Mercredi des Cendres

« L’imposition des cendres met en évidence, en particulier, notre condition de créatures, en totale et reconnaissante dépendance du Créateur (…) L’humble acte de recevoir les cendres sacrées sur le front (…) s’oppose au geste orgueilleux d’Adam et d’Eve qui, par leur désobéissance, détruisirent le rapport d’amitié qui existait avec Dieu Créateur »
Jean-Paul II
(audience générale du mercredi des Cendres, 25 février 1998)


Le "mercredi des Cendres" marque le premier jour du Carême et sa date est fixée par rapport au jour de Pâques. Elle change donc chaque année : en 2006 c’était le 1er Mars, en 2007 ce sera le 21 Février.

Ce jour de la semaine, mercredi, fut choisi après que le pape St Grégoire le grand (fin du VIème siècle)  décida de rajouter 4 jours au carême pour tenir les quarante jours de jeûne en dehors des dimanches, jours toujours considérés comme des jours de fête.

C’est pour les catholiques un jour d’abstinence dont sont toutefois dispensés les personnes de plus de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes enceintes. S’ils prennent un repas à midi, ils ne doivent prendre qu'une légère collation le soir.

On l'appelle "mercredi des Cendres", ou "jour des Cendres " parce que l'on fait ce jour là le rite de l'imposition des cendres.

Origine et histoire

Dans l’Ancien Testament, on trouve déjà le symbolisme de ce rite qui évoque globalement la représentation du péché et la fragilité de l'être. On peut y lire que lorsque l'homme se recouvre de cendres, c'est qu'il veut montrer à Dieu qu'il reconnaît ses fautes. Par voie de conséquence, il demande à ce dernier le pardon de ses péchés : il fait pénitence et c’est sur ces bases que s'est construite la signification du "mercredi des Cendres", notamment parce qu'il marque l'ouverture d'une longue période de pénitence : le Carême. À l'origine, seuls ceux qui avaient gravement péché recevaient "le sac et la cendre" pour se vêtir durant le temps de pénitence qui préparait à leur réintégration dans la communauté chrétienne.

Vers l'an 300, ce rite fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d'excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté. Ces personnes s'étaient rendues coupables de péchés ou de scandales "majeurs" : apostasie. hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés "capitaux").

Au VIIe siècle environ, cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du "mercredi des Cendres". Les pécheurs confessaient d'abord leurs péchés en privé, puis ils étaient présentés à l'évêque et mis publiquement au rang des pénitents ; ils devaient alors se préparer pour recevoir l'absolution donnée le Jeudi Saint. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l'avaient été du Paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : "Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras" (Genèse 3,19). Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d'où l'expression de « quarantaine »). Le "sac" qu'ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l'église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s'abstenir de viande, d'alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d'avoir des relations sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.

A partir du Xe siècle, lorsque la ,pénitence tomba en désuétude, ce geste s'est étendu à tous les fidèles qui d’eux-mêmes demandèrent à recevoir les cendres de la même façon pour marquer le début d'une démarche de conversion, de retournement et d'effort sur soi pour se tourner vers le Seigneur (c'est le sens du mot pénitence). Si la cendre évoque la faiblesse de l'homme, elle évoque aussi le péché et la fragilité de l'homme.

Au cours du Moyen Âge
, c’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d'insistance. Par conséquent, les traditions associées au "mercredi des Cendres" furent appliquées à tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée.

Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd'hui.

Dès le XIVe siècle la réception des cendres par tous les fidèles est universelle dans l'Église d'occident. Elle ne se fait pas dans l'Église orthodoxe. 

Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l'imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : "Convertissez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15)


Dans les Églises de Bretagne insulaire et d'Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l'influence des moines. Il s'agissait d'une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués plus haut. Cette pratique, plus que le rite du "mercredi des Cendres", allait contribuer à faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.

Au cours de ces vingt dernières années, ces traditions ont été associées à des pratiques nouvelles, mettant l'accent sur une dimension plus positive du Carême.

Rite d’imposition des cendres

Les cendres que l'on utilise pour la célébration sont faites en brûlant les rameaux bénis au Dimanche des rameaux de l'année précédente.

Dans certaines paroisses, on débute le rite des cendres en brûlant un vieux rameau desséché. Le feu qui brûle le rameau suggère le feu de l'amour qui doit réduire en cendre tout ce qui est péché.

Faisant suite à l'homélie, le prêtre bénit les cendres et, s'il le juge bon, il les asperge d'eau bénite. Puis, il impose les cendres sur le front de ceux qui s'approchent de lui en disant : "Convertis toi et crois à l'Évangile" ou bien "Souviens toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière". Il n'y a rien à répondre. Le rite s'achève par la prière universelle.

La bénédiction et l'imposition des cendres peuvent se faire également en dehors de la messe. Dans ce cas, le rite est précédé par la liturgie de la parole et la célébration se conclue par la prière universelle.

Le rite des cendres est un geste symbolique riche de significations. Il nous rappelle d'une part notre condition humaine : sur cette terre nous ne sommes que de passage et d’'autre part, il exprime que nous sommes pécheurs, appelés à nous convertir et à distinguer dans notre vie ce qui est important et ce qui n'est que cendre et poussière.

A noter

Dans l’expression "mercredi des Cendres", seul le mot Cendres débute par une majuscule. Par contre, comme nom commun, "cendres" s’écrit avec un c minuscule c’est la raison pour laquelle on dit, par exemple : "Les pratiquants reçoivent les cendres en signe de pénitence."

L’écriture des noms de fêtes civiles ou religieuses pose des problèmes quant à l’emploi des majuscules et du trait d’union. Lorsque le nom ne comporte qu’un seul mot, la majuscule est de rigueur. Lorsque le nom comporte plusieurs mots, la règle générale est de mettre une majuscule au nom spécifique, celui qui vient préciser la fête dont il s’agit, et une minuscule au nom générique.