m’enlever cette fichue sonde… on en verra ensuite le résultat… faut tout de même pas trop désespérer ! ! !

Samedi 21 Octobre – midi


Hier à 9 heures, j’étais au CHR de Compiègne pour la matinée afin que l’on m’enlève cette satanée "sonde" et j’ai souffert le martyr au moment même de l’extraction… mais je ne veux pas m’étendre sur cette petite intervention effectuée par une infirmière… Attendons maintenant de voir comment les choses vont se passer et si une amélioration sera vite à l’ordre du jour bien que la fin de l’année ne soit pas encore bientôt là !

L'après

Samedi 20 Janvier 2007 – 9h 37

Une fois de plus je m’obstine à ne pas vouloir retranscrire ici toutes les notes que j’ai pu prendre au cours de ces treize dernières semaines, beaucoup trop longues semaines. Je me contenterai donc d'annoter tout simplement mes réflexions de ce jour.

Bien sûr les choses se sont améliorées mais sans doute parce que j’ai enfin réussi à m’habituer à mon état, à le supporter et à le vivre en essayant toutes sortes de choses… plus côté "protection" d’ailleurs que guérison car, pour l’instant, j’ai tout de même bien l’impression que tout est pareil… et que mes ennuis physiques sont demeurés semblables ou presque au premier jour…

Avant l’opération le docteur Andary m’avait prévenu que cette "incontinence" pourrait durer « Trois mois, je préfère vous dire 3 mois mais il se pourrait qu’un mois après l’intervention vous soyez parfaitement remis mais je préfère vous dire 3 mois afin que vous n’ayez pas de mauvaises surprises… ». Le premier mois est passé sans aucun changement, les 3 mois sont passés sans que j’en vois guère de changement et nous allons en comptabiliser un de plus sans que j’en puisse entrevoir encore à ce jour le bout du tunnel.

J’ai revu mon chirurgien le 8 décembre, il m’a demandé de ne pas désespérer et que tout allait s’arranger et ce sans doute du jour au lendemain. Il m’a refixé un rendez-vous pour le début du mois de Décembre en me disant qu’il espérait bien alors que je viendrais lui annoncer que j’en avais enfin fini avec mon problème et que je passerai de bonnes fêtes de Noël.

Je l’ai revu le 11 Décembre… et toujours RIEN. Il s’en est un peu étonné mais m’a expliqué que mon opération avait été un peu plus lourde que ce qui avait été prévu car entre le 4 Septembre (jour de la visite où l’opération fut décidée) et le 28 (jour où celle-ci fut pratiquée) ma prostate avait grossi et qu’il avait dû ré agrandir l'incision faite afin de pouvoir plus facilement l’extraire… aussi mon rétablissement serait-il certainement un peu plus long mais qu’il se produirait, espérait-il, avant la fin du prochain trimestre afin que je puisse être totalement remis pour l’été.

Heureusement, j’avais lu sur Internet des rapports concernant la "prostatectomie totale" ainsi que des témoignages de personnes chez lesquelles cette "incontinence" avait duré pratiquement une année entière. Alors, bien que je sache aussi qu’en certains cas, rares toutefois, cet état de chose peut être définitif… j’ose espérer encore et je m’accroche désespérément à cette idée.

Mais dois-je l’avouer, le moral a ses hauts et ses bas et parfois le cap des creux de vagues est un peu difficile à passer. Je m’enferme entre mes quatre murs, je me replie sur moi-même, je cache autant que faire se peut ce moral parfois déficient… alors je ne veux voir personne ou presque personne et je reste tout seul avec moi-même… Et avec le temps qui passe, les manifestations se font moins nombreuses, les appels téléphoniques de plus en plus rares, les propositions de visites quasi absentes… juste et toujours les mêmes… mon Dominique bien sûr, Jocelyne aussi dévouée comme elle peut et sans compter, un ou deux membres de ma famille... un ou deux amis…

Et que voulez-vous faire ? Notre éducation nous a enseigné une "pruderie" peut être un peu exagérée mais que voulez-vous faire quand vous sentez que vous "pissez" brutalement sur vous-même et que, malgré les protections que vous pouvez mettre, cela à tout instant peut se remarquer… Alors, bien que je puisse aller me promener en forêt (raisonnablement) car là rien ni personne ne me gêne pour m’arrêter tous les dix mètres le "long d’un arbre", comment voulez-vous aller répondre à des invitations aussi gentilles puissent-elles être si toutes les cinq minutes vous êtes obligés de quitter votre place pour vous rendre au toilette… comment en ce cas pouvez-vous accomplir certains actes de votre vie comme vous rendre à la messe ou même plus simplement chez votre coiffeur et imaginez ce que c’est que d’aller passer une heure dans un supermarché ! Aimeriez-vous de plus que même les gens qui vous sont le plus chers, vos petits enfants par exemple, voient leur "Papy" dans un état pareil…

Cela ne m’a toutefois pas empêché d’avoir de bonnes fêtes de Noël en compagnie de mon Dominique, tout gentil et super affectueux et prévenant pour moi tout au long de ces vacances de fin d’année qu’il m’a totalement consacrées… nous avons fait mille choses y compris des balades en forêt et je le remercie infiniment de sa présence à mes côtés…

