Prologue


Il est déjà trop tard
pour certaines merveilles du monde

Le réchauffement climatique menace une dizaine de régions ou d’espèces considérées comme faisant partie dans le monde des merveilles de la nature.

Des sources du Yang-Tsé-Kiang à l'Amazone, des glaciers de l'Himalaya au désert de Chihuahua, le réchauffement de la planète menace déjà ces joyaux de la planète. Un rapport du WWF**, intitulé "Sauver les joyaux naturels du changement climatique",  présente une dizaine de régions ou d’espèces considérées comme faisant partie dans le monde des merveilles de la nature et qui souffrent déjà de dommages irréversibles à cause de la montée des températures.

**Le WWF ou World Wildlife Fund (littéralement, Fonds mondial pour la vie sauvage), est une organisation mondiale de protection de la nature et de l'environnement, ayant son siège à Gland, en Suisse.

"Tout en continuant à faire pression sur les gouvernements pour obtenir la réduction des émissions de gaz à effet de serre, nous travaillons également sur des stratégies d'adaptation pour aider à protéger ces joyaux qui font partie de notre patrimoine planétaire et à soutenir les populations qui y vivent", explique le Dr Lara Hansen, responsable du Programme sur le changement climatique au WWF. "Nous tentons par tous les moyens de gagner du temps pour que des mesures soient prises afin de stopper le changement climatique."

C’est ainsi que l’Organisation de Défense de l’Environnement travaille :

  • dans le désert du Chihuahua, le plus grand désert d'Amérique du Nord, situé entre les Etats-Unis et le Mexique, l'un des plus riches au monde sur le plan de la biodiversité avec plus de 3.500 espèces végétales et des animaux rares comme le jaguar ou l'ours noir alors que certains fleuves qui le traversent comme le Rio Grande se sont parfois asséchés au cours des dernières années et la zone est marquée par des pratiques agricoles intensives. Les effets du réchauffement climatique se font déjà sentir sur le plan de la disponibilité en eau. C’est pourquoi le WWF travaille avec des partenaires régionaux et locaux pour permettre un approvisionnement régulier en eau pour les exploitants et l’environnement
  • en Amérique latine et aux Antilles où les tortues imbriquées risquent de disparaître : six espèces sur sept sont "sérieusement menacées", le réchauffement climatique provoque certains changements dans l’alimentation de ces tortues avec la disparition des récifs coralliens ou encore dans leurs migrations avec l’évolution des courants. C’est pourquoi, au niveau local, le WWF agit sur la protection de leur habitat afin de leur garantir un environnement de meilleure qualité.
  • au Chili et en Argentine où les forêts tempérées Valdiviennes, sont exposées à la sécheresse et aux incendies. C'est dans ces forêts que vit le Fitzroya, un arbre de la famille des cyprès qui peut vivre plus de 3.000 ans ; des analyses effectuées sur cette espèce témoignent d’une hausse des températures sur les 100 dernières années ce qui en fait un témoin privilégié du changement climatique.
  • dans les îles Sundarbans, à l’intérieur du delta du Bengale, une région de forêts de mangroves située entre l’Inde et le Bangladesh où vit encore la plus importante population de tigres ainsi qu'une diversité incroyable d'espèces végétales". Les conséquences du réchauffement y sont déjà visibles, avec la montée du niveau de la mer, la salinisation des terres agricoles, une mousson plus tardive et violente et la disparition d'îles. Ici ce sont un million de personnes entre l'Inde et le Bangladesh qui risquent d'être touchées par les conséquences du réchauffement d’ici 2050. C’est pourquoi, dans ces missions, le WWF tente d’identifier et de protéger de la montée des eaux les zones les plus à risques.
  • sur la chaîne himalayenne, où se trouve la plus grande concentration de glaciers au monde (33.000 km2) en dehors des régions polaires, source d'eau potable pour des centaines de milliers d'habitants pendant la saison sèche et où vivent des espèces rares et menacées comme des tigres, des léopards des neiges ou des pandas rouges. La glace pourrait fondre à un rythme accéléré et provoqué de profonds bouleversements dans la région : inondations, débordements de lacs de montagne et pénurie d’eau potable provenant des glaciers. Ces glaciers régressent de 10 mètres par an sur la zone est de l’Himalaya.
  • sur les sources du plus long fleuve d'Asie, le Yang-Tsé-Kiang, affectées par la fonte des glaciers du plateau tibétain où il prend sa source. Ces derniers régresseraient en moyenne de 10 mètres par an sur la zone est de l'Himalaya et la région subit déjà d’importants changements saisonniers: orages violents, inondations sécheresses catastrophiques". Dans cette région, le WWF développe une politique énergétique novatrice destinée aux communautés rurales qui partagent l’habitat du Panda. D’une façon générale, il tente de limiter la vulnérabilité du Yang-Tsé-Kiang face aux pressions qu’elles soient climatiques ou autres.
  • sur le deuxième plus grand et plus long fleuve du monde, L'Amazone, dont un cinquième de l'eau se jette dans les océans, constituante un véritable régulateur du climat à l'échelon mondial et régional. Or un réchauffement de 2 à 3 degrés pourrait provoquer, d’ici à 2050, la conversion de 30 à 60% de la forêt amazonienne en savane sèche. C’est dans ce contexte que le WWF met en place le projet Climat pour renforcer et développer les savoirs traditionnels des communautés et les aider à s’adapter aux changements climatiques qui les menacent.
  • le long des côtes de l'Alaska où le rythme du réchauffement climatique est deux fois plus rapide qu’ailleurs. Outre les poissons, baleines, dauphins, ours polaires et oiseaux qui sont directement menacés, sept espèces de saumon sauvage semblent déjà en déclin dans la mer de Béring et le Pacifique nord où ils passent leur vie d’adulte. L’augmentation même légère des températures de l’eau et la diminution de la salinité due à une fonte précoce et accrue des glaces seraient à l’origine de la raréfaction des saumons qui remontraient vers les pôles. Élément important de la chaîne alimentaire de cette région, la disparition du saumon pourrait perturber l’équilibre écologique et les activités de pêche des États-Unis et de la Russie qui s’approvisionne pour moitié dans ces mers.
  • sur la grande barrière de corail qui s’étire sur 2.000 km au nord-est de la côte australienne. Cette barrière est en grand danger car le réchauffement des océans provoque le blanchissement des coraux et leur mort progressive. La couleur des coraux est due en grande partie aux pigments des algues microscopiques qui se trouvent dans les tissus ; lorsque les algues sont expulsées des tissus le corail devient blanc, c’est se que l’on appel "le blanchiment des coraux", ce phénomène peut affecter tout un récif et est sûrement du à une augmentation de la température, des maladies ou des changements de salinité. Ce phénomène peut être, en certain cas, irréversible, c’est alors la mort du corail, cette mort va perturber tout l’écosystème environnant. Une fois le corail mort des algues vont le recouvrir et ainsi assurer l’alimentation de certains herbivores surtout les oursins. La présence de ces oursins empêche en partie la recolonisation et ralentissent le processus de rétablissement du récif. De plus, ces dernières années, le lessivage des intrants agricoles (engrais et produits phytosanitaires), particulièrement ceux provenant des exploitations de canne à sucre, a eu un impact significatif. L'accroissement de l'envasement et le blanchiment du corail ont détruit de larges secteurs du récif. On ne sait pas encore quels effets auront le récent quasi-effondrement de l'industrie du sucre australienne. Les coraux de la Grande Barrière connaîtront des épisodes de blanchiment tous les ans à partir de 2030, à cause d’eaux marines plus chaudes et plus acides. En effet, une élévation de 3 degrés de la température de l’eau est prévue d’ici la fin du siècle. Le corail blanchit quand les organismes vivants qui le composent meurent et ne laissent que le squelette de calcaire. Ce blanchiment des coraux, auquel s’ajoutent les tempêtes et la montée du niveau des océans posent aussi un risque au milieu exceptionnel des côtes s’étendant de la Somalie à l'Afrique du Sud
  • enfin sur les forêts humides des littoraux africains, écosystème riche et fragile qui dépendant de la régularité des pluies apportées par l'océan Indien", va aussi souffrir. le WWF pointe du doigt ces forêts qui s’étendent sur les littoraux de Somalie, du Kenya, de Tanzanie et du Mozambique. Une modification du régime des pluies provoquerait l’assèchement des forêts, l’augmentation des risques d’incendie et l’appauvrissement des surfaces agricoles. Cette montée du niveau de l’eau, ainsi que la multiplication de tempêtes et l’expansion du paludisme favorisées par des températures plus chaudes ajouteraient au désarroi des populations. À ce problème forestier viennent s’ajouter les menaces qui pèsent sur la biodiversité marine au large des côtes africaines. Cela en fait une région prioritaire avec ses 4.600 km de littoral incluant aussi une grande diversité de récifs coralliens, de mangroves et d’espèces de tortues. Le blanchiment des coraux, les tempêtes et la montée du niveau des océans posent un risque à ces milieux exceptionnels et aux populations qui en vivent. Le WWF est donc particulièrement impliqué dans l’étude de la vulnérabilité des coraux et des mangroves à la montée des températures.

