Les îles Sunbardans et ses tigres du Bengale

Les Tigres du Bengale

(la photo ci-contre a été prise par Mr Kiwëhowin - licence)

Le tigre fait partie de la grande famille des félidés. Il en existe 5 sous-espèces, dont la plupart sont menacées de disparition. Outre le fait que leur fourrure ait une très grande valeur marchande en Asie et que certains de leurs organes sont réputés pour leurs vertus curatives miraculeuses, comme les os et les dents, le sang et les yeux, le déboisement massif est une des causes de leur progressive disparition, ainsi que la disparition de leurs proies.

On ne compte plus aujourd’hui de part le monde qu’un effectif de 8000 spécimens dont
  • 350 tigres de Sibérie
  • 3500 tigres du Bengale
  • 2000 tigres d’Indochine
  • 600 tigres de Sumatra
Le tigre de Bali ainsi que celui de Java et de Caspienne ont déjà disparu et le tigre blanc n’existerait plus à l’état sauvage.

Dans le sanctuaire de Sundarbans, une région du delta du Gange d’une superficie de 2585 km2, région protégée (elle abrite, outre le tigre du Bengale, d’autres espèces menacées comme le crocodile marin ou la tortue bâtarde) et constituée de petites îles et de marécages, les tigres du Bengale sont maîtres de leur territoire de chasse variant de 60 km2 pour un mâle à 30 pour une femelle. C'est aussi le seul lieu connu aujourd'hui où ce tigre, appelé aussi tigre royal, s'attaque à l'homme de façon instinctive.

Mesurant entre 1,80 m et 2,80 m de longueur totale, son poids oscille entre 150 et 250 kgs Le tigre du Bengale. C’est un excellent nageur qui adore l’eau et peut traverser des bras de mer afin d’atteindre des îles au large. Tout point d’eau représentant un abreuvoir pour leurs proies devient du même coup un point stratégique pour ces tigres.

Ce n’est cependant pas un gros mangeur malgré sa corpulence car il ne consomme que de 5 à 7 kilos de viande en moyenne par jour. C’est un excellent prédateur qui chasse à l’affût et reste au milieu des hautes herbes avant de se lancer à l’attaque. Ses repas varient selon les opportunités qui s’offrent à lui quoique sa préférence va vers les herbivores de grandes tailles mais il se contente aussi bien, en cas de manque, de petits mammifères, d’oiseaux, de poissons, de batraciens ou même de termites.

Il s’attaque en priorité aux animaux malades ou affaiblis et ne poursuit jamais sa proie au-delà de 500 m, préférant économiser ses forces pour des proies moins rapides. C’est pourquoi, son taux de réussite est très faible : 1% environ de ses tentatives réussissent. Et pourtant les armes ne lui manquent pas : ses canines mesurent 7,5 cm de long et ses bonds sont incroyables pouvant aller jusqu’à franchir un fossé de 10 m de large.

Généralement il chasse en solitaire mais, pour des grosses proies telles que les éléphants il peut s’allier à d’autres tigres. Dès qu’il a repéré sa proie, il s’en approche discrètement, en rampant, la tête rentrée dans les épaules puis, d’un bond formidable, il fond sur elle lui lacérant la nuque de ses griffes et de ses canines ; plaqué au sol, sa proie est rapidement égorgée. Il ne dévorera que rarement sa proie sur place mais préfère l’entraîner dans un lieu plus sûr car s’il peut- facilement se débarrasser des petits charognards ses efforts resteront vains face à un crocodile.

La reproduction, bien que nullement liée à une saison, s’effectue le plus souvent en octobre/novembre et en avril/mai. La femelle reste fécondable durant trois à sept jours. Lorsque deux partenaires se rencontrent ils se font une grimace caractéristique en ouvrant la gueule, retroussant les babines et gardant la langue pendante. Les préliminaires ritualisés peuvent alors s’engager. Ils se poursuivent tout en se donnant de violents coups de patte, puis la femelle frotte ses moustaches contre celles du mâle tout en poussant de petits cris et en se roulant sur le sol. Enfin elle se couche à plat et l’accouplement commence. Il sera de courte durée et dès que le rut est terminé, la femelle chasse le mâle car, adulte, il constitue une menace pour les futurs nouveau-nés.

La gestation durera de 98 à 110 jours au bout desquels la femelle mettra au monde en moyenne 2 petits, ce nombre pouvant aller jusqu’à 5 maximum. Chaque petit pèse environ 1 kg à la naissance et est aveugle durant toute la première semaine. Leur sevrage s’opèrera vers 5 ou 6 mois. Le jeune pourra, à son tour, participer à la reproduction de l’espèce à partir de sa 5ème année et il pourra vivre 26 ans quoique son espérance de vie en liberté ne dépasse guère les 16 années.

Dans les années 1920-1930, les tigres ont dévoré des centaines d’êtres humains, la légende du « mangeur d’homme » n’est donc pas une simple légende mais une réalité. C’est principalement la disparition des cervidés, leurs proies privilégiées, et la diminution de leur territoire qui en ont fait des « mangeurs d’hommes » d’autant que l’homme est une proie facile à laquelle, lorsqu’il y a goutée, il y prend goût.

Depuis le 16ème siècle et ce jusqu’au milieu du 20ème , les nababs et les notables indiens chassaient le tigre. L’introduction des armes à feu dans ces chasses à dos d’éléphants transforma ces chasses en véritables massacres. La déforestation s’ajoutant à une chasse intensive commerciale contribue aujourd’hui grandement à la disparition de cette merveilleuse espèce animale… mais il faut savoir aussi que les paysans, à l’aide d’appâts empoisonnés, tuèrent trois fois plus de tigres que les chasseurs

Ce carnage dura jusqu’en 1969, date à laquelle le tigre fut inscrit sur la liste rouge des espèces les plus menacées… il ne restait plus alors que 1800 spécimens à l’état naturel. En 1972, le WWF organisa une grande collecte de fonds qui permit le déplacement de 6000 villages, cette opération fut baptisée « Opération Tigre ». Dès lors la population se remit à la hausse, en 1979, on comptait 2500 tigres au Bengale, aujourd’hui la population s’élèverait à 5000 environ mais ce retour ne signifie pas que cette espèce est sauvée…

BIEN AU CONTRAIRE.