Sachez aussi que vous ne pouvez parler à quasiment personne ni de votre cancer… ni de vos "petites" misères". Vous n’attendez pourtant, ni des uns ni des autres quelque compassion que ce soit… juste une oreille un instant attentive… vous ne récoltez que des : « Oh ! ne vous en faites-moi, moi j’ai connu quelqu’un qui a eu ce type de cancer et qui aujourd’hui vit tout à fait normalement. »… il y a toujours quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a connu quelqu’un… ou alors des « Je ne comprends pas, un tel m’a dit que lui, il s’en est remis tout de suite… il est très peu resté à l’hôpital et, sitôt sorti a bien dû reprendre son travail sa femme étant malade… il a même porté et manutentionné des parpaings pour chez lui… »… je ne dis alors que « BRAVO » mais je reste plus que sceptique sur ces dires…

Je dois tout de même avouer n’avoir jusqu’à ce jour rencontré aucune personne qui ait subi cette "prostatectomie totale" et pourtant ils ne sont pas tous morts… Seulement, l’homme en règle générale, dans sa très grande pruderie, n’aime pas parler de "ces" problèmes avec son entourage même le plus cher… il n’en dit rien et il préfère  se les taire… tout le monde pense alors qu’il se les vit à merveille…Qui autour de moi, par exemple, s’il ne lit pas ce long message, pourrait soupçonner un instant ce à travers quoi je passe et la vie intérieure que je mène actuellement avec mes angoisses, mes questions, mes peurs de l’avenir car les apparences sont souvent bien trompeuses aux yeux de tous.

Je noterai enfin ce décès qui me touche et me donne mille fois raison : celui de cet ami de notre famille qui vient de s’en aller en subissant exactement la même intervention chirurgicale que celle subie par moi-même le 28 septembre dernier (eh, oui ! déjà tout ce temps !!!). Il est mort de ce quasi seul risque qu’elle comporte (en dehors des risques liés à toute opération) : celui d’une hémorragie au départ, risque dont m’avait parlé le docteur Andary, hémorragie mortelle dans 99% des cas mais risque que, pour ma part, j’avais su accepter et que j’ai totalement voulu assumer car il n’y avait pas d’autre solution plus adéquate pour moi à l’éradication totale de ce mal… Car ce mal n’est plus en moi-même si, pour l’instant encore, les conséquences sont désastreuses… « Au moins vous pouvez être assuré de ne pas mourir d’un cancer de la prostate », m’a dit mon chirurgien.

Bon mes misères sont mes misères… et cela finira bien par passer un jour… Quand ? Je ne peux le dire… dans une semaine… dans un mois, dans un an… mais pour moi le plus vite et le plus rapidement possible sera le mieux car je commence tout de même vraiment à en avoir un peu ma claque !!!

Et vous tous qui êtes ou qui un jour serez dans mon cas, soyez alors patient et essayez de garder confiance en l’avenir même si cela est parfois difficile… et si même pour cela il vous faut passer par la prière afin de garder la Foi…

Quant à moi, j’en arrête là avec mes problèmes… on verra bien à la longue et je reviendrai vous dire quant en fait j’en aurai terminé avec ces petites misères… le plus rapidement possible je le souhaite mais sans trop plus y croire…………

Dimanche 4 Mars 2007

Pour la première fois depuis de longs mois je me suis hasardé à me rendre à la messe ce matin et ce d’ailleurs à la demande de Dominique qui, très gentiment, m’a proposé de m’y accompagner. Cela me manquait un peu mais la vie est ainsi faite et nous n'y faisons pas toujours ce que nous aimerions y faire.

Depuis quelque temps je ressens du mieux sur mon état de santé et même si cela est encore très loin de la panacée, je commence enfin à voir le bout de mon tunnel, à y croire et même à faire des projets tout du moins pour le début de l’an prochain... un nouveau tour vers le Grand Nord et qui sait peut-être même sur la banquise... mais nous n’en sommes pas encore là et il me faudra d’ici là faire tout ce qui sera en mon pouvoir sur le plan de ma santé et de mon physique pour y parvenir... du moins ce projet me redonne des forces à lui tout seul...
 
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Mercredi 26 Janvier 2012
 
Le temps a passé, 5 ans et 4 mois déjà, et je dois vous avouer que je fais partie des 5% des cas exceptionnels qui sont restés incontinent et impuissant à la suite de mon opération. Mon incontinence est plus ou moins importante selon la vie que je mène et surtout les activités que je fais... elle me pose de gros problèmes mais j'ai fini par m'y faire, si toutefois on peut s'y faire :-( , et je vis avec dans ma solitude. Mon impuissance est quasi totale mais n'est qu'un petit souci à côté de mon incontinence qui, de toute façon, m'empêche de mener une vie d'homme...
 
Aussi ce paragraphe cloturera ce chapitre. Puisse toutefois mon expérience narrée ici servir à d'autres malades... bien que désormais je ne puis plus me considérer comme un homme malade juste comme un homme diminué et bien solitaire intérieurement.
 
Mais je vis et je suis heureux.