Mais au-delà de ces 10 merveilles naturelles mondiales, c’est bien toute la planète qui va être confrontée à des modifications. Dans son dernier rapport, le GIEC prévoit notamment que de nombreux milieux naturels seront particulièrement touchés par le changement climatique et dresse la longue liste des impacts économiques et sociaux que les événements météorologiques extrêmes : accès à l’eau, ressources énergétiques, rendements agricoles, mouvements de populations...

Le Comité du Patrimoine Mondial a d’ailleurs dressé la liste de 31 biens déclarés en péril par décision de ce Comité selon l’Article 11 (4) de sa Convention.

Vous trouverez cette liste détaillée ainsi que tous les liens s’y référant en cliquant ici


A compter du mois prochain, nous verrons plus en détail chacune des dix merveilles menacées citées ci-dessus... Ne manquez pas de venir vous y documenter.


« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration. Des lieux aussi extraordinaires et divers que les étendues sauvages du parc national de Serengeti en Afrique orientale, les Pyramides d’Egypte, la Grande Barrière d’Australie et les cathédrales baroques d’Amérique latine constituent le patrimoine de notre monde.

Ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine mondial est son application universelle. Les sites du patrimoine mondial appartiennent à tous les peuples du monde, sans tenir compte du territoire sur lequel ils sont situés.

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) encourage l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde considéré comme ayant une valeur exceptionnelle pour l’humanité. Cela fait l’objet d’un traité international intitulé : "Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel", adopté par l’UNESCO en 1972.
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